Dragonnades

L’association chez les Occidentaux entre le dragon et le mal aurait contribué à la perception négative de la Chine


Dragonnades
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La Chine, pas franchement reconnue comme démocratique, accuse les Occidentaux de la diaboliser, et fait tout son possible pour changer son image.


Le 10 février a marqué le début de l’année du dragon, une des 12 créatures du zodiaque de l’Empire du Milieu. La Chine a cherché à profiter de cette occasion pour lancer une tentative de relookage de son image. Ses différents médias anglophones ont commencé à remplacer le mot « dragon » par « loong », une version anglicisée du terme mandarin pour cette bête mythique. Les journaux officiels du Parti communiste se sont empressés d’expliquer cette substitution par la différence entre le dragon occidental et le loong chinois. Le dragon est un monstre féroce qui crache le feu, incarne le Mal et doit être vaincu par un héros. En revanche, le loong est une créature bienveillante qui représente paix et sagesse et apporte la bonne fortune. L’association chez les Occidentaux entre le dragon et le Mal, aurait contribué à la perception négative de ce pays.

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Si l’assimilation du loong au dragon est partie d’un quiproquo linguistique perpétré par Marco Polo et le premier dictionnaire chinois-anglais, elle aurait été exploitée à l’époque du colonialisme pour exprimer l’anxiété ressentie par les Occidentaux face à la transformation de la Chine en une nation moderne industrialisée capable de les concurrencer. Rappel du « péril jaune », le symbole du dragon permettrait encore aux Occidentaux d’associer la Chine à leur idée d’un régime autoritaire. C’est ainsi que, selon un éditorialiste, « la perception occidentale de la Chine devrait être remodelée ». Le changement terminologique a été largement approuvé par des internautes sur le réseau social, Weibo, l’un d’entre eux affirmant que l’Occident avait « diabolisé » la Chine. Ce relookage, si jamais il dédiabolise l’image du pays, peut-il cacher tout ce que fait son régime pour se poser en rival de la démocratie libérale occidentale ? La Chine utilise déjà la technique de substitution de noms chinois à des noms anglais pour désigner le Tibet et les territoires qu’elle revendique dans la mer de Chine méridionale. Mais pour le moment, le pire effet de la nouvelle campagne est la prolifération dans la presse de jeux de mots tels que le souhait de nouvel an : « loongue vie ! »




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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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