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C’est notre mort qui va être tirée au sort ?

C'est le devoir du président, en son âme et conscience, d'autoriser ou non l'euthanasie.


C’est notre mort qui va être tirée au sort ?
Sophie de Menthon, le 17/03/2010. / PHOTO: CAPMAN/SIPA / 00595896_000012

L’esquive démocratique d’un gouvernement qui a peur de son peuple : se décharger des choix ardus grâce au tirage au sort ! L’euthanasie, une décision du hasard.


C’est devenu une alternative démocratique que de confier au hasard les décisions qui devraient relever du président de la République, de son gouvernement ou du parlement. La « bonne idée » qui a permis de nous sortir de la crise des Gilets jaunes consistant à battre la campagne pour écouter le bon peuple, puis de constituer des conventions citoyennes est devenu un recours quand on ne sait pas quoi faire. Voilà qui permet de gagner du temps et de ne pas porter la responsabilité de ce qui sort de ces réflexions, quitte à choisir après ce que l’on supprime ! La mode des grands débats était lancée avec la convention citoyenne sur le climat.

La solution désormais est de tirer au sort ceux qui vont contribuer aux plus grandes décisions concernant le pays ; ce que proposait d’ailleurs la convention citoyenne ne fut (heureusement ?) que partiellement repris dans la loi climat. Un système qui a le mérite de mécontenter mollement, mais tout le monde !  On néglige les parlementaires, on démontre que le gouvernement n’a pas d’imagination ou du moins de bon sens… exemple : « ne plus chauffer les espaces publics », on ne l’aurait pas trouvé sans cet appel à la population. Cette méthode Ponce Pilate est un refus de décider au plus haut niveau, c’est plus inquiétant que rassurant ; la démagogie consistant à faire croire que les citoyens savent mieux, au nom d’une démocratie directe inspirée des réseaux sociaux est affligeante, voilà qui n’incite pas à aller voter.

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Ce type de choix politique renforce l’effet twitter qui consiste à laisser croire que monsieur tout le monde en sait autant que les plus compétents. Aujourd’hui c’est le discrédit jeté sur les scientifiques, sur les professionnels de tous les secteurs, parce que « je le vaux bien ». Ce choix de créer des groupes pseudo-représentatifs de personne, est plus grave encore que le sujet lui-même car cela signifie que nous basculons vers une forme de wokisme et d’équivalence coupable. Par ailleurs, c’est l’aveu que l’on a peur de la rue, c’est donc la meilleure façon d’encourager les opposants puisqu’on a peur d’eux. Tirer au sort des citoyens est la négation des compétences et une claque aux élites de toutes sortes, ce qui en enchante d’évidence certains qui revendiquent un nivèlement par le bas consistant à rejoindre une meute d’insoumis. On avait pourtant même failli supprimer les jurés populaires aux assises qui sont tirés au sort sur les listes électorales, ils sont maintenant encadrés par trois magistrats professionnels…

Voilà qui ajoute de la confusion à la confusion ambiante : aujourd’hui, c’est notre fin de vie qui va… être tirée au sort !  Avec un « comité de gouvernance » (nouveau) qui acte de la méthodologie (sic)… et que je t’embrouille un peu plus. L’euthanasie, quelles qu’en soient les formes est un grand sujet de société, mais justement faut-il laisser cette réflexion fondamentale et ce choix au hasard ? Que par la suite l’on consulte le personnel soignant spécialisé, les malades eux-mêmes, les familles… oui c’est nécessaire pour ajuster la mise en œuvre. En général, nos élus ne sont-ils pas supposés nous représenter ? Mais on n’y pense pas : peut-être faudrait-il tirer au sort les parlementaires !

Sur ces grands sujets de société c’est aussi là que l’on reconnait le chef de la Nation : Mitterrand, quoiqu’on en pense, n’a pas eu la main qui tremblait pour décider de supprimer la peine de mort et l’Histoire lui en sera à jamais reconnaissante.

Et Simone Veil, bataillant avec un courage inouï pour permettre aux femmes d’avorter ? Peut-on imaginer l’un ou l’autre se décharger de ces responsabilités historiques en les confiant à un loto démocratique ? N’est-ce donc pas l’occasion pour Emmanuel Macron de se comporter en vrai chef d’État, en choisissant en son âme et conscience d’autoriser ou non l’euthanasie.



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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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