Quelques jours avant de célébrer les 50 ans de leur « Révolution des Œillets », les Portugais ont triplé le score du parti de droite nationale « Chega », lors des élections législatives anticipées du 10 mars. Et en France, comment votent les lusodescendants ?
La chose était entendue. Le Portugal, comme l’Espagne, paraissait durablement hermétique aux sirènes de la droite populiste. Et, de la même manière qu’est apparu Vox, est apparu Chega (en français « ça suffit »).
La recette : discours anti-immigration et anticorruption. D’un seul député en 2019, le parti est passé à 12 en 2022, puis à 48 lors des législatives de mars 2024 – dans une Chambre qui compte 230 sièges. Député isolé lors de son élection il y a cinq ans, André Ventura fait désormais partie des leaders en vue au sein de la droite populiste en Europe.
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Mais alors, comment a voté la communauté portugaise de France ? Sur les deux sièges accordés aux Portugais de France, l’un a été remporté par José Dias Fernandes, député Chega. Au consulat de Marseille, le vote Chega monte à 20 % et se retrouve en tête. À l’échelle nationale, le score s’élève à 16 %. À noter que le parti arrive aussi en tête parmi les importantes diasporas installées en Suisse et au Luxembourg. Sur le site Fdesouche, un lusodescendant (un descendant d’immigrés portugais) commente : « La prochaine fois, je demanderai la nationalité portugaise, rien que pour voter Chega. » Si les enquêtes d’opinion basées sur l’origine ethnique sont interdites en France, une étude de Sciences Po Paris, en 2017, avait montré que la moitié des jeunes Français d’origine portugaise étaient prêts à voter Marine Le Pen, tandis que leurs aînés avaient un comportement plus proche de l’ensemble national. L’ancienne présidente du RN (comme son père déjà en son temps) a adressé des clins d’œil à la communauté portugaise, désignée comme modèle d’assimilation réussie.
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Marion, une militante de droite croisée au meeting de « Reconquête ! » du 10 mars et lusodescendante, commentait en marge les premiers résultats qui arrivaient de Lisbonne : « Le vote d’une bonne partie de la communauté portugaise pour Le Pen ou Zemmour, c’est l’affirmation d’une adhésion complète au projet national français. Et, étrangement, pour les plus motivés qui votent Chega, c’est comme la possibilité de voter une deuxième fois pour Marine ou pour Éric ! »
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