Pour la génération Z, s’affranchir du sexe donné par la nature est une liberté individuelle autant qu’une lutte sociale. Et c’est avec l’incroyable complicité des pouvoirs publics que des associations enferment les jeunes souffrant de dysphorie de genre dans un militantisme de plus en plus radical.
Causeur. Pourquoi le changement de genre/sexe est-il valorisé socialement ?
Claude Habib. Parce que les personnes trans ne sont plus perçues comme des personnes en souffrance, mais comme une avant-garde, à la pointe d’une redéfinition générale de l’être humain. Elles osent rompre avec la nature au nom de la liberté. Elles récusent la réalité biologique au profit de l’autocréation. C’est un grand pas vers la toute-puissance. Cette vision participe au fantasme transhumaniste, mais elle entre aussi en résonnance avec l’indétermination juvénile, cet âge où l’on ne sait pas clairement ce qu’on est ni ce qu’on veut. Pour la génération Z, le ou la trans ouvrent la voie : iel remet en cause la binarité des sexes toujours présentée comme une assignation sociale. Peut-être que c’est absurde, mais au moins c’est nouveau. Iel est le héros, parce qu’iel nous change. Iel prend la foudre sur les réseaux sociaux, iel essuie l’orage, mais iel incarne le nouveau, celui qui arrache son corps aux lois physiques pour en faire un pur produit de sa volonté, appuyée, il faut tout de même le dire, sur la technologie médicale.
Mais ce désir de nouveau n’est pas nouveau.
