France 24 suspend quatre journalistes arabophones, et assure dans un communiqué « l’attachement de ses antennes à lutter contre toute forme de discrimination ». Évidemment, presque aucun grand média n’a relayé l’information.
Quatre journalistes, travaillant pour France 24 en arabe (l’audiovisuel extérieur de la France, pour rappel), avaient publié des tweets révélant une haine obsessionnelle des juifs allant jusqu’à une admiration tout à fait sidérante pour Hitler.
La saleté légendaire du juif
Depuis août 2021, Joëlle Maroun est correspondante de France 24 à Beyrouth, au Liban. Mais ses contributions antisémites nombreuses sont, elles, plus anciennes. Ses employeurs n’auraient-ils pas pu les voir ? «Levez-vous, monsieur Hitler, levez-vous, il y a quelques personnes qui ont besoin d’être brûlées.» Elle a également parlé d’un grand barbecue (faisant toujours référence à Hitler), appelé chaque Palestinien à tuer des Juifs, ou évoqué «la tyrannie du juif et de sa saleté».
A lire ensuite, Frédéric Magellan: La boule au ventre…
Il y a aussi Laila Odeh, correspondante à Jérusalem, sœur d’un terroriste palestinien abattu en 1970, qui de son côté n’a pas de mots assez doux pour les « martyres » qui tuent des civils juifs. Ou Dina Abi-Saab, correspondante à Genève depuis 2016, qui s’émerveille quand des roquettes tombent sur des civils israéliens. Et enfin un quatrième journaliste, légèrement moins virulent.
Suite aux révélations d’une longue enquête de Camera (un organisme de veille médiatique sur le Moyen Orient), reprise en France par le site Infoéquitable, France 24 a annoncé l’ouverture d’un audit interne et la suspension des journalistes concernés.
Mis à part le dégoût qu’elle nous inspire, que dire de cette sombre affaire?
L’affaire est emblématique de la haine des juifs décomplexée qui, sous couvert de la critique d’Israël évidemment légitime, sévit dans le monde arabe et reprend à son compte les stéréotypes antisémites qui avaient cours dans l’Europe du XIXème siècle (les juifs étaient soupçonnés d’empoisonner les puits, entre autres joyeusetés).
A lire aussi, Elisabeth Lévy sur l’affaire Palmade: P. le maudit
Malheureusement, cette haine est aussi répandue dans une partie de notre jeunesse issue de l’immigration maghrébine (on se rappelle la publication du livre Les Territoires perdus de la République, en 2002). Or, une grande partie de la gauche (la gauche Mediapart, la gauche « Insoumise ») refuse de la voir quand elle ne l’excuse pas, au nom de la cause palestinienne – qui mériterait mieux.
Sans Gilles-William Goldnadel et sans CNews, je n’aurais jamais entendu parler de cette histoire. Les médias français, notamment publics, se sont passionnés pour la dernière crise à la BBC. Ils ont applaudi la réintégration d’un journaliste vedette, Gary Lineker, suspendu après avoir estimé que la politique migratoire de Rishi Sunak rappelait les années 30. Les journalistes des chaines publiques traquent le moindre prétendu dérapage sur CNews, mais n’ont pas eu un mot sur ces « journalistes » de France 24 pourtant payés par le contribuable, vous et moi.
Sur le Moyen Orient, il faut reconnaitre que beaucoup de journalistes français partagent le point de vue sommaire de nos confrères arabes – les outrances hitlériennes en moins. Selon eux, les Palestiniens sont des victimes. Eux et leurs défenseurs ne sauraient jamais avoir le moindre tort. Et c’est tout de même plus gratifiant de chercher des poux dans la tête d’Eric Zemmour !
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez notre directrice de la rédaction du lundi au jeudi dans la matinale, après le journal de 8 heures.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !