Depuis la fondation de l’université de Cambridge en 1209 – par des transfuges d’Oxford – il existe une très forte rivalité entre les deux institutions :
- – il y a la célèbre course d’aviron, la Boat Race ;
- – il y a les derbys de rugby, de football et de cricket ;
- – il y a aussi une rivalité en termes du nombre de prix Nobels décernés aux professeurs
Maintenant, il s’agit d’être l’université la plus woke.
Cambridge avait pris les devants dans les années 60-70-80 en devenant un centre d’études marxistes et ensuite un haut lieu de la French Theory – ce galimatias d’idéologies postmodernes. Plus récemment Cambridge a développé une cancel culture redoutable – dont une des victimes a été le psychologue canadien, Jordan Peterson – et promu des personnalités comme l’impayable professeur Priyamvada Gopal, célèbre pour son tweet l’année dernière, « White lives don’t matter. » Les vies des Blancs ne comptent pas.
Oxford et Cambridge se tirent la bourre
Maintenant, Oxford tente désespérément de rattraper son retard. Nous avons appris cette semaine que des étudiants du collège de Magdalen ont voté pour décrocher un portrait de la Reine, considéré comme un symbole de colonialisme.
Ici, un mot d’explication s’impose. Oxford est structuré comme l’étaient les universités du moyen âge. L’université en tant que telle organise les examens et délivre les diplômes. Les candidats, les étudiants, sont logés, nourris et préparés aux épreuves par les collèges, des fondations indépendantes. Autrefois, à Paris, le quartier latin était rempli de collèges de ce type dont la vaste majorité a été détruite par les précurseurs de Mme Hidalgo.
Donc, c’est à Magdalen College, au collège « de la Madeleine », fondé en 1458, fréquenté par Oscar Wilde, par Douglas Murray, l’auteur génial de la Grande Déraison et votre humble serviteur, que ce vote contre la Reine vient d’avoir lieu. En fait, il s’agit de la salle commune réservée aux doctorants et aux étudiants en master. En 2013, ces derniers ont acheté un portrait photographique de la Reine, sans valeur intrinsèque particulière, pour orner les murs. Ils viennent de décider de l’enlever. C’est leur strict droit. Ce qui choque, c’est la justification : la Reine serait une incarnation de « l’histoire coloniale récente », et sa présence au mur rendrait cette salle « peu accueillante » pour « certaines personnes. » Boris Johnson, un ancien du collège traditionnellement le plus gauchiste, Balliol, a condamné cette absurdité. Moi-même, je pense éliminer de mon testament le don que j’allais faire à Magdalen après ma mort.
Une tempête dans un verre d’eau?
Si cet incident a tout d’une tempête dans un verre d’eau, les mauvaises nouvelles volent en escadrille. Nous venons d’apprendre que 150 professeurs de l’université ont annoncé qu’ils allaient boycotter les étudiants d’Oriel College parce que cette institution a décidé de ne pas enlever la statue du célèbre colonialiste, Cecil Rhodes, qui trône sur sa façade. Rhodes, mort en 1902, enrichi dans les mines de diamants en Afrique du Sud et premier ministre du Cap, a été un bienfaiteur majeur de l’université. Il a notamment créé des bourses d’études pour une centaine d’étudiants étrangers, dont un grand nombre des anciennes colonies. Devenue un enjeu politique, la statue contribuerait elle aussi à créer un environnement peu accueillant à l’université. Posons la question : qui est-ce qui est mal accueilli aujourd’hui à Oxford ? Les statistiques pour 2020 montrent que 23.6% des nouveaux étudiants étaient non-blancs, bien au-dessous de la proportion de la population générale. Quel est le groupe le plus défavorisé aujourd’hui dans le système d’éducation anglais ? Contrairement à une opinion communément admise, les garçons blancs de milieu modeste.
Le premier devoir d’une université consiste à accueillir, non des idéologies politiques, mais la vérité.