Cinéaste longtemps snobé par la critique, Claude Sautet laisse une œuvre fascinante et plus complexe qu’il n’y paraît. Dans son livre, Sautet, du film noir à l’œuvre au blanc, Ludovic Maubreuil l’analyse avec minutie, loin des clichés.
Depuis plusieurs années, Claude Sautet est pris au piège. D’un côté, la critique « sérieuse », qui a longtemps méprisé ses films, quand elle ne les a pas tout simplement ignorés. De l’autre, ses défenseurs, qui entonnent la même rengaine : « ah, les cafés enfumés ! », « ah, les robes de Romy, les costumes de Piccoli ! », « ah, la séduction sans hashtags vengeurs ! ». Sympathique, mais quand même bien maigre pour rendre hommage à un réalisateur de cette stature. Le livre de Ludovic Maubreuil sort de cette impasse et dit l’essentiel : Sautet a signé une œuvre unique, il a créé un monde avec ses variations, ses surprises, ses motifs récurrents. Très peu de cinéastes y sont parvenus. Et encore moins laissent une filmographie aussi cohérente et variée.
Un « classicisme détraqué »
Maubreuil fait penser aux personnages du Motif dans le tapis, la nouvelle d’Henry James. Comme eux, il sonde les plans, repère les récurrences, déniche les fondations. Mais contrairement aux héros de James, il trouve. Son ouvrage met en lumière les thèmes qui structurent l’œuvre tout entière :
