Retrouvez la première partie de l’article ici.
Je ne peux dans un simple compte-rendu rapporter tout ce qu’expliquent Ho and Huang, les auteurs de ce qui sera un best-seller en français. Qu’on m‘entende bien : ce qu’offre cet ouvrage, ce n’est pas comme tant de livres français sur la Chine un résumé de ce que les journaux ont déjà publié en pompant d’autres journaux qui etc. mais le contraire : il deviendra la source de ce qu’écriront les journalistes français pour raconter – enfin – avec nuances et détails historiques – ce que les lecteurs français doivent absolument connaître sur le métabolisme du régime post-maoiste chinois.
Sans nuire du tout à la traduction française du livre, je laisse le Juge Ti résumer l’hypothèse des deux auteurs : Gu KaiLai, esseulée, médicalement affaiblie, sans plaisir ni emploi réel des fonds qu’elle avait placés à l’étranger (imprudemment sous le contrôle de médiocres), reconnaissante à Wang LiJun d’avoir découvert les domestiques qui avaient tenté de l’empoisonner, n’avait pas obtenu que son mari propulse son chef de la police plus vite et plus haut encore. Wang avait «pété les plombs» comme le démontrent bien nos auteurs ; mais, grâce au matériel israélien, il avait véritablement accompli, des prouesses électroniques : interception de communications du président de la République, contrôle du GPS des portables de milliers de truands, au point de leur envoyer un SMS leur interdisant de mettre les pieds en ville lors d’une festivité et de repérer et d’arrêter ceux qui transgressaient l’interdit, exécution de son prédécesseur chef de la Police (qui lui pronistiquera une fin identique …). Wang aurait incité Gu à se débarrasser de Heywood, achevé le meurtre bâclé par l’avocate (qui fut plus maligne dans sa jeunesse), et commencé à expliquer à Bo qu’il allait lui «tordre les rognons blancs». Bo lui retourna une baffe et le démit de ses fonctions. C’est là que Wang a perdu les pédales et certainement déçu quelqu’un à Pékin (dont le nom et la fonction restent une énigme).
Wang LiJun 王立軍 : sa demande, bidon, d’asile politique au consulat américain de ChengDu lui sauve la vie au moment où il avait le choix d’être abattu par Bo XiLai, ou condamné pour le meurtre de Heywood, ou suicidé par le mystérieux maître-d’oeuvre de la chute de Bo. Sur la photo de droite, lors de son procès, sûr de lui et pas amaigri, il se souvient du coup de téléphone du président Hu JinTao, demandant aux policiers de ChengDu et de ChongQing de ne pas s’entretuer, et au maire de ChongQing de cesser d’empoigner le vice-ministre de la sécurité publique, puis garantissant une sentence légère à Wang.
Premier flash-back : Gu KaiLai n’est pas n’importe qui. Je recommande la lecture de son portrait par Ho et Huang. Ses parents sont de gens honorables. Elle a été victime du courage de son père, disgracié pour avoir amoureusement défendu sa mère contre des tarés maoistes. Son enfance a été misérable et elle est devienue bouchère sur les marchés. Elle a été trahie par son premier amant qui s’est enfui après l’avoir laissé seule avorter. Ce qui la sauva c’est d’avoir l’énergie d’apprendre à jouer du PiPa, une sorte de guitare. C’est un de ses enregistrements qui servit de bande-son aux newsreels sur la mort de Mao et ses funérailles.
Bo XiLai à la fin de la Révolution culturelle et avec sa première épouse Li DanYu 李丹宇
Après la révo. cul. elle parvint à intégrer l’université où elle rencontra Bo XiLai, mignon et amaigri par les horreurs de cette période. Le coup de foudre est réciproque. Les épreuves qu’ils ont traversées les rapprochent encore. Elle a trouvé un partenaire à sa mesure. Ils sont ambitieux et ont l’énergie de leur ambition. Leur réussite est rapide et exceptionnelle, mais ils vont se ramasser à très faible distance du pouvoir suprême, à cause de deux dérives : pour elle le fric ; pour Bo, le cul. Bo est une sorte de lubrique qui ne se contrôle plus et cela nuit à l’équilibre de leur couple. Bo qui ne fait pas assez attention, laisse son épouse négligée confier des secrets de famille à des étrangers peu fiables, mais qui ont compris que Gu veut que son fils sorte du système chinois pour devenir un milliardaire occidental.
