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Et soudain, tout le monde connaît Claire Nouvian

Tous "dingues" de la militante écologiste


Et soudain, tout le monde connaît Claire Nouvian
Claire Nouvian sur le plateau de Pascal Praud. ©Capture d'écran Dailymotion

Peu de gens, à part son colistier Raphaël Glucksmann et ses anciens collègues journalistes, connaissaient la militante écologiste Claire Nouvian. Il a suffi de vingt minutes sur le plateau de Pascal Praud pour que justice soit faite…


Le passage de Claire Nouvian dans l’émission de Pascal Praud a donné lieu au petit scandale que l’on sait.

Pour ceux qui auraient eu la chance d’y échapper, rappelons juste les faits : militante écologiste, Claire Nouvian est venue exposer ses idées dans « L’heure des Pros », une émission qui repose sur la mise en scène de débats dans le goût qui plaît, c’est-à-dire celui de l’affrontement surjoué et de l’offuscation hyperbolique. La spécificité de l’émission de Praud tient à l’orientation assez réactionnaire des chroniqueurs. D’un côté, cela nous change et donc, cela fait du bien; d’un autre, cela reste de la télé, il faut faire tourner la parole, s’énerver sur commande et cela ne vole pas toujours très haut. C’est une émission de divertissement à l’occasion de laquelle on tient des propos intentionnellement contraires à ce qui constitue la morale commune dans la sphère médiatique. Il faut la prendre comme telle.

Le réchauffement de la planète Nouvian

S’indigner qu’on y tienne des propos caricaturaux et qu’on s’y écharpe pour des riens, c’est un peu reprocher à « Touche Pas à Mon Poste » de n’être pas « La Grande Librairie ».

Donc, Claire Nouvian a participé à cette émission.

Elle a traité ses contradicteurs de « dingues » (« vous êtes dingues »), a reçu le même qualificatif en retour (« c’est vous qui êtes dingue »), puis s’est rabattue sur des caractérisations idéologiquement plus infamantes : « rétrogrades », « climatosceptiques ». Revenant sur cette épisode, elle dira avoir fait face à de la « misogynie » et à du « climato-négationnisme ».

La misogynie, on la cherche. Quant à « climato-négationnisme », c’est un de mes mots préférés actuellement. Le changement climatique, je suis toute disposée à y croire, d’ailleurs j’y crois. Mais je ne veux pas qu’on me force à y croire sous peine d’être traitée de nazie, sinon je risque de me mettre à dire que je n’y crois pas, exprès.

A lire aussi: Elisabeth Lévy – Climat: les missionnaires de l’Apocalypse

D’ailleurs, je note que la notion de « réchauffement climatique » tend à disparaître au profit de « dérèglement climatique » dans le discours médiatique. Dans l’émission de Pascal Praud, c’est Claire Nouvian elle-même qui préfère le mot « changement » à « réchauffement ». Ce concept me paraît, en effet, plus honnête et plus large puisqu’il permet de prendre en compte les phénomènes de refroidissements incongrus de plus en plus fréquents, observables à échelle humaine. Alors que le « réchauffement » revêt souvent le statut de théorie pour initiés, surtout quand « il fait -3 dans les Yvelines au mois de mai », selon le mot de Praud : disqualifier l’expérience commune au nom d’un dogme est le propre des pensées religieuses. Mais combien de personnes aura-t-on sacrifiées sur l’autel du « réchauffement » avant d’entériner le mot « changement » ?

« Victime », mode d’emploi

Ce n’est pas dans l’Heure des Pros que l’on règlera des querelles lexicales. Claire Nouvian le sait. Elle n’est pas venue dans ce but. Elle prétend qu’elle ne connaissait pas cette émission: je ne la crois pas. Qui prendrait le risque, dans le cadre d’une campagne, qui plus est, de répondre favorablement à une invitation médiatique sans s’informer tant soit peu sur le concept de l’émission ?

Moi aussi, j’ai été invitée à l’Heure des Pros. Et j’ai décliné l’invitation. Pourtant, je n’ai rien contre Pascal Praud, et il est probable que l’orientation idéologique de l’émission m’aurait été plutôt favorable. Mais c’est le concept même du débat hystérisé, des réactions outrées, de l’excitation permanente et de la parole sans cesse confisquée, coupée, caricaturée qui me déplaît. C’est, certes, un jeu amusant à regarder, mais je ne veux pas y participer.

D’autant que, pour certains, ce n’est pas un jeu. Pour les gens qui déposent plainte auprès du CSA, par exemple :


praud


Des plaintes ? Faut-il être aveugle pour ne pas voir que tout le monde sort gagnant de cette affaire ? Claire Nouvian s’est dit que c’était une stratégie gagnante d’aller sur un plateau de beaufs pour les traiter de beaufs. Mauvais moment à passer, évidemment, mais avec la certitude de pouvoir rentabiliser la chose : de fait, on appréciera la manière dont elle utilise cet épisode au service de…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog d’Ingrid Riocreux <<<

 

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Agrégée de lettres modernes, spécialiste de grammaire, rhétorique et stylistique. Dernier ouvrage: "Les Marchands de nouvelles, Essai sur les pulsions totalitaires des médias" (L'Artilleur, 2018)

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