Hier sphinx sacré, aujourd’hui dangereux nuisible. Le chat est dans le viseur des écolos. Nos amis félins sont les nouveaux « écocidaires » à chasser. En Allemagne et en Australie, des couvre-feux sont mis en place pour empêcher ce petit prédateur de s’en prendre à certaines espèces menacées
Marcel Aymé l’a perché, Charles Perrault l’a botté, Lewis Carroll l’a rendu évanescent. Aujourd’hui, le GIEC le criminalise ! Divinisé par les Egyptiens, le chat est diabolisé par nos Cassandres du climat qui prédisent la fin du monde alors que Météo France est incapable de prévoir le temps qu’il fera dans 10 jours ! De sphinx immortel au mystère insondable, le chat vient de tomber de sa pyramide pour rejoindre le gang des nuisibles pour la planète. L’heure est grave. La semaine dernière, une étude sur le régime alimentaire des chats1 a conclu que sous les crocs et les griffes de ce petit félin meurent plus de 2 000 espèces différentes et que 17% d’entre elles seraient menacées et inscrites sur la liste rouge de l’UICN (l’union internationale de la conservation de la nature).
François Gemenne menacé
Après les vaches qui polluent l’atmosphère par leurs pets intempestifs, c’est donc au tour des chats de passer sur le banc des accusés. Au train où vont les choses, on peut raisonnablement imaginer que les activistes radicaux du mouvement Dernière Rénovation iront demain badigeonner de peinture tous les bars et cafés à chats, avant de se coller les mains à leurs arbres à griffoirs, ou alors hurler « Just stop cats » devant une exposition du peintre japonais Foujita, connu pour avoir sublimé dans ses toiles toutes les postures des chats. Quant aux entreprises qui ont instauré des séances de ronronthérapie pour lutter contre le burn-out de leurs salariés en mal de sens, nul doute qu’elles seront vite sommées de s’excuser publiquement pour avoir encouragé l’engouement pour ces dangereux écocidaires sur pattes.
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De même que le révisionnisme hygiéniste a effacé la pipe de M. Hulot sur les affiches du film de Jacques Tati, le révisionnisme écologique s’abattra sans doute avec la même intransigeance sur le célèbre film de Pierre Granier-Deferre, « Le chat », qui a rassemblé deux acteurs mythiques, Gabin et Signoret, pour mettre en scène l’essoufflement de la vie de couple où l’amour a fait place à l’aigreur et où le chat joue le rôle de révélateur. Quant à la papesse de la collapsologie, Greta Thumberg, si elle construisait son arche gaiesque, les chats comme les vaches seraient donc ostracisés. François Gemenne, chercheur belge et membre du GIEC, a confirmé sur LCI que « le chat est une catastrophe pour la biodiversité », tout en réglant son compte au meilleur ami de l’homme : « le chien est une catastrophe pour le climat ».
Ce dernier s’est ensuite plaint d’avoir reçu des menaces de mort. Encore ces pauvres ploucs climato sceptiques qui ne comprennent rien à l’urgence écologique ! Reste que plus de la moitié des Français, selon Ipsos, sont propriétaires d’un chien ou d’un chat. Et certains d’entre eux sont de plus excédés d’entendre ces experts de plateaux prophétiser non sans arrogance la fin du monde et égrener le chapelet des injonctions écologiques qui régentent la vie des gens et les dépossèdent au nom de la sacro-sainte Nature. Après la chasse à la voiture interdite d’accès aux grandes villes si elle est trop ancienne et donc trop polluante, la chasse aux logements jugés trop énergivores, voilà la chasse aux matous.
Au programme des hostilités, il est question d’eugénisme avec le contrôle des naissances par la stérilisation mais aussi de confinement comme pendant la pandémie de Covid-19 ! L’Australie mais aussi certaines villes allemandes ont ainsi mis en place des couvre feux pour chats obligeant les maitres à enfermer leur boule de poils chez eux afin par exemple de protéger la reproduction d’oiseaux rares. Ici des chats confinés, là des vaches masquées… il faut se pincer pour y croire tant les dingueries écolo volent en escadrilles… électriques j’espère !
C’est sa nature !
Au final cet écologisme dogmatique se fiche éperdument du bien-être animal qu’il prétend défendre. Un chat est un petit prédateur et comme tout prédateur il est fait pour chasser, c’est sa nature. « Qui né chat pourchasse la souris » comme dit si bien le proverbe italien. D’ailleurs si le rat n’était pas érigé au rang de « surmulot » avec qui la cohabitation est un devoir pour tout bon citoyen antispéciste, peut-être qu’un grand lâchage de chats dans les rues de Paris pour enfin débarrasser la capitale de ces millions de rats qui y pullulent serait souhaitable… Les écolos n’ont que le mot « nature » à la bouche, mais quand il s’agit de respecter l’instinct naturel du chat, ils en ont cure.
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Au-delà de cette activité prédatrice, le chat est un animal qui dort 16h par jour et qui, sur les 8h restantes, s’adonne à une toilette infinie, contemple son monde, se frotte aux meubles, avant de chercher un coin douillet pour s’y blottir, souvent près d’un radiateur ou d’un feu de cheminée… Faire du chat l’ennemi de la planète n’est pas si anodin. Le chat représente tout ce que déteste notre époque. La contemplation contre l’agitation, le silence contre le brouhaha permanent, le mystère insondable de la vie intérieure contre la mise en scène de soi et le culte de la transparence absolue, la délicatesse aristocratique contre la laideur contemporaine, la grâce aérienne contre la pesanteur apathique. Bref, les chats sont des affreux réacs conservateurs ! « Ils se plaisent dans le silence, l’ordre et la quiétude, et aucun endroit ne leur convient mieux que le cabinet du littérateur », écrivait Théophile Gauthier, témoignant ainsi du lien intime entre la création littéraire et la présence du chat, à la fois muse de l’artiste et acteur de l’œuvre créée.