Gu KaiLai et Bo XiLai aux funérailles de Bo YiBo.
En haut à droite, Zhang WeiJie ; à gauche, Ma XiaoQian, citées comme concubines de Bo sur les blogs chinois. En bas, Zhang ZiYi 章子怡, la comédienne, qui fait des procès aux médias citant des honoraires de 10 M US$ pour des relations sentimentales avec Bo XiLai, qu’elle nie farouchement !
Gu KaiLai, lors de son procès, mais il s’agit très probablement une doublure, ou bien elle est bourrée de médicaments.
Bo XiLai, lors de son procès en 2012. Comme il est de grande taille, il a fallu trouver deux policiers géants, pour l’encadrer et le « diminuer » médiatiquement.
Deuxième flash-back :
Bo YiBo 薄一波, le père de Bo XiLai était d’un des «huit immortels», les dirigeants les plus proches de Deng XiaoPing après son retour au pouvoir en 1980, tous des survivants des purges de Mao.
Pendant la révo.cul., sur ordre de celui-ci (à n’en pas douter, vu son grade et son cv, seul Mao pouvait ordonner qu’il soit persécuté par des étudiants) il fut sévèrement battu ; y compris par son fils, qui lui aurait cassé une côte lors d’une «séance publique de critique».
Bo YiBo battu par des gardes rouges, sur ordre de Mao et Mme Mao, pendant la révo. cul.
Bo le père aurait alors déclaré : «Il ira loin ce petit». En 1967 la femme de Bo YiBo et mère de Bo Xilai est tuée par les gardes rouges qui l’accompagnent en train d’une prison de Canton vers une autre à Pékin.
Après une enfance luxueuse de fils d’un hautissime bureaucrate, pour le jeune Bo XiLai, c’est la violence crue et «sans espoir de retrouver l’espérance». Mais après la mort de Mao et un détour par la case prison pour la «Bande quatre», dont Mme Mao, c’est la revanche ; mais, selon le Juge Ti, bizarre et décevante à plusieurs égards : Bo YiBo, le père, soutiendra Deng XiaoPing dans sa féroce répression des pacifiques manifestations de juin 89 !
Bo XiLai, dont l’ascension est orchestrée par son géniteur, pas rancunier, prend comme slogan à ChongQing «chanter rouge» (les hymnes maoistes) et «broyer noir» (écraser les sociétés secrètes et les gangs, et quelques hommes d’affaires qui refusent de payer les maltôtes). Ce faisant, il innove à titre personnel dans le rituel d’Etat et ça ne peut que défriser ses collègues de Pékin qui non seulement compilent des listes hebdomadaires, pour le Parti et les médias, de «mots à prescrire et de mots à proscrire», mais également des chansonnettes pour les enfants des écoles et les assemblées générales des «unités de travail».
Les beuveries bien connues des bureaucrates, leurs parties de jambes en l’air dans les karaokés, sont tolérées, sans directives particulières du Bureau politique ; mais pas la modification du chansonnier officiel de la RPC qui relève du Comité permanent du Bureau politique du PCC : c’est une autre histoire.
D’une certaine façon, Bo XiLai avec ses refrains rétro-maoistes de la révo.cul., réintroduisait – en quelque sorte – la messe en latin dans son archevêché et cela inquiétait à la Curie, à ZhongNanHai, où logent et travaillent les dirigeants qui ont tous de très mauvais souvenirs de la «révolution culturelle».
Comme il savent que Bo en a souffert autant qu’eux, il n’y a qu’une seule explication : il joue avec le feu, feint de mobiliser les masses derrière son costume-cravate, fait cavalier seul, veut devenir pape. La prochaine étape pourrait bien être, craignent ses collègues, que dans le mausolée du grandiose timonier, Bo entende des voix et que la momie de Mao lui ordonne de présider le Parti et la RPC ! Ce n’est pas tolérable même si c’est encouragé par son parrain Zhou YongKang, chef de tous les flics et organes de sécurité, et des juges par dessus le marché ! L’activisme de Bo XiLai a fait craindre aux autres patrons du régime un retour de jeunes gens incontrolables comme (au mieux) ceux de juin 1989, ou (au pire) les gardes rouges de la révo.cul. Le spectre de millions de WuErKaiXi en pyjama (au mieux) ou de gardes rouges criminels et sans pyjamas mais armés (au pire) fait vraiment peur aux patrons du PCC.
