Pour la deuxième année consécutive, Fanny Ardant sauve l’honneur des César. En 2020, elle a osé dire son amour à Polanski et cette année elle a eu le courage de célébrer les hommes. Coup de chapeau à l’une des rares artistes de cette soirée consternante et militante
« C’est une joie de fêter les acteurs. De célébrer les hommes. Leur dire qu’ils sont beaux, qu’ils sont braves. Qu’on rêve de les connaître. Qu’on désire les revoir. Qu’on n’a jamais oublié les émotions qu’ils nous ont données. Qu’ils nous ont fait rire et pleurer. Qu’ils nous ont énervées, mais qu’ils nous ont séduites. Et que… on les aime… on les admire. Et que… vivre sans eux, ça ne serait pas tout à fait vivre. » Voici les quelques mots prononcés par Fanny Ardant avant de remettre le César du meilleur acteur.
L’anti Corinne Masiero
Comme il en est maintenant coutume depuis que la culture est grandement remplacée par la lutte féministe et antiraciste, les César 2021 furent une grande tribune politique, dégoulinant parfois de bons sentiments, et parfois montrant férocement les crocs, bave aux lèvres, et réclamant vengeance. Le bal des révolutionnaires en carton-pâte s’est avéré tantôt pathétique, tantôt dur, sombre et lourd. Cela ressemblait au mieux à un comité d’épuration, au pire à une déclaration de guerre, ou l’inverse. Et la guerre, chez les cultureux, est inquiétante car on y voit des fascistes en peau de victimes et des collabos à perte de vue, mais en ce qui concerne la résistance, les rangs sont bien clairsemés ! Qui peut croire que ces gens sont là pour défendre l’art ? Qui peut croire que Corinne Masiero qui, nue, arbore fièrement écrit sur son dos « Rend nous l’art Jean ! », avec cette magnifique faute, défend la culture, elle qui, de manière si ostensible nous expose, pire que son cul, son peu de souci de la langue française ?
Gabin doit se retourner dans sa tombe
Les César ont au moins un mérite, celui de nous montrer chaque année la progression de la gangrène qui ronge le corps chancelant du monde des arts. Imaginez Gabin, Michel Simon, Jouvet, Suzy Delair, Françoise Rosay et Viviane Romance ressuscités une soirée le temps d’assister, dans leur fauteuil de l’Olympia, à cette cérémonie numéro 46 ! Je laisse à Michel Audiard le soin des dialogues. Ça commencerait par un Gabin laissant tomber sa cigarette, les yeux écarquillés : « Non mais dites-moi qu’je rêve … Qui est-ce qui m’a flanqué une bande de dégénérés pareils ? Ma parole, on est chez les maniaques ! Et dire qu’on m’a tiré de mon roupillon pour venir assister à c’te bal de tordus. Je préfère prévenir ! L’premier qui s’approche, j’y file une giroflée ! »
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Mais revenons à la triste réalité ! Voilà qu’après plus de trois heures de moraline double dose en suppo (car la blague pipi-caca était au rendez-vous), une créature divine vint pourfendre ces horribles flots de bêtise et de haine pour remettre l’art, la passion et l’amour au centre de la scène. S’avançant jusqu’au pupitre, Fanny Ardant ne semblait pas marcher, mais plutôt voler, comme dans les rêves, portée par on ne sait quelle force mystérieuse. Sa seule présence, par sa beauté, son chic et sa grâce, était transgressive au sein de la laideur politiquement correcte du cinéma français contemporain.
Clouer le bec au féminisme avec grâce
Lorsque l’on voit Fanny Ardant, on ne croit plus à l’égalité, on se dit qu’il y a des êtres d’exception. Les quelques mots qu’elle osa prononcer, ce cri d’amour et de soutien, furent ce soir-là les seules paroles libérées des lourdes chaînes de notre sinistre époque qui furent prononcées. Les seuls mots insouciants et passionnés. Ce fut une ode aux hommes et plus encore à la liberté. Comme l’année dernière, quand elle avait dit, ou plutôt chanté, car Fanny Ardant ne parle pas mais chante, son amour pour Polanski. Ce faisant, elle nous chantait son amour pour l’art et son mépris de l’ordre moral et de la meute. Cette année, au lendemain de la cérémonie et à ma grande surprise, pas un article de presse n’a été écrit sur son discours et impossible d’en trouver une vidéo, alors que la plupart des interventions militantes de la soirée avaient, elles, bien été relayées par Canal + sur YouTube. L’un des objectifs nouveaux des César est, paraît-il, la diversité : pas celle des paroles et des pensées en tout cas. Fanny Ardant, comme Gérard Depardieu, appartient à la race des grands et libres Monstres Sacrés. Ce soir-là, les baisers de Fanny, ce ne sont pas les rigides bottes de la morale qui les ont reçus, ce sont les hommes. Que peut leur importer la haine d’actrices fascisto-féministes, puisqu’ils reçoivent l’amour salvateur de la belle, de la sublime, de l’ardente Fanny Ardant.