L’opacité de la dictature chinoise a eu des conséquences sanitaires mondiales dramatiques. Face à la stratégie de domination du Parti communiste chinois, l’Occident doit constituer un front commun pour contraindre Pékin à moins piétiner l’Etat de droit.
Sommes-nous engagés dans une nouvelle guerre froide ? En 2019, l’éminent historien Niall Ferguson suggérait déjà que les relations actuelles entre les deux superpuissances, les États-Unis et la Chine, s’apparentaient étrangement à celles qui avaient prévalu autrefois entre les États-Unis et l’Union soviétique. Il en a conclu que « Cold War II » a succédé à « Cold War I ». Spéculation irresponsable ou lecture avisée des signes du temps ? La crise pandémique sert justement de révélateur : la baisse très sensible de la température ambiante au cœur de la mondialisation a dissipé les derniers mirages qui obscurcissaient la nature agonistique des relations entre la Chine et une grande partie du reste du monde. Pour être précis, il ne s’agit pas de la Chine, mais de l’État chinois ou, mieux encore, du Parti communiste chinois (le PCC) qui, en plus de son mépris pour la démocratie, poursuit une stratégie de domination internationale dépassant l’exercice de la simple « puissance douce » (« soft power »). Le ministre des Affaires étrangères britannique, Dominic Raab, a déclaré qu’après la crise, il n’y aurait pas de « retour à la normale avec la Chine comme si de rien n’était ». Dans de nombreux pays, des élus demandent des comptes à l’empire du Milieu. Le tout sera de capter et diriger ces énergies pour déjouer la menace que représente le PCC sans que la guerre froide se réchauffe. À cette fin, nous pouvons prendre des leçons auprès des Chinois.
La stratégie, art chinois
« Être victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin. » (Sun Tzu, L’Art de la guerre)[tooltips content= »Toutes les citations de textes chinois proviennent de Sun Tzu, L’Art de la guerre (trad. Jean Lévi), « Pluriel », Fayard, 2015 et du Ho-kouan-tseu : précis de domination (trad. Jean Lévi), Allia, 2008. »](1)[/tooltips]
Certes, on ne peut pas en vouloir à l’État chinois d’avoir une stratégie ni de poursuivre ses propres intérêts. On peut même admirer sa prévoyance à long terme. Le problème réside dans les objectifs fixés et les moyens employés pour les atteindre. Le PCC a trois buts stratégiques.