WuErKaiXi en juin 1989 causant avec le premier ministre Li Peng
Rappelons le sort qu’à récemment connu le film «Sous le dôme» QióngDǐng Zhī Xià「穹顶之下」 consacré à la pollution en Chine. Voilà un film qui a été encouragé par le Parti et qui ne posait pas vraiment de problème politique car il est positif dans sa contribution mais ses succès sur le web a été prodigieux : deux cents à trois cents millions de spectateurs!
Du coup, la réalisatrice Chai Jing 「柴靜」devint titulaire d’une popularité « quantifiée » incontestable, quasiment d’un vote dans un pays où l’on a pas le droit de voter. Elle devait disparaître, avec son film. Elle a effectivement disparu. On peut ainsi comprendre la profonde désapprobation qui a accueilli les rituels néo-maoïstes de Bo XiLai à ChongQing. Il a littéralement pété plus haut que son cul, et ce n’est pas acceptable.
En chinois on dit, plus discrètement, 「多此一舉」(DuoCiYiJu) «c’est un geste superflu» mais chacun connaît la phrase complète「脫褲子放屁—多此一舉」 (TuoKuZi FangPi …) «Enlever son pantalon pour péter, c’est un geste superflu ». Le jour où Xi JinPing se concerte avec Jiang ZeMin et HuJinTao et lâche ce ChengYu 「成語」(dicton) à propos du vice-roi de ChongQing, le sort de Bo bite-en-l’air était scellé.
Cette jeunesse chaotique et douloureuse de Bo XiLai, m’a expliqué le Juge Ti, est presque parallèle à celle de Xi JinPing – qui est moins flamboyant, moins célèbre chez les étrangers – mais également fils d’une autre grande victime de Mao, Xi ZhongXun「習仲勳」.
Xi ZhongXun au moment où il sort de prison. Sur cette photo on devine les dix années de prison et de tortures sur ordre de Mao, que Xi JinPing ne peut ignorer pas plus que la photo de son père paradé par les gardes rouges de Mme Mao. Il faut espérer que l’actuel président de la république populaire de Chine conserve sur son bureau ses deux images. [Cette remarque vient d’une bloggeuse naïve et sentimentale mais j’en ai vraiment ras-le-bol des horreurs de la révo. cul. et de ses quatre millions de victimes torturées et tuées, sans compter les survivants en mauvais état. ] Xi ZhongXun est connu pour avoir été le modernisateur du GuangDong, le fondateur de ShenZhen, et avoir sorti de prison Li ZhengTian et ses amis du groupe Li YiZhe. En 1989, il réprouve les massacres de TianAnMen et est mis de coté, mais pas en prison.
Troisième flash-back : Xi père a été dans sa jeunesse le chef communiste dans le Nord-Ouest, à YanAn avant qu’y arrive la «longue marche» des rescapés des insurrections communistes, urbaines et rurales, ratées de l’Est chinois.
Réhabilité par Deng XiaoPing (lorsque celui-ci sortit de l’usine de camions où il débarbouillait lui-même son fils hémiplégique à cause des gardes rouges) Xi ZhongXun devint d’abord patron d’une usine de tracteurs à Luoyang, puis un des adjoints de Deng au sommet du pouvoir retrouvé : il est le plus connu des artisans des réformes économiques (créateur ex-nihilo de la zone économique de ShenZhen, face à HongKong) et politiques. Pour faire bonne mesure, et il faut lui en être reconnaissant, il a libéré de la prison de Canton les auteurs du samizdat traduit en français sous le titre Chinois, si vous saviez, publié à Paris peu avant la mort de Mao. Il était un ami et un fidèle de Hu YaoBang.
Xi ZhongXun, sa femme, et leurs quatres enfants. L’une des deux filles aurait été “suicidée” en 1975 pendant la révol. cul. Il ne reste donc plus que trois enfants sur la photo à droite.
Lorsque Deng XiaoPing, au milieu de ses réformes, connut une grave chute de sa libido politique (je reprends les termes du Juge Ti), et mit à la retraite son plus fidèle adjoint Hu YaoBang「胡耀邦」, Xi père fut le seul à ne pas s’incliner, et le fit savoir. Nouvelle ”retraite”,mais cette fois-ci paisible, sans prison, ni tortures.
