Le chat est un animal étrange dont nous avons déjà abondamment parlé en ces colonnes. Inutile de rappeler ici sa fatuité à toute épreuve, son manque total de dignité quand il s’agit de réclamer sa pitance, son obsession pour les insectes volants qu’il pourchasse comme un débile profond entre les voilages des fenêtres, sa tendance à ronronner bruyamment devant les documentaires animaliers, et surtout sa suffisance – je le répète – qui cache mal un complexe d’infériorité bien compréhensible à l’égard de son cousin le tigre – qui vit l’ivresse des grands espaces au quotidien, et mange des gazelles entières au soleil couchant. Mais nous parlons ici du chat domestique. Du chat d’appartement. Du chat bourgeois. Du chat de centre-ville. Inoffensif par nature. A côté – les rues ne sont plus sûres… – certains chats ont décidé de suivre la voie de la délinquance, et écument nos villes à la recherche de larcins divers, en n’hésitant pas à avoir recours à l’ultra-violence. Ainsi, l’Est-Républicain nous rapporte le cas d’une attaque en bande organisée… « Il était 19 h dimanche, lorsqu’une femme de 31 ans qui promenait sa petite chienne en bordure de bois, aux Terrasses du Mont, a été attaquée par une demi-douzaine de chats. » Le drame s’est déroulé à Belfort, en Franche-Comté, une région qui n’est plus à l’abri des violences urbaines. « Sans crier gare, ces derniers seraient sortis des fourrés et auraient sauté sur sa petite chienne, un caniche nain abricot. » La France orange mécanique, suite. Moins drôle : une fillette a été aussi la cible de cette attaque sauvage. Le vétérinaire qui a soigné le caniche a déclaré qu’en « trente ans d’exercice, il n’avait jamais vu cela ». Une réaction bien instinctive pourrait être de dire, à l’égard de ces populations : « Chat peut plus durer ! »
C’est là, chers lecteurs, que je souhaiterais attirer votre attention sur l’importance de ne pas sombrer dans l’écueil de l’amalgame. Il ne faut pas oublier que l’immense majorité des chats sont paisibles et non violents. Rares sont ceux, statistiquement, qui sont connus des services de police, ou qui ont fait l’objet de condamnation. Si ça et là des actes de déprédation voire de violence gratuite ont pu être commis en bande par des félidés (caniches attaqués, voitures brûlées, etc.), il ne faut jamais perdre de vue les conditions de vie difficiles de ces populations dans certains territoires de notre pays, sinistrés et désertés par les services publics ; plus le chômage, la crise sociale, l’urbanisme, les contrôles d’identité au faciès, la difficulté de trouver des stages – et j’ajoute le coût de la vie qui n’a cessé d’augmenter depuis le passage à l’euro. Alors, je le répète : pas d’amalgames !
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