Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.
Ni fleurs ni couronnes. Ci-gît le « en même temps » macronien, après la tentative de grand écart sur le projet de loi immigration. J’ai toujours été un fervent défenseur du clivage gauche/droite. Il permet un débat politique clair et transparent, une bataille idéologique indispensable à une vitalité démocratique. Encore faut-il savoir où en est la droite. Encore faut-il comprendre où se situe la gauche. Je sais aussi que les gouvernements de centre droit, ceux qui ont voulu à eux seuls représenter le « camp de la raison », et même celui de l’idéal démocratique, ont partout accéléré la crise politique et la colère populaire.
La Macronie pense pouvoir se refaire la cerise avec un calendrier 2024 qui verra se succéder les quatre-vingts ans du débarquement, les JO et la réouverture de Notre-Dame. Dans les rues de Pau ou de Paris, au hasard des rencontres et des échanges, personne ne me parle de ces rendez-vous. Comment peut-il y avoir le moindre imaginaire collectif, porteur de fierté et de gourmandise pour l’avenir, quand le présent est aussi oppressant. Alors, de quoi me parle-t-on ? D’abord des conditions de vie qui se dégradent, de la peur de ne plus pouvoir y arriver, pour soi et pour le pays tout entier. Le déclassement comme seul horizon. Puis, c’est un immense ressentiment qui s’exprime contre nos dirigeants. Il y a « eux » et nous. Ce n’est pas un face-à-face, mais un séparatisme élitaire. Une sécession de ceux qui, vivant bien, n’ont plus rien à faire de ceux qui ont une vie sans plaisirs de la vie. Si rien ne change, ce constat accablant pour notre République sociale sera incendiaire dans les années à venir. Il se traduira dans les urnes et par un changement de société : la guerre de tous contre tous, la perte de fraternité et du bien commun.
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J’ai lu, le stylo à la main et le cœur battant, le dernier opus de la Tragédie française de Franz-Olivier Giesbert. Avant de s’achever par une définition au scalpel du macronisme, il démontre que rien ne va plus depuis 1983. En fait, la France est grande et belle, elle peut faire frissonner le monde, comme le chantait Ferrat, quand elle ne s’aligne pas, quand elle éduque ses enfants, quand le travail paye, quand l’éducation irrigue les cités, quand nous pouvons aussi décider de notre souveraineté, de notre politique migratoire comme de l’avenir de nos retraites.
Parce qu’une nouvelle étape est franchie dans la crise politique, que certains rêvent d’un moment bonapartiste – mais sans Bonaparte –, que l’on ne peut pas laisser le pays dans un tel climat pour les trois ans et demi à venir avant la prochaine élection présidentielle, il faut retourner au peuple par des élections législatives ou un référendum.
Je connais le contre-argument : « On a tous à y perdre, sauf le RN. » Mais qui est ce « tous » ? Il ne forme pas un tout. La riposte face au RN demande un peu de courage et la volonté d’en finir avec une paresse intellectuelle qui s’est contentée d’arguments moraux inefficaces. Nous avons été privés de débat lors de la dernière élection présidentielle. On en paye aujourd’hui la facture. Acceptons donc une belle et grande confrontation politique et démocratique.
Le macronisme est mort. Vive la politique !