Ho et Huang offrent donc une peinture très précise, compréhensible et convaincante, des personnalités et des évènements. Leur livre est passionnant et n’est pas (comme tant d’ouvrages commis par les mauvais sinologues) un who’who mal épluché qui crame au fond de la casserole sans qu’on comprenne le comment, ni le pourquoi de la cuisson ratée.
Réflexion intérimaire pour relancer l’intérêt du lecteur : quels sont les éléments, qui ne seront pas cités dans la partie ouverte du procès de Zhou YongKang, et qui pourront lui valoir d’être bientôt mis à mort ?
Pour le Juge Ti, Zhou YongKang serait à l’origine de la brutale et inattendue exécution du n°2 (pro-Pékin) de la Corée du Nord, Jang Sung-taek「張成澤」 (Zhāng ChéngZé, en pronciation chinoise et romanisé en PinYin) : il aurait fait fuiter vers le plus jeune des Kim, Jong-un 金正恩 (Jin ZhengEn, en PinYin), patron de la Corée du Nord, que Hu JinTao, lors d’un entretien avec Jang, avait expliqué que le gouvernement chinois verrait d’un bon oeil son remplacement par son demi-frère Kim Jong-nam 金正男 (Jin ZhengNan), fils ainé du défunt Kim Jung-il 金正日(Jin ZhengRi), hébergé en Chine depuis sa mise à l’écart par les généraux.
Cette trahison des secrets de la politique extérieure la plus confidentielle peut valoir une piqûre bien dosée de sédatifs. Mais ce ne serait sans doute qu’un prétexte supplémentaire, même s’il paraît plus sérieux : si Zhou est mis à mort, ce sera probablement pour faire passer un message clair à ses anciens affidés : «En Chine, les morts ne reviennent jamais. Cessez donc de comploter ! Zhou YongKang ne reviendra plus».
Comme c’est un personnage très important, s’il est exécuté, sa mise à mort et sa crémation seront filmées en vidéo. Nos petits-enfants trouveront un jour tout cela quand les archives chinoises s’ouvriront, et cela finira en streaming sur Daily Motion. La Chine est un pays formidable, en tous cas pour les cinéastes.
La question qui turlupine tous les pékinologues et les diplomates c’est de savoir pourquoi et comment Xi l’a emporté sur Bo. Le Juge Ti veut que je formule une réponse par moi-même, et pour m’encourager a commencé à me faire réfléchir à la victoire de Staline sur Trotski.
Habitué des règlements de comptes au sein de différentes mafias, le Juge a une formule que j’aime bien : «Ce n’est pas le plus intelligent qui devient le chef chez les truands, c’est le plus cruel». Mais il ajoute : Trotski, probablement aussi cruel que Staline, était imbu de son intelligence et méprisant. L’appareil du parti bolchévique s’est donc rangé derrière celui qui leur ressemblait le plus et qui – systématique, presque besogneux – ne laissait rien au hasard et ainsi pris progressivement le contrôle du Parti : Staline.
Dans le cas de Mao (indiscutablement le plus cruel) il a éliminé un par un les «rentrés de Moscou» que Staline avait mis au-dessus de lui, puis des gens qui avaient plus de mérites historiques que lui comme Zhang GuoTao「張國燾」. Même Zhou En-lai – qui historiquement avait préséance – courba l’échine et se soumit. Est-ce qu’en plus de la cruauté, il y avait autre chose ?
Zhang GuoTao 張國燾
Les dirigeants chinois, qui ne sont pas élus mais «choisis par le sommet», un peu comme les cardinaux, se retrouvent en retour à certains moments en position de choisir un pape. Mais contrairement aux cardinaux (qui ne se reproduisent pas entre eux, malgré quelques essais disent les Irlandais) les patrons de la bureaucratie chinoise ont des enfants. Au gré de coteries, de petites haines, de mauvais souvenirs, et de féodalités historiques, il était inévitable que les «vieux de la vieille», tous les dirigeants historiques malmenés par Mao, raisonnent à un moment ou un autre en termes dynastiques, qu’ils tendent à «promouvoir leur progéniture». C’est ce qu’on appelle les «princelings» en anglais, en français les «princes», en chinois «TaiZiDang»「太子黨」.
