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Quand la céramique d’art s’en va en eau de boudin

Amis céramistes, j’ai peur pour vous…


Quand la céramique d’art s’en va en eau de boudin
Une exposition de l'artiste Elsa Sahal à Toulouse, en 2014. © REMY GABALDA / AFP

Vous ne vous intéressez pas à la céramique ? Causeur, oui. Un art qui part en eau de boudin… et en jus de cerveau !


Vous, les céramistes que j’aime, parce que vous avez une intelligence de la main et du cœur, un savoir-faire, un métier, une connaissance sensible et intime de la matière, une inventivité dans la technique que vous savez maitriser pour qu’elle devienne écriture plastique propre et mise en forme personnelle… Vous, mes amis, je commence à craindre pour vous, quand, en feuilletant la Revue de la céramique et du verre, je constate la présence de plus en plus fréquente des produits andouillomorphes d’une sorte d’esthétique charcutière des plus grossières, soutenue à fond par la pensée artistique institutionnelle, au nom de la déconstruction progressiste en vogue dans les réseaux de l’art dit « contemporain ».

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Jusqu’à maintenant, le domaine des « métiers d’art » ou de « l’artisanat d’art » avait été préservé de cette funeste « contemporanéisation » qui a ravagé des pans entiers de la création d’aujourd’hui. On n’avait pas encore vu d’ingérence ou d’intrusion des plasticiens de l’immatériel conceptualiste dans ce domaine du travail manuel et de la matérialité sensible, que leur pure intellectualité méprisait ou ignorait jusqu’alors… Tout au plus employaient-ils les artisans d’art comme tâcherons sous-payés pour ne pas se salir les mains et résoudre des problèmes techniques qui les dépassaient. Ainsi l’incompétence verbeuse et l’arrogance de ces purs cerveaux les maintenaient-elles à distance du petit peuple des « artisans » des métiers d’art.

Foutage de gueule 

Mais voilà, il semble bien que, depuis peu, la pensée conceptualo-bidulaire s’ingère, s’encanaille et s’épanouisse comme une espèce invasive dans l’espace de la céramique et du verre (et autres matériaux)… Il s’agit, comme toujours, pour ses tenants patentés, d’introduire de la modernité, de la créativité, du dépassement des règles, de casser les codes et de rafraîchir le milieu… Et pour cela, rien de tel que le bon et coutumier foutage de gueule déconstructif, interpellatoire, sternutatoire et subversif…

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Ainsi les productions céramiques bidulaires tirebouchonnées aussi niaises techniquement et artistiquement que les pâtes à modeler ou les crottes de nez enfantines, commencent-elles à envahir Fonds Régionaux d’Art Contemporain, Musées, Salon de Montrouge et circuits de la spéculation financière, à travers les galeries internationales de type Papillon ou Marcel Duchamp, et les fondations du pastis Ricard ou de la Mutuelle Assurance des Instituteurs de France…

Glaireux, intestinal, fibromateux, placentaire, sexuellement tordu…

Parmi ces artistes de la « nouvelle céramique », il y a notamment les œuvres d’Elsa Sahal qui font un tabac sur les réseaux de l’art bureaucratico-financier déconstructif. Il faut dire que leur caractère glaireux, intestinal, fibromateux, placentaire, sexuellement tordu, etc., a tout pour plaire aux esthètes psycho-vicelards qui font la majorité des spéculateurs sur l’art, tant cérébraleux que pognoneux. Je vous en livre deux images : la n° 1 que j’intitulerais : « Placenta d’éléphante bleue venant d’accoucher d’une chaise ». La n° 2 : « produit d’hystérectomie totale »… Pour ce qui est l’œuvre n° 3 de la moins connue Hélène Mougin, je l’intitulerais « le cauchemar polychrome du plombier urgentiste ».

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Qu’a-t-on fait au Bon Dieu pour qu’on nous inflige de telles laideurs et débilités surjouées ? Au nom de quel principe l’Etat français doit-il faire la promotion de telles excrétions de son appareil culturel ? Les bons artistes de la revue de la céramique et du verre (que j’ai connue plus exigeante et cohérente du temps où sa fondatrice la dirigeait), méritent-ils de côtoyer de telles vomissures ? La revue aurait-t-elle besoin de telles concessions à la mocheté pour attirer l’attention de l’institution et flatter ses sbires koonsolâtres autant que les oligarques russes incultes ? Et quel bénéfice attendre de ces signes d’allégeance à l’inepte dominant ?

Un rite d’initiation morbide

Plus globalement : pourquoi cet art (génétiquement plus de gauche que de droite…) se doit-il d’être de hideur, de déplaisir, de perversité, d’abject, de pathos, de grotesquerie, d’impudence, de pédantisme, de commisération, de questionnement sociétal, de déconstruction, d’éradication du contenu, de torsion du sens, de torture cervicale, de dérision, de kitsch, d’irrespect de soi, de morbidité et de négativité ?

Tout se passe comme s’il y avait un prix à payer de l’ordre de l’humiliation, un douloureux rite d’initiation à passer pour entrer dans la caste des initiés au rien, dans la classe des virtuoses de la spéculation intellectuelle à vide, dans la classe « dirigeante » de l’absurde artistico-financier en faisant la preuve de son allégeance à celle-ci… 

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