Je suis en colère! Un sentiment qui dépasse la tristesse mais qui n’en est que plus douloureux, car il renforce le sentiment d’impuissance.
Pas parce qu’en tant qu’auteur de BD, je me sens solidaire de gens qui ont compté personnellement pour moi et qui ont participé à la construction de ma personnalité, par leur caractère gentil, lucide, drôle mais sans concession.
Non, je suis en colère pour ce qu’on leur a fait, tellement prévisible, et pour le traitement qui en est présenté en tentant d’occulter le fait musulman, dans la logique imposée de l’assimilation d’une religion à une race, afin d’en empêcher toute critique.
Les circonvolutions se succèdent et se ressemblent afin d’effacer tout rapport à l’Islam, à l’instar des voitures bélier de Noël. En traitant aussi, par exemple, l’immense Uderzo, qui dessine dans un hommage des babouches, de raciste. Lui qui en est l’exact opposé et est la tolérance incarnée.
Les « je suis Charlie » d’aujourd’hui étaient les premiers à excuser les manifestations de haine qui ont déferlé dans le monde musulman (pas Islamiste radical, j’insiste !) suite aux caricatures de Mahomet, et qui, pour rappel, ont occasionné des morts innocents vite oubliés.
Les « je suis Charlie “ d’aujourd’hui étaient les premiers aussi à tenter de faire taire ceux qui tiraient la sonnette d’alarme, qui parlaient du réel.
Les « je suis Charlie » d’aujourd’hui cautionnaient l’idée d’une loi anti-blasphème, héritée des périodes les plus obscurantistes de notre histoire.
La presse « officielle » prend grand soin en outre de passer sous silence les manifestations d’allégresse d’Egypte, de Tunisie, du Liban et…d’Europe dans certains « quartiers ».
Ces hommes ne sont pas morts pour la liberté d’expression. Appelons un chat un chat! Ils sont morts parce qu’ils s’étaient moqués d’une religion.
Alors, Mesdames et Messieurs qui nagez dans le sens du courant, ayez au moins la décence de la fermer! La bonne conscience doit rester cohérente!
Je sais que je me ferai encore insulter, « baquer » par des amis Facebook, mais je m’en fous.
Le réel n’est pas joli, ho non. Mais il existe. Alors qu’on partage sans compter la réaction de Dalil Boubakeur, ça rassure, on fait cependant peu d’échos de celles de responsables dans les pays musulmans, tel en Tunisie, où le ministre des Affaires religieuses appelle les médias à travers le monde entier à éviter de porter atteinte aux religions et au sacré.
On oublie également le procès intenté à Charlie par la Grande Mosquée de Paris, l’Union des Organisations Islamiques de France et la Ligue Islamique Mondiale.
Ceci dit, je tiens à préciser que je mets dans le même sac les connards qui brûlent les mosquées. Les extrêmes se touchent.
Moi aussi j’aimerais, comme l’a un jour écrit Elisabeth Lévy, ne fut-ce qu’un jour, être dans le camp du bien. Que cela doit être confortable et rassurant.
Mais c’est seulement en m’endormant que je peux m’imaginer être au pays des Bisounours. En fermant les yeux.
Malheureusement pour moi, au réveil, les yeux s’ouvrent.
D’autres se sont fermés définitivement, pour avoir refusé de regarder dans le sens du troupeau.
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