Tonton Grévisse et Papy Littré n’en peuvent plus de gigoter dans leurs tombeaux : dans nos sociétés en voie de morcellement, malgré la subsistance d’un idiome véhiculaire malmené tous azimuts, chaque communauté dispose et abuse désormais de son propre jargon.
Des sportifs aux journalistes en passant par le lumpen, aucune chapelle n’y échappe, y compris celles – ou plutôt celle – des politiques. Mais on parlera de verlan ou de fighting spirit une autre fois, concentrons-nous sur le peuple des élus et plus spécialement sur ceux qui aujourd’hui nous gouvernent ou font mine de.
Au PS, personne n’est en reste : l’abus d’un substantif ad nauseam est devenu une discipline de combat : le « mantraquage ». C’est ainsi qu’après le choc de compétitivité et le choc de simplification, débarque le choc de moralisation, rabâché en boucle depuis hier matin dans la TSF ! Ça vous en jette, mon bon monsieur ! Claquant comme un slogan du Komintern, convainquant comme une pub Dyson. Pour ses promoteurs, le « choc de moralisation » n’est plus un banal « élément de langage », c’est un nirvana communicationnel.
Personnellement, j’y vois plutôt une panne générale d’expression intelligible, le fameux Communication Breakdown cher à Jimmy, John et John Paul, ou alors, dans un registre assez différent, ça m’évoque aussi une bonne mandale béruréenne, dix kilos de viande avec os dans la gueule ! Vivement le choc de postéropédie, c’est à dire un bon coup de pied où je pense…
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