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Cinq ans plus tard, les Français ne savent toujours pas ce que pense Macron

Forces et faiblesses du président sortant avant l'élection


Cinq ans plus tard, les Français ne savent toujours pas ce que pense Macron
Le président Macron à Brest, le 11 février 2022 © Ludovic Marin/AP/SIPA

Le président équivoque


Emmanuel Macron ne devrait pas tarder à annoncer sa candidature. Examinons succinctement ses forces et ses faiblesses pour juger de ses chances de se faire réélire.

Moi, président…

La première force de Macron réside incontestablement dans son statut de président. Il bénéficiera de la prime au sortant. Macron est celui qui a tenu la barre durant les deux crises des gilets jaunes et du Covid. Aux yeux de beaucoup d’électeurs, cela lui confère une densité politique dont les autres candidats ne peuvent logiquement pas se prévaloir. Cet atout jouera subliminalement sans qu’il ait besoin de le mettre ostensiblement en avant. Au surplus, le taire lui évitera de prêter le flanc aux critiques sur son quinquennat…

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La deuxième force de Macron est son positionnement idéologique au-delà des catégories droite-gauche. Non seulement ce dépassement de la ligne de fracture traditionnelle de la vie politique française l’autorisera à ratisser large, mais surtout à se poser en rassembleur, en « père de la nation » soucieux du bien de tous et en lutte contre les segmentations partisanes. Nul doute qu’il déroulera le récit de sa candidature dans ce registre. Le troisième atout de Macron, enfin, est sa connaissance des codes du libéralisme économique. Il prendra soin de cultiver sa stature d’expert en la matière afin d’apparaître comme le seul à même de pouvoir préserver l’épargne, le patrimoine et le pouvoir d’achat des classes aisées et moyennes. Il sera le candidat du système, celui qui garantit la valeur des placements et qui initiera dans la foulée une courageuse réforme du système de retraites, n’ayant plus rien à perdre pour son dernier mandat – réforme dont dépend la perpétuation de notre régime par répartition. Du moins est-ce ainsi qu’il la présentera. Beaucoup de retraités voteront pour lui, auxquels viendront s’agréger les gagnants de la mondialisation. Enfin, l’état actuel de la gauche et la droite joue en sa faveur : la première est anémiée, la seconde, divisée.

Les Français ont renoncé à chercher à savoir ce que pense réellement leur président, l’homme « à la pensée complexe », au point de douter qu’il ait des convictions

De grandes faiblesses

La première faiblesse de Macron réside dans son image de président des riches. À cette caractéristique sont venus se greffer ses propos blessants qui lui ont aliéné bon nombre d’électeurs des classes modestes et populaires. Il aura du mal à se débarrasser des traits d’homme méprisant aux yeux de certaines couches de l’électorat… Son emblématique « en même temps » constitue le second défaut de sa cuirasse. À force de vouloir contenter tout le monde (le pouvoir algérien, le prurit de repentance du politiquement correct, les harkis, les gardiens de la mémoire de la tragédie de la rue d’Isly, les pieds-noirs), sa ligne politique finit par devenir illisible. Qui est-il ? Celui qui affirme qu’il n’existe pas de culture française, ou bien celui qui célèbre Jeanne d’Arc au Puy du Fou ? Celui qui dénonce les “violences policières” ou celui qui place Darmanin à l’Intérieur ? 

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Les Français ont renoncé à chercher à savoir ce que pense réellement leur président, l’homme « à la pensée complexe », au point de douter qu’il ait des convictions fortes. L’ambiguïté ne fait pas une politique sur le long terme. Il est un libéral-libertaire, tout en ayant commencé sa carrière à gauche pour finir par nommer deux premiers ministres de droite. Ces équivoques finissent par donner le tournis et par prêter le flanc à l’accusation d’insincérité. Macron apparaît comme un homme sans colonne vertébrale idéologique : peut-on se fier à un politicien de ce type ? Ces adversaires ne manqueront pas d’appuyer sur ce point. Autre faiblesse : ne pas s’être emparé à bras-le-corps des questions régaliennes de la sécurité et de l’immigration.  

Où est passée la disruption ?

Enfin, une dernière faille à ne pas négliger réside dans l’éventualité d’un malentendu entre lui et ses électeurs potentiels. Il sera le candidat du statu quo. Les Français chercheront en lui protection et garanties. Or, Macron se rêve en personnage disruptif, transgressif à sa façon. Révolution était le titre de son livre-programme en 2016. Ceux qui avaient été séduits par le candidat “disruptif” de 2017 pourraient ne plus y trouver leur compte. Alors que cette velléité de toujours vouloir faire bouger les lignes peut être mal comprise de ceux qui chercheront stabilité et préservation de leurs acquis en votant pour lui.



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est l'auteur de « 48 objections à la foi chrétienne et 48 réponses qui les réfutent » aux Editions Salvator.

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