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Pas une révolte partagée par nous toutes

Les César de la honte (pour les féministes)


Pas une révolte partagée par nous toutes
Florence Foresti (à gauche), a quitté la cérémonie, "écœurée", lorsque Roman Polanski a été récompensé © PIERRE VILLARD/SIPA Numéro de reportage: 00947498_000024

Beaucoup se réjouissent de la rupture des César 2020. Pas moi.


Chères offusquées par les César 2020,

Vous êtes celles dont le grand acte de rébellion vendredi 28 février fût de quitter une salle en criant à la honte pour l’une et se sentir «écœurée» pour l’autre.

Vous êtes celles que personne n’a obligées à venir ni à présenter cette cérémonie que pourtant vous critiquiez déjà depuis de longs mois.

Les idiotes utiles de la déconstruction

Vous êtes celles qui appelez désormais à juger une œuvre à la qualité morale de son auteur quand bien même celle-ci est indispensable au cinéma français.

Vous êtes aussi celles qui, sous couvert d’antiracisme, êtes les idiotes les plus utiles du communautarisme le plus mortifère qui soit. Celui-là même à qui l’on fait une ovation aux Césars quand, quelques années plus tôt, il a participé à une expédition vengeresse, et ce probablement au nom d’une religion qui, au même titre que toutes les autres, n’a jamais aimé la liberté et certainement pas celle des femmes.

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Vous êtes celles qui expliquez ceci à toutes les femmes dont vous défendez soi-disant le droit à ne pas être violée et/ou à mourir sous la main d’un homme: dans le cinéma français que nous célébrons chaque année, il vaut mieux être noir et condamné pour avoir participé à un crime d’honneur plutôt qu’un juif blanc de 86 ans, certes pas plus féministe mais clairement pas moins que le premier.

Vous êtes celles qui pardonnez les violences de fanatiques proches du salafisme tant qu’ils font de jolis films sur la banlieue. Vous êtes a contrario les pourfendeuses des mâles en cols blancs que vous haïssez au point d’en oublier parfois la cause que vous défendez.

Une drôle de troupe

Car vous êtes aussi celles que l’on n’a pas entendu, pas une seule fois, quand on a expliqué à Mila qu’elle les avait bien cherchées les menaces de mort.

Parce que Grands Dieux, à l’instar d’Aissa Maïga, véritable ayatollah de la tolérance, il ne faudrait quand même pas que vous vous compromettiez avec le «féminisme blanc» ! Celui-là même qui, sous couvert d’universalisme – un autre gros mot – vous a donné avortement, pilule et mini-jupes.

Parmi vous, il y aussi celles, qui à l’occasion d’un one woman show, expliquent que les tenus des chanteuses pop dans les clips musicaux font que nous sommes désormais dans «l’ère des putes» et que ce serait bien d’aller se rhabiller. Pour l’écœurement face au prix de Polanski on reviendra.

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Et enfin, vous comptez aussi dans vos rangs, celles qui, du haut de tous leurs privilèges de dames du cinéma d’auteur, détruisent la vie d’un homme en deux heures d’interview. Le tout sans porter plainte puisqu’après tout, la justice démocratique, c’est-à-dire la vraie, «ne fonctionne pas». La présomption de culpabilité c’est mieux.

Vous vous dites féministes mais vous n’êtes que des bigotes bien-pensantes et vous n’êtes #noustoutes que quand cela vous arrange. C’est-à-dire lorsqu’il faut geindre avant de réfléchir et quand il faut condamner avant de plaider. Vous n’êtes que mépris vis-à-vis de toutes les libertés qui ont été gagnées pour vous. Après tout, à quoi bon le droit quand on a quelques dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux ?

Le vrai féminisme ne peut être celui qui oublie les droits de chacun sur l’autel de la Mère Morale. Une vraie démocratie non plus d’ailleurs.

Un féminisme moralisateur

Vous faites honte aux Beauvoir, Veil et autres Groult qui, depuis leur tombe, doivent hurler de désespoir en voyant leurs idées enterrées dans le cercueil de votre bêtise moralisatrice.

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Par votre bruit inutile et geignard le soir des César et votre silence assourdissant quand il s’agit de défendre les femmes pour de vrai, vous tuez tous ces droits extraordinaires que nos ancêtres ont gagnés en notre nom. Votre vertu sélective n’est rien si ce n’est une hypocrisie sans nom qui met à terre ce que le féminisme a fait de plus beau.

Samantha Geimer, violée par Polanski en 1977 l’a dit elle-même il y a deux jours. Récompenser le réalisateur de J’accuse ce n’est pas cracher au visage du mouvement qui est en marche. C’est mépriser celui de toutes celles qui se sont rétablies et qui sont passées à autre chose.

C’est votre tartufferie qui tue et qui viole des femmes. C’est vous la honte. Pas les César.

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