James Bond n’est plus au service d’une reine et devient l’ombre de lui-même, dans une dernière aventure déconstruite…
À l’occasion du couronnement de Charles III, l’écrivain britannique Charlie Higson a été sollicité par la société Ian Fleming Publications pour écrire une suite aux aventures du plus célèbre des agents secrets de Sa Majesté. Le résultat est On His Majesty’s Secret Service, livre soporifique dans lequel James Bond est devenu un chantre du wokisme confronté à de méchants conservateurs dont l’un, possiblement inspiré par Nigel Farage, est décrit comme un réactionnaire de la pire espèce, promoteur des théories conspirationnistes au moment de la crise du Covid, adepte des « déclarations habituelles anti-migrants, anti-UE, anti-BBC », climatosceptique et transphobe.
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En même temps qu’il déjoue un complot contre Charles III, fomenté dans la vilaine Hongrie gouvernée par un vilain facho qui a « traîné son pays vers l’extrême droite », Bond a des états d’âme d’homme de gauche. Il réprouve le « populisme nationaliste d’extrême droite » et abhorre Orban, mais aussi Trump, Le Pen et Poutine. Il est tout chiffonné de constater que les réunions entre méchants manquent de « diversité » et que le chef des méchants est masculiniste, raciste et « validiste », la preuve : il n’y a pas de femmes, de non-Blancs, ni de handicapés dans son organisation. Bond ne court plus les jupons, mais a une relation amoureuse tourmentée avec une femme indépendante et indocile à la cuisse légère. « Allié » des féministes, il découvre que beaucoup d’hommes sont « toxiques ». Écolo, il exècre les gens qui protestent contre les pistes cyclables et qui doutent du « dérèglement climatique ». Immigrationniste et « ouvert », il a conscience du caractère néfaste de la notion de « grand remplacement ». Et ainsi de suite. De nombreux chroniqueurs d’outre-Manche ont critiqué vertement ce tract idéologique et regretté de voir leur héros national rabaissé au rang de porte-parole woke. Rassurons-les : dans dix ans, on continuera de lire le James Bond de Fleming alors que tout le monde aura oublié le James Woke de Higson.