À l’instar de la municipalité, Sciences-Po Grenoble est un vivier de militants islamo-gauchistes. Les syndicats étudiants y exercent un régime de terreur sur les professeurs et la direction qui préfèrent ne pas moufeter, par opportunisme ou conviction. Vue l’ambiance, mieux vaut ne pas déplaire. Les professeurs Vincent Tournier et Klaus Kinzler en ont fait les frais. Deuxième partie: témoignage de Klaus Kinzler, professeur agrégé de civilisation et de langue allemandes
Causeur. Vous attendiez-vous à ces insultes et à cet affichage public contre vous ?
Klaus Kinzler. Absolument pas. Je suis un libéral, autant économiquement et socialement. Cela fait de moi un oiseau rare dans un milieu où les gens sont majoritairement à gauche. Mais je ne m’attendais pas à être traité de fasciste. D’habitude pour m’insulter on me traitait plutôt d’« ultralibéral. »
Vous vous souvenez de signes avant-coureurs de cette emprise de l’extrême gauche à Sciences-Po Grenoble ?
C’est difficile à dire. Je crois que c’est surtout une question de génération. Avant, les professeurs avaient été formés à la vieille école, c’était des savants, ils avaient une conception exigeante de la science. Leur départ à la retraite a créé un appel d’air et beaucoup de jeunes professeurs ont été alors recrutés. Une partie de ceux-là sont très extrémistes dans leurs idées politiques et mélangent trop souvent recherche et militantisme. Or, l’affaire de Sciences-Po Grenoble a montré le pouvoir de ces enseignants et surtout l’emprise qu’ils exercent sur des gens qui ne sont pas radicaux, mais n’arrivent pas à trouver le courage de leur résister.
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Vous n’avez guère été soutenu par la direction ?
Disons qu’après la condamnation de l’affichage, le ton a vite changé, renvoyant tout le monde dos à dos. Il serait cependant faux de dire que la direction administrative de l’IEP est d’extrême gauche. La directrice de l’IEP, par exemple, est une personnalité modérée et je crois qu’elle aurait voulu refaire de l’IEP un lieu ouvert et de débats. Mais elle n’avait pas de majorité au conseil d’administration pour défendre ses vues raisonnables. En fait, son autorité était très faible et elle dépendait, et dépend, encore des « grandes gueules » de l’extrême gauche de l’institut, dont l’influence pèse sur le CA. Quand la crise est arrivée, elle a essayé d’amadouer tout le monde. Or déjà avec l’affaire dite « Sciences-Porc », on avait pu mesurer combien cette pondération frôlait la lâcheté. Cette initiative, qui appelait à la dénonciation sur les réseaux sociaux d’étudiants considérés comme sexistes, avait généré beaucoup d’abus. À cette occasion, la directrice avait déjà sacrifié ses convictions pour ne fâcher personne au sein du conseil d’administration. Là encore pas de sanction des abus, pas de débat. Le problème c’est que ce genre d’attitude offre une prime aux plus radicaux, qui ne sont souvent pas les plus représentatifs. À Sciences-Po Grenoble, il y a environ 70 professeurs permanents. J’estime à une vingtaine seulement les extrémistes. Le reste est raisonnablement de gauche, comme tout universitaire qui se respecte. Mais la majorité se tait, car s’ils contredisent ceux qui ont le pouvoir dans les CA, ils peuvent s’attirer beaucoup d’ennuis ; cela peut aller jusqu’à la perte des financements pour leur recherche. La plupart des profs se retirent du fonctionnement de l’IEP et se centrent sur leurs recherches.
Cette affaire a-t-elle nui à l’influence des enseignants-chercheurs situés à l’extrême gauche ?
Au contraire, cela les a renforcés. Il faut dire que Vincent Tournier et moi-même avons vu nos carrières affectées par cette histoire. Vincent a perdu son cours, j’ai été suspendu, nous avons dû nous battre en justice. Pendant ce temps, les étudiants ont été relaxés par le conseil de discipline, et personne au ministère n’a suggéré à la directrice, dont la gestion de la crise a été calamiteuse, de démissionner. Cela ne donne pas envie de résister puisque quand vous êtes victimes d’actes violents, non seulement vous perdez votre statut mais en plus, on finit par faire de vous un coupable, responsable de ce qui lui arrive. En réalité, l’urgence pour la direction de l’IEP était d’enjamber la crise, de faire croire que cette affaire était un accident qui ne disait rien de la réalité de ce qui se passe à Sciences-Po Grenoble. Il n’y a eu aucun retour sur la violence de cet affichage ou sur le climat de peur relevé par l’inspection lors de son enquête sur l’école. Lorsque la directrice évoque cette affaire, c’est pour la réduire – sans rire – à une campagne nauséabonde des médias nationaux et des réseaux sociaux visant à salir gratuitement l’image de l’institution. Il n’y a eu aucune remise en cause, pas de sanctions prononcées sinon à mon encontre. Le débat sur les retraites a montré à quel point l’emprise de l’extrême gauche restait puissante. Nombre d’étudiants actuels expliquent qu’ils ne disent jamais ce qu’ils pensent vraiment si ce n’est pas compatible avec la doxa de l’extrême gauche. Ils n’ont pas envie de faire l’objet de représailles sur les réseaux sociaux ou de devoir assumer le qualificatif de fasciste.
Quelles ont été les conséquences pour vous ?
J’ai simplement été mis à l’écart de l’IEP, « annulé ». D’abord à cause des menaces qui ont abouti à une mise sous protection policière. J’ai ensuite été suspendu puis j’ai subi le lot d’humiliations administratives dégradantes qui visent à vous éloigner en faisant en sorte que ce soit vous qui renonciez. Le rectorat m’a donc proposé un poste de professeur remplaçant dans un collège à 200 km de chez moi. Comme j’ai décliné cette proposition, on a fini par me caser dans un placard. On m’a confié une mission pour développer l’école à l’international, notamment en approfondissant les relations avec l’Allemagne, sauf que je n’ai le droit de parler avec aucun membre des universités allemandes. Dernière petite humiliation, j’ai obtenu la protection fonctionnelle en 2021. Celle-ci oblige normalement l’école à rembourser mes frais de justice. Or, alors que la procédure en première instance m’a déjà coûté plus d’une dizaine de milliers d’euros, l’IEP ignore mes demandes de remboursement. Il a pourtant déjà remboursé les frais de mon collègue, Vincent Tournier. Il est difficile de ne pas voir ce traitement comme une mesure de rétorsion. Dans ces conditions, je pense faire valoir mes droits à la retraite, car cette histoire finira par avoir des conséquences pour ma santé.
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