Une cérémonie pour le meilleur et pour le pire, où d’indéniables moments de bravoure ont côtoyé la laideur la plus convenue.
Depuis quelques semaines, les “auteurs” de la cérémonie d’ouverture des JO se réjouissaient bruyamment dans la presse des surprises qu’ils nous réservaient. On devinait même, au fil des interviews des uns et des autres, accordées comme il se doit à la crème des médias bobo, que le metteur en scène Thomas Jolly, l’historien Patrick Boucheron, la romancière Leïla Slimani, la scénariste Fanny Herrero et l’animatrice Daphné Bürki – surtout elle d’ailleurs – éprouvaient un indicible plaisir aristocratique à se compter parmi l’élite sachant déjà tout du spectacle qui serait bientôt diffusé en mondiovision.
Vanitas vanitatum ! Au lendemain de l’événement, force est de constater que ce ne sont pas les petits secrets de ces quelques happy fews auto-satisfaits qui resteront gravés dans les mémoires des téléspectateurs. Les moments les plus marquants des quatre heures de show sont totalement étrangers aux travaux de l’équipe artistique. Car l’idée de faire défiler les 200 délégations nationales à bord de bateaux sur la Seine n’est pas la leur. Pas davantage que celle de faire aboutir le parcours de la flamme olympique au pied d’un ballon stationnaire amarré dans le jardin des Tuileries, lieu de décollage historique des premières montgolfières au XVIIIème siècle.
Pour autant, il faut reconnaître que de nombreuses séquences signées par Joly et ses camarades furent très réussies : le french cancan des danseuses du Moulin rouge sur le quai d’Orléans ; le Ah ça ira ! entonné à bord d’une caraque, ce bateau emblématique de Paris, par la mezzo-soprano franco-suisse Marina Viotti accompagnée du groupe de rock metal français Gojira ; la pièce de ballet contemporain, imaginée par la chorégraphe Maud Le Pladec (directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans) et interprétée par 420 danseurs venus des quatre coins de la France devant un Hôtel-Dieu paré pour l’occasion de milliers de bandes dorées et argentées ; le show laser, évoquant les meilleures heures de Jean-Michel Jarre dans les années 80, à la tour Eiffel ; et bien sûr, le point final : Céline Dion chantant L’Hymne à l’amour d’Édith Piaf pour clôturer la soirée de la façon la plus classique et humaine qui soit.
Mais pourquoi diable avoir rajouté, entre ces moments de grâce, tant de séquences pathétiques ? Qui a cru subtil de se moquer lourdement, dans un pays qui a aboli la peine de la mort, de la pauvre Marie-Antoinette, en la montrant décapitée à une fenêtre de la Conciergerie, le lieu même de son abominable martyre ? Comment ne pas se croire en Corée du Nord devant la célébration en carton pâte des “femmes inspirantes” dont Olympe de Gouge, Gisèle Halimi et Simone Veil ? Et ne parlons pas de l’interminable show LGBT+ sur la Passerelle Debilly. Une consternante démonstration de conformisme woke, avec femmes à barbe de rigueur.
La ville lumière est sans aucun doute un haut lieu du travestissement et de l’excentricité sexuelle. Seulement, le chevalier d’Eon, George Sand, Rrose Sélavy et Michou ont dû se retourner dans leur tombe durant cette bacchanale sans inventivité, qui aurait pu aussi bien se jouer à Las Vegas, Berlin ou Sydney. Cerise sur le gâteau, son point d’orgue fut une parodie kitsch de la Cène de Léonard de Vinci, manière confortable de gifler sa grand-mère et surtout de confirmer combien les rebelles officiels ont besoin du christianisme honni s’ils veulent donner à leur existence plus d’épaisseur qu’un projet marchand de discothèque à plein temps.
Enfin et surtout, si on porte un regard woke sur la cérémonie d’hier, on ne peut que remarquer une chose : les personnes “racisées”, soit les victimes systémiques de l’Occident à en croire les Insoumis, ont presque toutes été employées hier dans les moments faits d’ordre et de solennité : pendant la Marseillaise (interprétée par la talentueuse Axelle Sait-Cirel, d’origine guadeloupéenne), au cours du relais de la flamme final, avec des légendes du sport telles que Zinédine Zidane, Teddy Riner et Marie-José Pérec, mais aussi bien sûr à chaque fois qu’un athlète du Sud global, en costume national pré-colonial, brandissait fièrement son drapeau.
Pas question pour les auteurs de la cérémonie de demander à des non-blancs de se prêter à quelque orgie décadente… Oh pardon, il y avait certes une drag queen noire, mais qui portait, tel un transfuge de race, une perruque blonde ! Bref le message adressé au reste du monde était limpide : nous avons une capitale superbe et accueillante, des traditions magnifiques et universalisables, et une ouverture aux autres inédite dans l’histoire. Mais la population de souche de la ville est au ras des pâquerettes, ne sachant plus où elle habite. Alors, venez vite la remplacer !