Des petites filles chinoises aux rats de l’opéra, l’exposition « Marche et démarche: une histoire de la chaussure », au Musée des arts décoratifs de Paris, dévoile les effets de la mode, de la classe sociale, du métier sur la démarche, la déambulation et le squelette tout entier.
Brodequins, mocassins, escarpins, militaires ou mondaines… les chaussures nous portent, soustraient une part de notre anatomie aux regards des autres et, parfois, nous rehaussent à leurs yeux. Leur rôle est ambivalent ; nous avons adopté la station verticale, puis Narcisse, murmurant à notre oreille, nous conseilla de nous parer, de nous « emballer ». Les chaussures embellissent notre silhouette, elles nous contraignent aussi, nous blessent, nous déforment. Il arrive tantôt que nous appelions de nos vœux le martyre qu’elles nous infligent, et tantôt que nous le fassions subir à d’infortunées créatures.
Un talon dans le cœur
L’objet s’adapte à son environnement, à son usage : voici une sandale dont l’extrémité est légèrement relevée, afin de limiter l’invasion du sable. On s’étonnera du pied menu de la reine Marie-Antoinette : l’une de ses chaussures datant de 1792, ici exposée, mesure 21 centimètres dans sa longueur, soit la pointure d’un enfant de cinq ou six ans ! Les dames de qualité marchaient si peu que leurs pieds n’avaient nul
