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Réponse à ceux qui doutent du changement climatique

L'actuelle croissance des gaz à effet de serre est inédite


Réponse à ceux qui doutent du changement climatique
Manifestation pour le climat à Stockholm, durant une réunion du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), 27 septembre 2013. ©Jonathan Nackstrand/AFP

De l’avis unanime des scientifiques, l’activité humaine accélère le réchauffement climatique. Même si les températures sur le globe ont toujours varié, l’actuelle croissance des gaz à effet de serre est inédite. La vie des générations futures s’en trouvera irréversiblement affectée. 


Le changement climatique est déjà une réalité. La hausse des températures pratiquement partout dans le monde est très probablement liée à l’augmentation des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre, dioxyde de carbone en tête, mais aussi méthane et protoxyde d’azote. Contrairement à ce qui se lit ici ou là, la physique de l’effet de serre est parfaitement comprise et la hausse des températures observée est en bon accord avec cette physique. D’ailleurs, les premières simulations climatiques publiées à la fin des années 1980 par James Hansen anticipaient une hausse des températures tout à fait conforme à ce que l’on observe.

Le climat a toujours changé, mais…

Certains objectent que le climat a toujours varié. C’est parfaitement exact. La Terre a alternativement connu des épisodes plus chauds et plus froids. Ainsi, il y a vingt mille ans, à l’époque des grottes de Lascaux, la température moyenne de la Terre était de cinq degrés plus froide qu’aujourd’hui. Le territoire de l’actuel Canada était alors recouvert de trois kilomètres de glaces et les Alpes formaient un immense glacier dont les ramifications coulaient jusqu’à Lyon. Le niveau des mers culminait 140 mètres plus bas qu’aujourd’hui. On voit donc que, pour la Terre, quelques degrés impliquent des modifications considérables du climat, des distributions de glace, végétation et espèces animales. Les changements « naturels » du climat sont liés aux caractéristiques de l’orbite de la Terre, à la tectonique qui modifie les reliefs et la distribution des continents, à la composition atmosphérique qui a pu être influencée par le développement du vivant, ou à la puissance du soleil. Toutes ces causes entraînent des modifications du climat infiniment plus lentes que le changement climatique actuel dont la cause est anthropique. Ainsi, on est passé du climat « froid » d’il y a vingt mille ans à un climat semblable à celui d’aujourd’hui en environ dix mille ans. On anticipe des changements de même ampleur sur le prochain siècle.

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Sur le dernier siècle, la Terre s’est déjà échauffée d’environ un degré, l’essentiel de ce réchauffement datant des années 1970. Le réchauffement va très certainement se poursuivre puisque la croissance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère continue à un rythme inchangé, voire croissant.

Les jours d’après

Les climatologues alertent donc sur les changements qu’ils anticipent et de leurs conséquences sur nos sociétés. Même si nous nous adaptons à des variations saisonnières de température de plusieurs dizaines de degrés, un changement de température moyenne d’un degré affectera la biodiversité. Surtout, les changements de température induisent des modifications de la circulation atmosphérique et du régime des précipitations. Il est certain que la pluviométrie va évoluer dans le cadre du changement climatique. Or, les sociétés humaines, de même que la biodiversité, sont adaptées à un certain niveau de précipitation. Toute modification significative, à la hausse comme à la baisse, perturbera cette adaptation.

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Certes, alors que des hausses de température sont anticipées pratiquement partout avec une bonne fiabilité, il reste de fortes incertitudes sur l’évolution des précipitations dans de nombreuses régions. Les simulations donnent en effet des résultats différents. Aussi ma compréhension des mécanismes du climat doit-elle progresser sur cet aspect, ce qui nécessite un effort de recherche. De même, l’évolution des événements extrêmes reste incertaine. On sait qu’une atmosphère plus chaude contient plus d’énergie. On peut donc s’attendre à des événements météorologiques plus violents bien que leur nature et leur localisation exactes restent indéterminées.

Le changement climatique, c’est maintenant !

En fin d’année 2018, le GIEC a publié le rapport spécial « 1,5 degré », commandé par les États lors de la conférence de Paris, fin 2015. L’objet du rapport était de dresser un état des lieux scientifique des impacts d’un climat à 1,5 ou 2 degrés plus chaud qu’à l’époque préindustrielle, et des trajectoires possibles pour y arriver. Le rapport montre qu’il y a des différences significatives entre les deux situations, qu’une augmentation de température supérieure à 1,5 degré n’est pas encore certaine du fait des concentrations atmosphériques déjà atteintes. Ce document explique aussi qu’une stabilisation du climat à ce niveau demande à l’ensemble des États des efforts énormes qui doivent être entrepris très rapidement.

L’étude indique par ailleurs que la lutte contre le changement climatique pourra avoir d’importantes retombées positives, en particulier sur la santé et la biodiversité. Il est donc encore possible de stabiliser le climat à un niveau auquel il sera possible de s’adapter presque partout dans le monde. Rappelons aussi que, même si on stabilise les températures, le niveau des mers va poursuivre sa montée pendant plusieurs siècles et qu’une hausse de plusieurs mètres est quasi certaine. Ainsi, certaines régions côtières sont, à terme, déjà condamnées. Plus généralement, les « générations futures » devront s’adapter au changement climatique provoqué par leurs ancêtres. L’enjeu est donc de limiter ce changement.

Le changement de société aussi

Cependant, si limiter le changement est possible, les modifications de société qu’il nécessite seront considérables. Il ne suffira pas de mettre les appareils électriques en veille et de placer les camions sur des trains. Il faudrait notamment laisser dans le sous-sol une grosse partie des combustibles fossiles, pourtant immensément utiles à nos sociétés.

Certes, la recherche sur le climat reste nécessaire afin de mieux anticiper les changements climatiques inéluctables, et ainsi pouvoir mieux s’y adapter. Cependant, le constat scientifique du changement climatique, de ses causes et de ses effets est largement assez probant pour que des mesures à la hauteur de ces immenses enjeux soient prises.

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Mars 2019 - Causeur #66

Article extrait du Magazine Causeur




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