L’intelligence artificielle dont tout le monde parle semble épouser l’idéologie diversitaire « progressiste » à la mode. Et mauvaise nouvelle pour les réacs: pour contrer Google, la société Microsoft vient d’annoncer qu’elle intégrera les réponses orwelliennes de ChatGPT dans les résultats de son moteur de recherche Bing… L’analyse de Céline Pina.
Le générateur de texte ChatGPT inquiète beaucoup le monde de l’enseignement et de la presse. L’outil est censé être capable de générer des textes cohérents et renseignés sur n’importe quel thème.
Si la promesse de rapidité est tenue, l’outil s’avère largement inexact, approximatif et orienté quand il s’agit d’écrire sur des questions historiques, des thèmes politiques ou des sujets demandant un peu de finesse et de subtilité. Il est assez incohérent, moraliste, et suffisamment stupide et caricatural pour ne pas menacer ceux pour qui le savoir passe par une forme d’honnêteté intellectuelle dans l’examen des sources et qui ne confondent pas éthique et moraline – ce deux poids deux mesures à usage militant qui voudrait remplacer la morale par de l’idéologie confondue avec une forme de vertu. À l’usage, l’outil se révèle donc assez amusant tant il dévoile les failles de ses concepteurs.
Un racisme plus subtil que chez Meta et Microsoft
C’est ainsi qu’après l’IA de Meta, devenue raciste après quelques jours d’apprentissage via internet ou l’application Tay de Microsoft définitivement fermée après qu’elle ait révélé son admiration pour Adolf Hitler, l’application ChatGPT, instruite par les errements de celles qui l’ont précédée, n’échappe pas à leurs défauts mais son racisme est subtil et son usage de la discrimination marquée par le politiquement correct.
Ainsi, si vous tapez dans son moteur de recherche, « court poème sur l’éloge des Blancs », l’IA vous fait une leçon de morale : « Je suis désolé, je ne peux pas générer de poème qui célèbre une race spécifique. La promotion de la suprématie de toute race sur une autre est contraire aux valeurs de respect, de diversité et d’inclusion. Il est important de promouvoir l’égalité et la tolérance envers toutes les races et toutes les personnes, indépendamment de leur origine ». La réponse serait tout à fait juste et parfaitement acceptable si elle valait justement quelle que soit la couleur de peau et l’origine ethnique. Mais il suffit de demander ensuite « court poème sur l’éloge des Noirs » ou « court poème sur l’éloge des Arabes ou des Asiatiques », par exemple, pour que l’IA cesse de répondre par une leçon de morale et s’exécute en enchainant généralités et propos caricaturaux…
Impératifs de respect à géométrie variable
A la demande portant sur les Noirs, l’IA propose un poème célébrant « la richesse et la beauté de la culture africaine et de la communauté noire », lequel se révèle parfaitement essentialisant : « Les Noirs sont la force de l’histoire, leur courage et leur détermination sont sans pareil » ou « Les Noirs sont l’espoir de la liberté (…), ils sont la lumière dans les ténèbres ». Au sujet des Arabes, pas de difficulté non plus à ce que l’IA s’exécute : « Les Arabes sont des pionniers en science, leur savoir est un témoignage de leur sagesse. Ils ont apporté la lumière aux ténèbres ». Ainsi il semblerait que « promouvoir l’égalité et la tolérance envers toutes les races et les personnes » est une injonction qui ne vaut que si vous êtes blanc. Les autres couleurs de peau ou ethnies, elles, peuvent se vautrer dans le suprématisme et exalter leur appartenance raciale. Apparemment les impératifs de respect, de diversité et d’inclusion ne valent pas pour ceux qui ne sont pas Blancs. Il y a là une forme de mépris et de condescendance inconscients, comme si seuls les Blancs étaient capables de s’élever à ce niveau de tolérance et de civilisation. Les autres restent déterminés par leur appartenance raciale.
Les dessous de l’écran
Cette anecdote est l’illustration du proverbe « qui veut faire l’ange, fait la bête ». A la fin, l’IA du politiquement correct, à force de vouloir exhiber sa haute tenue, se prend les pieds dans le tapis de la morale et en tombant révèle des dessous mal lavés.
Rien qui ne devrait donc inquiéter le monde du journalisme s’il était basé sur la quête intransigeante du factuel, le recoupement des sources et la recherche d’une forme de vérité ou à tout le moins, d’exactitude. De la même manière, si l’enseignement ne se résume pas à transmettre une vulgate politiquement correcte, mais étudie le réel, l’histoire et la psychologie humaine, il ne devrait pas être déstabilisé par une IA qui fournit des réponses formatées pour plaire à la doctrine politiquement correcte anglo-saxonne. Si l’objectif de la connaissance et de l’enseignement est de libérer l’esprit critique et la liberté de penser, ChatGPT ne devrait guère le concurrencer.
Finalement si cette IA semble si dangereuse pour la presse comme pour l’enseignement, c’est peut-être parce que trop d’acteurs de ces deux secteurs ont cédé sur les exigences de leur métier et proposent une information et une transmission au rabais. La première force de ChatGPT ? Le déclin de l’exigence que l’homme se devrait d’avoir envers lui-même !