Le musée du Luxembourg met à l’honneur les œuvres de jeunesse du Tintoret (1518-1594). Ce peintre vénitien superpose les formes et les couleurs avec une rare maîtrise d’exécution. Éblouissement garanti.
Cézanne, le patron de l’art moderne, qui l’admirait sans réserve, parlait de lui avec chaleur : « Vous savez, il me semble que je l’ai connu. Je le vois, rompu de travail, harassé de couleurs, dans cette chambre tendue de pourpre de son petit palais, comme moi dans mon cafouchon du Jas-de-Bouffan. » Il ne craint pas d’évoquer une rumeur, que rien ne permet d’avérer : Tintoret aurait eu des rapports incestueux avec sa fille Marietta, excellent peintre elle aussi : « Quand il quittait ses chevalets, paraît-il, il arrivait là, il tombait, épuisé, toujours farouche, c’était un grognon, dévoré de désirs sacrilèges… oui, oui… il y a un drame terrible dans sa vie… Je n’ose pas le dire… Suant à grosses gouttes, il se faisait endormir par sa fille, des heures. Seul avec elle, dans tous ces reflets rouges… Il s’enfonçait dans ce monde enflammé, où la fumée du nôtre s’évanouit… Je le vois… Je le vois… La lumière se dépouillait du mal[tooltips content= »Joachim Gasquet, Cézanne [1921], Cynara, 1988. »]1[/tooltips]. » Marietta mourut avant son père.
Le teinturier sensuel
L’exposition « Naissance d’un génie » rend parfaitement compte de l’ambition d’un jeune peintre, Jacopo Robusti dit Le Tintoret (1518-1594). De petite taille, fils d’un teinturier (Tintoretto),
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