En France, on parle souvent des énarques qui enfantent des énarques. J’ai donc suggéré une analogie au Juge Ti, qui m’a vertement rabrouée :
«Non, les énarques français ne ressemblent pas aux fils des dirigeants communistes chinois historiques — dont ils n’ont pas la patine de chefs de guerre. Ils s’apparentent plutôt aux eunuques 「太監」TàiJiān du système impérial dont la seule épreuve durait quelques instants avant qu’on range leurs testicules dans un bocal d’alcool ! Mais il est vrai que, contrairement aux eunuques, les énarques se reproduisent, et que leurs petits sont volontiers maolâtres, voire maoistes ou post-maoistes, conséquence d’un élevage en batterie, comme des coquelets pour les supérettes ou les friteuses de KFC».
Bo YiBo a poussé son fils. Xi ZhongXun sans doute aussi le sien. Tous deux ont été des chefs de guerre. Tous deux ont été battus et torturés, par les gardes rouges, sur ordre direct de Mao.
Xi ZhongXun est plus sympathique que Bo YiBo, indiscutablement.
Xi JinPing est plus chaste et plus sobre que Bo bite-en-l’air.
Bo GuaGua, fils de Bo XiLai déconne à plein tube en Occident où il jette l’argent par les fenêtres.
La fille de Xi JinPing a fait de sages études à Harvard sous un pseudo.
Dans le cas de Xi JinPing on dit que le militaire le plus proche de lui est le général Liu Yuan 「劉源」, fils de l’ex-président de la République Liu ShaoQi 「劉少奇」torturé à mort sur ordre de Mao, et de Wang GuangMei 「王光美」(ses tourments aux mains des gardes rouges dureront plus de dix ans). On pourrait s’attendre à ce qu’un tel attelage soit sans concession pour le Grand Timonier.
Wang GuangMei aux mains de gardes rouges de Mme Mao
Cadavre de Liu ShaoQi mort de faim et sur ses excréments à KaiFeng, sur ordre de Mao
Liu Yuan, fils de Liu ShaoQi, réputé le militaire le plus proche de Xi JinPing
Mais la momie de ce dernier est encore en bonne place au centre de la place TianAnMen et son portrait regarde encore les défilés, et les touristes, accroché sous la tribune depuis 1949.
Selon le Juge Ti, c’est sans doute le destin de Gorbachev, après celui de Krouchtchev, qui explique les réticences à dé-maoiser pour de bon. On se souvient de la photo de Gorbachev faisant de la pub pour Louis-Vuitton. Plusieurs dirigeants chinois ont peut-être imaginé de remplacer la momie par un gigantesque sac Louis-Vuitton mais il n’ont pas encore osé en parler en réunion du Comité permanent (sept membres) du Bureau politique (une trentaine de membres).
Pourtant il est certain que le malletier normand a remplacé Karl Marx dans l’imaginaire chinois.
Pour le Juge Ti, le livre de Ho et Huang est l’un des meilleurs exposés sur ce qu’est la Chine aujourd’hui, et mériterait d’être rapidement traduit en français, peut-être par la maison d’éditions parisienne qui appartient à Louis-Vuitton. Si un capitaliste français peut être l’obligé du régime post-maoiste, c’est bien le propriétaire de LV, en reconnaissance des achats gigantesques de ses baise-en-villes.
Un article, même un peu déjanté comme celui-ci, avec des digressions pour faire sursauter le lecteur, ne peut restituer tout à fait combien les Chinois considèrent avec un dégoût profond le fonctionnement du post-maoisme.
J’approche de 7 000 mots, soit près de 40,000 signes et espaces, sans compter trois douzaines de photos et de liens vers le web. Même comme «teaser», pour lancer l’idée d’une coproduction sino-franco-israélienne, c’est un peu long.
Il est temps que je me recouche et reprenne mes songes pour retrouver le Juge Ti, et ses épouses.
Je vais leur promettre une semaine de vacances en France, si le livre de Ho et Huang est – comme il devrait – bientôt publié en français. Le Juge Ti au journal télévisé de 20h., avec ses trois épouses, ça aurait de la gueule ! J’aimerais beaucoup être alors leur interprète, comme j’ai été – avec plaisir – celle de WuErKaiXi et de Hu Jie.
PS : qui n’a rien à voir, pour le lecteur chinois : je viens de lire「奧許維茲臥底報告」de et sur Witold Pilecki. Je cherche l’édition française dont on me dit qu’elle est préfacée par une ex-maoïste française. J’aimerai beaucoup lire un livre sur la révo. cul. de la même importance que le livre de Pilecki traduit et préfacé par un ex-nazi français.
*Photo : Abode of Chaos.
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