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Harvard: deshonoris causa

Intense polémique aux États-Unis après la démission de Claudine Gay


Harvard: deshonoris causa
Claudine Gay au Capitole, Washington, 5 décembre 2023 © Graeme Sloan/Sipa USA/SIPA

La présidence de Claudine Gay est la plus courte de l’histoire de l’université. Comme des élus républicains se félicitent d’avoir obtenu son « scalp », elle se victimise et crie au racisme.


Ainsi, Claudine Gay, la présidente de la très prestigieuse université américaine Harvard, n’aura pas réussi à sauver sa tête. Le conseil d’administration de l’institution a fini par se rendre à l’évidence que la maintenir en poste devenait non seulement indéfendable mais profondément ridicule.

Signe que les temps changent et changent vite, y compris dans les cénacles les plus intouchables de l’entre-soi woke. Elles commencent en effet, à bouger, les choses, parce que – qu’on ne s’y trompe pas un seul instant! – envisager (oui, seulement envisager) et a fortiori obtenir une telle démission aurait été absolument impensable voilà à peine deux ans, et plus encore lors de la déferlante hystérique Black Lives Matter qui a suivi la fin tragique de George Floyd.

Claudine Gay s’est rendue célèbre au détour d’une réponse à une question posée, début décembre, lors de son audition devant une commission parlementaire du Congrès américain. La question était de savoir « si appeler au génocide des Juifs violait le règlement sur le harcèlement d’Harvard ». Elle était invitée à répondre par oui ou non. À question simple et claire, réponse simple et claire, pouvait-on espérer. Que non ! « Ça dépend du contexte » osa se défausser la présidente. Et de répéter cette énormité chaque fois que la question lui fut posée, rigoureusement dans les mêmes termes. À l’ignominie morale d’une telle réaction vient donc s’ajouter l’indigence intellectuelle : comment l’appel à un génocide – quel qu’il soit au demeurant – pourrait-il se trouver légitimé en fonction de telles ou telles circonstances, selon tel ou tel contexte ? Sur quels fondements juridiquement, intellectuellement, moralement pertinents, ou tout simplement admissibles, pourrait bien reposer le projet d’exterminer un peuple – là encore quel qu’il soit – dans son entier ?

Mais ce n’est pas tant du fait de cette aberration mentale, de cet aveu mal dissimulé d’une profonde haine antisémite que l’intéressée est tombée de sa chaire. Non, il aura fallu que vienne gangréner un peu plus son cas une très sordide affaire de plagiat.

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Voilà qu’on s’est – enfin ? – avisé d’aller voir dans son parcours intellectuel ce qui justifiait son accession à ce poste suprême au sein de cette université dont le rayonnement est non seulement planétaire mais qui pèse quasiment autant dans la mythologie nord-américaine que la statue de la Liberté ou le symbole dollar sur les billets verts. C’est alors qu’on s’est rendu compte que la contribution de la dame à la vie culturelle du pays ne serait pas loin de confiner à l’indigence. Un ouvrage collectif en co-direction, une poignée d’articles sans grand retentissement. Bref, pas grand-chose. Alors, curiosité piquée, on se penche sur sa thèse de doctorat. Et là – Ô stupeur – on découvre que son auteur a pillé avec une belle ardeur et sans vergogne les travaux d’autres auteurs. Elle y aurait mis un tel entrain et une telle fringale, dirions-nous, que l’argument selon quoi il aurait suffi d’ajouter quelques guillemets ou notes de bas-de-page pour sauver la face n’a pas tenu plus d’un quart d’heure. Bref, le parcours de la dame pourrait être désormais considéré comme faisant à jamais figure de mètre étalon de la thèse universitaire option plagiat.

Et c’est bien cela, qui me fait penser que les choses changent. Encore une fois, voilà seulement deux ans, au plus fort de la vague déconstructiviste, cette affaire de pillage intellectuel n’aurait eu aucune chance de sortir. J’en suis persuadé. Mieux encore, quand bien même serait-elle devenue publique, le wokisme se serait fait un jeu de défendre la pratique du plagiat comme une juste et légitime réappropriation de ce que le suprématisme blanc aurait confisqué à son seul profit dans le but d’asseoir toujours plus sa domination. Cette fois, le piège n’a pas fonctionné. Et je m’autorise à y voir un signe. Non seulement le piège n’a pas fonctionné, disais-je, mais un joli retour de boomerang est venu pimenter l’affaire. Ces jours-ci, la démissionnée d’office ne se prive pas de clamer partout que – femme et noire- elle n’est en fait qu’une victime de plus du sexisme et du racisme blanc. Pourquoi parler d’effet boomerang ? Tout simplement parce que c’est précisément parce qu’elle est une femme, une femme « racisée » qu’elle a pu arriver si haut, cela au nom de la fabuleuse discrimination positive – et non en raison de ses très improbables mérites universitaires ainsi que nous venons de le voir. Cela dit, voilà Madame Claudine Gay parée du titre tout à fait nouveau mais assez peu enviable de première présidente de Harvard déchue deshonoris causa. On entre dans l’histoire comme on peut.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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