Charlie… Winston ! Mais si, souvenez-vous : « Like a Hobo » ! Son nouvel album, s’inscrivant entre la pop soul de Seal et le blufunk de Keziah Jones, est sorti en janvier dans une indifférence quasi générale malgré la beauté et la douceur de son spleen animal caressant. A écouter : « Lately ».
David Gilmour en est réduit aujourd’hui à recycler le jingle de la SNCF, l’idée lui est sans doute venue sur un quai de gare, pendant l’attente d’un train qui n’arrivait pas, quelque part en France. L’événement avait inspiré à Julien Courbet ce tweet mémorable : « Le pauvre, son nouvel album risque de sortir avec 25 minutes de retard. » A écouter : « Rattle That Lock ».
Julio Iglesias chante Mexico pour son rideau final. Ce n’est pas le Mexico de Mariano, c’est le Mexico de Julio, qui pourrait invariablement être son Milano, son Palermo ou son Bilbao, tant l’hispano excelle dans son numéro immuable de l’innamoramento comme art de vivre. Non vraiment, Julio n’a pas changé, toujours le même parfum léger, porté par l’empreinte fataliste de la Galice. A écouter : « Sway ».
Ibrahim Maalouf a publié un diptyque instrumental remarqué cet automne, deux odes à la femme – à leur façon -, comme l’indique la pochette de Kalthoum, où la part laissée à l’improvisation orientalisante est importante. Plus accessible, Red & Black Light est une célébration de la femme d’aujourd’hui, d’où le son électro-pop de cet album aux polyrythmies riches, à la fois jazz fusion, mariachi, synthétique, psychédélique… charmant, frais et euphorisant comme les femmes d’aujourd’hui (les vraies) ! A écouter : « Free Spirit ».
Duran Duran s’est classé à la 10ème place du Billboard (USA) et 5ème au Royaume-Uni avec son fulgurant nouvel album. En France, on a une Semaine du Goût – officiellement – par an. Il faut croire que le reste de l’année est consacré à la soupe à la grimace culturelle, puisqu’à part Paris Match, Le Monde et Causeur – qui ont salué l’événement à sa juste valeur -, la presse d’ici est passée à côté. A écouter : « The Universe Alone ».
Dominique A a sorti l’album français de l’année et de la consécration, enfin ! Les Victoires de la Musique devraient le plébisciter (devraient…). A écouter : « Par le Canada ».
Maître Gims a déclenché une tempête presque comparable au phénomène Stromae ! Gims a fait sortir le rap conservateur de ses ghettos pour faire vibrer les Zénith au son de ses hymnes en cœur massif et à la séduction intergénérationnelle. Seul JoeyStarr le conchie, raison supplémentaire pour apprécier Gims. La chanson française populaire est aujourd’hui incarnée par une figure issue de la musique urbaine… Le rap, dernier ascenseur (tagué) social ? A écouter : « Brisé ».
Sirba Octet a obtenu le Choc Classica du mois de novembre, distinction amplement méritée pour cette formation classique que l’on pourrait renommer The Grand Budapest Cocktail ! L’album Tantz ! est un monument de « Classic World », sculpté dans les souvenirs du pont Charles de Prague et dans les légendes mordorées des Carpates, chantourné par les B.O. des films de Woody Allen. A écouter : « Fantaisie Roumaine ».
Noel Gallagher a reçu l’Award du meilleur album 2015, distinction attribuée par Q Magazine, le mensuel britannique de référence. La guéguerre « Blur vs Oasis » aura finalement tourné à l’avantage des seconds à travers le combat des chefs des deux formations, se soldant par la victoire de Noel Gallagher sur Damon Albarn ! On a attendu moins longtemps pour constater la supériorité évidente de Lennon sur McCartney ! A écouter : « Ballad of the Mighty ».
Neil Young a sorti son 36ème album studio, The Monsanto Years, disque de country rock pépère à laquelle les puristes préfèreront Bluenote café, sorti des archives de la tournée 87/88 du Loner avec son groupe de jump blues d’alors, le bien nommé The Bluenotes. Swing et notes bleues à tous les étages old school ! A écouter : « Twilight ».
Mais quitte à choisir le 36ème album studio d’un artiste sorti cette année, autant prendre celui de Bob Dylan, hommage intimiste au répertoire de Frank Sinatra. A écouter : « Autumn Leaves ».
A-ha et Coldplay ont sorti chacun de leur côté un nouvel album lumineux, pluie de lueurs norvégiennes pour les premiers et feu de Bengale océanien pour les seconds. A écouter : « Door Ajar » (A-ha) et « Hymn for the Weekend » (Coldplay).
Adele, la Whitney Houston des années 2000, a cassé la baraque avec son nouvel album – dont les ventes atteignent des records (6 millions d’exemplaires écoulés dans le monde en quinze jours) – porté par le tube « Hello », aux 700 millions de vues YouTube… Non mais hello, quoi ! A écouter : « I Miss You ».
Eagles of Death Metal sera à jamais associé à l’horreur des attentats du 13 novembre à Paris : le groupe jouait au Bataclan ce maudit soir. Les terroristes ont fait irruption pendant la chanson « Kiss the Devil ». Impossible de ne pas faire le lien avec le drame d’Altamont, festival rock pendant lequel, en 1969, un spectateur fut assassiné au moment où les Rolling Stones entonnaient « Sympathy for the Devil »… Mais le procès en satanisme ne tient pas : les Stones ne sont pas plus satanistes que les Eagles of Death Metal ne sont un groupe de metal. La panoplie rock regorge de ce genre d’élucubrations potaches, couchées sur papier après quelques verres de bières : de la provoc’ à deux balles de mecs bourrés ou défoncés. Les sources d’inspiration sulfureuses font partie du genre. L’album des Eagles of Death Metal et sa pochette hédoniste incarnent désormais une forme de résistance culturelle, politique et spirituelle à l’obscurantisme le plus barbare. A écouter : « Save a Prayer » (reprise d’un titre de Duran Duran).
Trois jours après les attentats, Manuel Valls a parlé de « génération Bataclan »… Encore une formule déplacée et vaine, symptomatique de la génération des politicards communicants. Une chose est sûre : il y a bien une « génération Golf Drouot », le club mythique où sont passées toutes les vedettes de la chanson française des années 60 à 80. Un coffret Golf Drouot célébrant le 60ème anniversaire de la naissance du temple parisien, en 5 CDs, vient de sortir ! Des Yé-yé au post-punk, l’objet nous permet de revivre 20 ans de rock français canal historique (de 1961 à 1981) ! A écouter parmi cette anthologie de 115 titres (versions originales studio) : « Tout feu, tout flamme » de Ange.
*Photo: Sipa. Numéro de reportage : REX40409594_000033.
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