Shirley, roman méconnu de Charlotte Brontë, fait son entrée dans la collection « Pléiade » de Gallimard. Une plongée dans l’Angleterre de 1812 en proie aux émeutes ouvrières et aux amours compliquées.
Il y a un phénomène étrange en littérature : devenir pour la postérité l’écrivain d’un seul livre. Prenez-le par le bout que vous voulez, Charlotte Brontë, c’est Jane Eyre et seulement Jane Eyre. Quand en 1847, un certain Currer Bell, pseudonyme imposé à la jeune femme, fait paraître cette fausse autobiographie d’une orpheline, le succès est immense. Il y a une nouvelle édition dès l’année suivante, le livre est salué par les cadors du roman anglais de l’époque, tel Thackeray, l’auteur de la Foire aux vanités.
Charlotte, née en 1816, est la fille d’un pasteur caractériel au pessimisme anticatholique qui tend à la misanthropie. Ce n’est pas un père saturnien, il est juste un homme de son temps. Il veille de près à l’éducation de ses six enfants. Il n’étouffe pas leurs aptitudes à la rêverie et à la lecture, mais il a été tout de même un peu effrayé par sa réussite : parmi les six, les quatre survivants, trois sœurs et un frère, sont saisis par le démon de la création. Il y a Charlotte, mais aussi Emily et ses Hauts de Hurlevent et, dans une moindre mesure, Anne et son Agnès Grey. Le frère, toxicomane et alcoolique, a peint, un peu,
