Certaines tapisseries qui ornent les murs de la Villa Médicis à Rome ne sont pas au goût du jour – c’est-à-dire au goût des décoloniaux. Mais ceux-ci auraient mieux fait d’examiner les œuvres de plus près…
La grande campagne pour « déconstruire notre histoire », selon l’injonction d’Emmanuel Macron, touche la Villa Médicis, cette auguste institution qui, avant d’accueillir des plasticiens dits « expérimentaux » et des écrivains politiquement corrects, a vu défiler Fragonard, Ingres, Berlioz et Balthus pour de fructueuses résidences artistiques. Certains des nouveaux pensionnaires se sentiraient « micro-agressés » par l’imagerie apparemment « coloniale » véhiculée par une série de tapisseries ornant le grand salon.
A lire aussi: A la carte du Centquatre…
Dans La Tribune de l’Art, Jérôme Delaplanche, l’ancien directeur du département de l’histoire de l’art de la Villa, alerte sur la menace qui pèse sur ces chefs-d’œuvre. Ces tapisseries ont été réalisées en 1687 par la Manufacture des Gobelins sur l’ordre de Louis XIV. L’ensemble, appelé La Tenture des Indes (c’est-à-dire, dans le vocabulaire de l’époque, les Indes occidentales, autrement dit, l’Amérique du Sud) reproduit des tableaux envoyés au roi de France par Jean-Maurice de Nassau-Siegen et représente les scènes d’une expédition hollandaise dans le nord-est du Brésil. Or, le 21 septembre a eu lieu un colloque ayant pour objectif de réévaluer les tapisseries à la lumière « du racisme, de l’esclavage et du passé colonial des nations ».
A lire aussi: Le musée d’Orsay, modèle de “décolonialisme”
L’absurdité de cette approche est évidente quand on sait que les Noirs qui figurent dans ces scènes ne sont pas du tout des esclaves, mais les ambassadeurs africains et leur entourage du royaume chrétien du Congo. Dans leur hâte de condamner, les décolonialistes se sont pris les pieds dans la tapisserie.