En conflit avec les dealers qui occupent son quartier et la délinquance endémique, l’habitant de Villeneuve-d’Ascq est mort de huit coups de couteau.
Qui a entendu parler de Christophe Fauquenoy ? Emmanuel Macron n’en a, en tout cas, pas parlé. Il était pourtant, ce 19 avril, en képi dans les rues de Montpellier pour défendre son bilan en matière de « sécurité » et sa vision de la « vie paisible ». Une habitude du déguisement prise de longue date – bientôt reformera-t-il les Village People, ne manque que l’indien -, qui ne masquera pas les errements coupables du gouvernement en la matière. Inutile d’ailleurs de revenir sur toutes les déclarations contradictoires, les annonces sous forme de pétards mouillés et les chiffres : nous savons tout ce qu’il faut savoir depuis déjà bien trop longtemps.
Opposé aux dealers
En revanche, ce que nous ne savons pas, c’est qui était Christophe Fauquenoy, comment il a vécu et pourquoi il est mort. De George Floyd, l’Américain, nous avons eu droit au CV complet et à l’indignation mondiale, jusqu’aux émeutes. Mais Christophe Fauquenoy, qui s’en soucie ? Habitant de Villeneuve-d’Ascq, Christophe Fauquenoy est mort égorgé dans son hall d’immeuble, après avoir reçu huit coups de couteaux, ainsi que l’a révélé l’autopsie. L’affaire n’a été évoquée que dans la presse quotidienne régionale, en l’occurrence La Voix du Nord. Aucun média national n’a daigné accorder un entrefilet à cette victime de l’insécurité ; la vraie, celle qui laisse des innocents sur le carreau, gisant anonymement dans des mares de sang au petit matin.
A lire aussi: Derek Chauvin bénéficiera-t-il d’un procès équitable?
Quel fut le tort de Christophe Fauquenoy ? S’opposer aux dealers, aux voyous qui pourrissent la vie de tous les Français, tout particulièrement dans ces quartiers de l’immigration où vivent encore quelques pauvres âmes abandonnées des pouvoirs publics, obligées de tenter de faire un peu régner l’ordre par elles-mêmes, au péril de leurs vies. Une riveraine interrogée par La Voix du Nord a témoigné de l’ambiance chaotique, proche d’une favela brésilienne, qui règne rue des Vétérans à Villeneuve-d’Ascq, témoignant d’ « un climat d’insécurité grandissant dans ce quartier, qui ne date pas d’hier. La situation devient insupportable. Il y a du grand deal, du petit deal, du trafic dans les couloirs. Christophe ne supportait plus ce que l’on vit ici tous les jours. »
Un drame emblématique
Pris dans un règlement de comptes entre trafiquants : mort pour rien, mort parce que l’Etat a renoncé. Les témoignages de voisins choqués se sont multipliés dans l’indifférence générale. Pas assez vendeur Christophe Fauquenoy, un profil trop commun. Pour bénéficier du statut de la victime et émouvoir, il faut présenter quelques traits de personnalité distinctifs, une originalité. Christophe Fauquenoy n’était qu’un homme blanc de plus de quarante ans, du genre à devoir se battre la coulpe ad vitam aeternam en pensant à tout le mal que lui et les siens ont fait subir à tous ces jeunes en déshérence obligés de vendre des sachets de cocaïne pour vivre.
Le drame de Christophe Fauquenoy, c’est le drame du quotidien. Une ligne statistique en plus. Un nom dont on ne se souviendra plus, dont on n’a même pas envie de se souvenir. Ce n’est pas un drame qui donne matière à des films ou à des prises de position du président de la République ; il préfère envoyer un tweet pour du chahut estudiantin au Conseil Régional d’Occitanie. Ne parlons pas trop de Christophe Fauquenoy, ce serait dévoiler ce qu’il se passe vraiment dans ces quartiers où la « mixité » n’existe plus, en dépit des dizaines de nationalités qui s’y côtoient. Ce serait avouer que les politiques de la ville, d’immigration, d’éducation et de sécurité, ont été des échecs sur toute la ligne.
Christophe Fauquenoy est un martyr. Le martyr d’une France qui a renoncé à défendre sa population.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !