Accueil Économie Cinq ans après le Covid-19, la France doit abandonner l’Absurdistan pour renouer avec la liberté !

Cinq ans après le Covid-19, la France doit abandonner l’Absurdistan pour renouer avec la liberté !

Une tribune libre de Matthieu Hocque et Denis Nicolaï


Cinq ans après le Covid-19, la France doit abandonner l’Absurdistan pour renouer avec la liberté !
Un rayon de jouets fermé pendant la crise sanitaire afin d'éviter la propagation du Covid, Isère, 4 novembre 2020 © ALLILI MOURAD/SIPA

Attestations pour promener son chien, débats interminables sur la jauge exacte des rassemblements, confinements: pour gérer la crise sanitaire du Covid et les restrictions de toutes sortes, la France s’est révélée fort ingénieuse. Mais, il faudrait maintenant tourner la page, et que notre brillant pays redevienne une terre de libertés, explique cette tribune.


Le 23 janvier 2020, la Chine ouvre la voie au monde entier : elle acte le confinement et la mise en quarantaine de la population de la région de Wuhan ! Cette décision justifiée par le principe d’efficacité contre le virus a fait entrer le monde dans une nouvelle ère où l’efficacité des politiques publiques prime sur la sanctuarisation des libertés publiques. Seulement, le modèle français est pris en étau à cause de l’Absurdistan, qui prive le pays d’efficacité tout en bridant les libertés.

Lille, mars 2021 © Michel Spingler/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22550164_000047

L’État stratège est devenu l’État absurde

La crise sanitaire est parfaite pour un État stratège gaullien. En effet, assurer une campagne vaccinale, confiner ou déconfiner méthodiquement une population région par région, correspondent aux trois qualités de l’État stratège gaullien. Premièrement, la vision et la capacité à fixer un cap permettent de dégager rapidement un objectif de guerre qui dans le cadre d’une pandémie est « le confinement du virus » pour envisager une sortie de crise. Deuxièmement, la planification permet de séquencer les objectifs, et les ressources allouées pour y parvenir, ce qui est utile pour lutter contre un virus qui mute. Enfin, l’appui par des relais au niveau des corps intermédiaires permet d’appuyer la prise de décision en construisant un consensus.

A lire aussi: Un vent de liberté

Seulement, l’État stratège est devenu l’État absurde. L’Absurdistan est un modèle où la bureaucratie et la technostructure prennent le pas sur le bon sens et la liberté au nom d’une supposée connaissance éclairée par l’expertise. Il en résulte des décisions absurdes et surtout des injonctions contradictoires pour les Français. Qui ne se souvient pas des attestations de sortie aux motifs kafkaïens, des amendes pour un masque mal ajusté alors que le port du masque était jugé inutile au début de la crise, ou des débats sans fin sur la jauge exacte d’un rassemblement ? Ces absurdités ont révélé une bureaucratie déconnectée et qui cherche à ce que le terrain corresponde à son imaginaire plutôt que l’inverse.

Une France désormais paralysée par l’Absurdistan

L’Absurdistan étouffe les Français. Il s’est construit sur deux logiques : une suractivité législative et réglementaire et une démultiplication d’organes administratifs indépendants producteurs de normes. Sur le premier aspect, le secteur de la santé est l’un des champions de la « réforme ». En effet, depuis l’an 2000, le Code de la santé publique a été révisé 84 fois par une loi ou une ordonnance, soit près d’une fois par trimestre ! Sur le second point, le monde de la santé étouffe par la multiplication des agences administratives (HAS, ANAP, ANS, etc.) dont les périmètres sont proches sans compter les ARS. Tous se sont illustrés lors de la crise sanitaire, puis pendant l’après-Covid. Ainsi, l’administration reste tentée par le contrôle tatillon et les politiques par des solutions simplistes.

Pire, l’Absurdistan est fort avec les faibles et faible avec les forts. Lors de la crise sanitaire, il a été capable de multiplier les PV, les amendes et les Cerfa contre les citoyens, mais n’a pas été capable de faire respecter l’état d’urgence sanitaire auprès des voyous et délinquants dans les quartiers populaires, notamment à partir du deuxième confinement. Ainsi, cinq ans plus tard, des traces de cet Absurdistan persistent. Les Français habitués à une certaine idée de la liberté – celle des Lumières, de la Révolution, de la Résistance – se retrouvent encore englués dans un système où les règles absurdes priment sur la raison. Aujourd’hui, des secteurs entiers – restauration, culture, petites entreprises – peinent encore à se relever, tandis que l’État multiplie les normes et les taxes, comme si la crise n’avait jamais eu lieu.

La France doit abandonner l’Absurdistan pour renouer avec la liberté

Cinq ans plus tard, alors que la pandémie n’est plus qu’un souvenir lointain, il est temps de tirer les leçons de cette période et de rompre avec cet héritage absurde. La France doit profiter de cette nouvelle ère pour entériner le retrait de l’État absurde pour retrouver son souffle, celui d’une nation qui place les libertés individuelles et collectives au cœur de son projet. Renouer avec la liberté n’est pas nier les leçons du Covid-19. Oui, une crise sanitaire peut exiger des mesures collectives. Oui, la science doit guider nos choix. Mais ces impératifs ne justifient pas un abandon durable de nos principes de liberté. Cela suppose de faire confiance aux citoyens, de les responsabiliser plutôt que de les infantiliser.

A lire aussi: Dame Sandrine en son tribunal

Concrètement, cela passe par plusieurs chantiers. D’abord, alléger le poids d’une bureaucratie qui étouffe l’initiative individuelle. Ensuite, garantir que les mesures d’urgence restent exceptionnelles, encadrées et proportionnées. Enfin, réhabiliter le débat public, trop souvent remplacé par des injonctions venues d’en haut par un prétendu « cercle de la raison ». Cela nécessite une nouvelle incarnation. C’est pourquoi les offres politiques qui fonctionnent sont actuellement celles des populismes de droite (MM. Trump et Milei, Mme Meloni). En effet, ils ciblent l’Absurdistan (on pense au DOGE d’Elon Musk) pour préserver les libertés publiques (liberté d’expression, de mobilité, d’entreprendre), non pas dans une lecture individualiste mais dans le cadre d’un projet collectif (faire gagner les Américains en tant que nation, par exemple).

La raison est rarement là on l’on pense qu’elle est. La France a les ressources pour tourner la page de l’Absurdistan : une histoire riche, une culture de la liberté, un peuple capable de se relever. Mais cela exige un sursaut, une volonté politique et citoyenne de dire non à l’absurde et oui à la raison. Abandonnons donc l’Absurdistan et ses chimères pour retrouver le goût de la liberté, celle qui inspire, qui unit, et qui fait de la France une lumière dans le monde.


Matthieu Hocque, directeur adjoint des Études du Millénaire, spécialiste des politiques publiques, co-auteur du rapport « Quel modèle démocratique post-Covid ? »

Denis Nicolaï, analyste au Millénaire, co-auteur du rapport « Quel modèle démocratique post-Covid ? »



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Papa ne s’est pas laissé faire: la leçon du rabbin d’Orléans à son fils
Article suivant Manifestations antiracistes: le piège islamiste
Directeur adjoint des Etudes du Think-Tank gaulliste et indépendant Le Millénaire

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération