Abolir la frontière entre la sphère privée et la vie publique est le propre des totalitarismes. C’est ce que veulent imposer les néoféministes. Dans Le privé n’est pas politique, Claude Habib dénonce cette volonté de faire du foyer l’arène du combat entre l’homme forcément bourreau et la femme évidemment victime.
Causeur. Avec un essai intitulé Le privé n’est pas politique, espérez-vous jeter un pavé dans la mare du féminisme ?
Claude Habib. Mai 68 avait pour slogan « tout est politique », et le féminisme de l’époque l’a adopté en le spécifiant : « le privé est politique ». Au risque d’abolir une distinction fondamentale. Les féministes qui venaient de la gauche antitotalitaire avaient des réticences : quand on a lu Hannah Arendt, on voit le problème. Ce qui distingue le totalitarisme de la tyrannie, c’est justement l’abolition de cette frontière. Chaque totalitarisme organise un monde totalement politisé, où des gages d’adhésion sont requis en permanence, jusque dans l’intimité du foyer. Que ce soit pour assurer la victoire du prolétariat ou la pureté de la race, le parti encourage la délation au sein des familles. 1984 raconte aussi cela : l’impossibilité du retrait, du secret et du lien amoureux dans un univers totalitaire.
Pourquoi ce slogan est-il réactivé par les féministes actuelles ?
« Le privé est politique » est une mise en accusation. À partir du moment où les femmes ont obtenu les mêmes droits que les
