La DS descend encore et toujours les Champs-Elysées


La DS descend encore et toujours les Champs-Elysées

Citroën DS 60 ans Paris

(Avec AFP) – Quelque 700 Citroën DS ont défilé dimanche au centre de Paris pour célébrer les 60 ans de cette automobile emblématique de la France conquérante des Trente glorieuses, et légende sur laquelle PSA tente aujourd’hui de capitaliser dans le haut de gamme.

C’est avec un peu d’avance que les aficionados de la « déesse » ont fêté cet anniversaire : la création du styliste Flaminio Bertoni et de l’ingénieur André Lefèbvre est en effet révélée au public lors du salon de Paris, à l’automne 1955.

Elle y provoque un coup de tonnerre et un afflux de commandes en rapport avec son profil fluide et futuriste, à des lieues des lignes de ses concurrentes, comme la Peugeot 403 ou la Renault Frégate.

Son ramage est à la hauteur de son plumage, avec des solutions techniques inédites, notamment une centrale hydropneumatique qui commande les suspensions, la boîte de vitesses et les freins, lui conférant des prestations et un confort inégalés. Seul le moteur est hérité de la Traction Avant dont la DS reprend le flambeau.

« Qu’un gaz remplace l’élasticité d’un ressort, ça ne s’était jamais vu dans l’automobile », remarque l’historien Jean-Louis Loubet, pour qui la DS de 1955 était une voiture « élitiste, tournée vers la technologie ».

« Quand elle est née, c’était une voiture d’une autre planète », résume Jean-François Raoult, Suisse qui a fait le voyage dans une ID (modèle simplifié de la DS) immaculée, sortie des chaînes en 1968.

« C’était extrêmement audacieux de construire une telle voiture dans les années 1950 et ça m’a toujours fasciné », confesse cet ingénieur travaillant justement dans le secteur automobile.

« Elles sont très bien conçues, et belles comme des œuvres d’art. Elles sont très françaises », s’enthousiasme lui aussi Jacob Bosman, qui a fait le voyage d’Afrique du Sud – en avion – pour l’occasion.

« Si vous aimez vous différencier de la masse, vous les adorerez. Elles étaient extraordinaires quand elles sont sorties, et le sont toujours », ajoute ce médecin de 57 ans, qui possède une DS, rarissime dans son pays, et une poignée d’autres Citroën historiques.

« C’est une voiture dont la modernité est permanente. C’est toujours une inspiration incroyable pour nous », s’enthousiasme de son côté Yves Bonnefont, directeur général de la marque DS, qui a pris il y a un an son indépendance de Citroën avec des ambitions de « premium à la française ».

Novatrice, la DS a aussi correspondu à une période particulière de l’histoire de France, à laquelle elle est étroitement identifiée. « C’est la France industrielle qui marche vers le progrès technique », résume M. Loubet.

Pour lui, « la DS 19 est à l’automobile ce que la Caravelle est à l’aviation, le paquebot France à la navigation maritime ou Serre-Ponçon aux barrages hydro-électriques. C’est tout ce courant modernisateur de la France des années 1950 ». La fin de sa production, après environ 1,4 million d’exemplaires, correspondra peu ou prou à la première crise pétrolière, au milieu des années 1970.

Citroën DS 60 ans Paris

« Elle est en plus, en France, proche du pouvoir. C’est la voiture du général De Gaulle, la voiture de (son successeur Georges) Pompidou », rappelle l’historien. C’est notamment dans une DS, dont il était un inconditionnel, que l’homme du 18-juin échappe à un attentat de l’OAS au Petit-Clamart en 1962.

Une des DS du premier président de la Ve République figure parmi les modèles montrés cette semaine aux Tuileries, dans le cadre de la « DS week », à la fois hommage à la DS historique et vitrine des ambitions du groupe PSA Peugeot Citroën pour sa marque, qui va actuellement de la petite DS3 à la berline DS5, voiture officielle de l’Elysée.

Point d’orgue de la « DS week » : dimanche, 700 DS anciennes venues de toute l’Europe ont descendu les Champs-Elysées et se sont installées sur la place de la Concorde, après un passage quai André-Citroën (XVe arrondissement), site de l’usine d’où elles sont sorties. Hier, elles s’étaient rassemblées sur un autre haut-lieu de l’histoire automobile française : l’autodrome de Linas-Monthléry (Essonne).

« On a 40% de Français, 60% d’autres pays, avec une majorité de Hollandais et d’Allemands », détaillait sur place Marc-André Biehler, responsable du conservatoire de la marque aux Chevrons, alors que des DS berlines, breaks et cabriolets tournaient à belle allure sur le circuit, dans un concert de klaxons.

Les DS sont aujourd’hui très prisées des collectionneurs. La cote des rares cabriolets 21 « usine » atteint 170 000 euros, selon le journal spécialisé La vie de l’auto, même si les plus plébéiennes berlines DSpécial des années 1970 restent sous la barre des 10 000 euros en bon état.

Côté modernes, PSA revendique 550 000 véhicules de la gamme DS vendus dans le monde depuis la commercialisation de la DS3 en 2010. Alors que les performances commerciales en Europe semblent pâtir d’une gamme vieillissante, M. Bonnefont affirme que la priorité est à l’installation de la marque et promet que le nombre de modèles doublera à six d’ici à 2020, avec notamment « des berlines racées ».

Il refuse toutefois de s’engager sur une héritière directe de la « déesse », alors que la dernière grande berline haut de gamme de Citroën, la C6, héritière des Traction, DS, CX et XM, a cessé d’être produite fin 2012 après une carrière confidentielle.

*Photos : © AFP Eric Feferberg



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