Alors que tout le monde se demande si Marine Le Pen s’apprête à voter la censure avec LFI pour l’égo, pour le budget ou pour le calendrier judiciaire, Emmanuel Macron promet qu’il ne démissionnera pas. Et on ne sait pas qui il nommerait à la place de Michel Barnier à Matignon.
La société marchande a outrageusement dévoyé le calendrier chrétien de l’Avent, le pervertissant en une opération marketing où le mauvais goût le dispute à la frénésie du tiroir-caisse.
La Ve République dans l’impasse
En revanche, on chercherait en vain à dénicher ici ou là ce qu’il serait convenu d’appeler le calendrier de l’après. Le calendrier ainsi, d’ailleurs, que le menu des réjouissances à attendre. Cet après est bien sûr l’après gouvernement Barnier. Que sortira-t-il du chaudron en ébullition de la grande cuisine politicarde ? Qui, quoi, quand, comment, pour quoi faire, avec qui ? Les premiers intéressés, les personnages prétendus compétents ne semblent pas vraiment avoir de réponses sur ces différents points, ni même être capables de maîtriser le grand foutoir qu’ils lèguent ainsi au pays. Ce serait pourtant la moindre des choses qu’on serait en droit d’exiger de leur part. Puisqu’il paraît que gouverner c’est prévoir, il serait plus que souhaitable qu’ils nous fassent partager ce qu’ils ont « prévu », justement. Probablement, en sont-ils incapables, n’ayant il est vrai aucune vision prospective allant plus loin que le bout de leur nez et de leur ambition personnelle. Même doté d’un appendice nasal à la Cyrano et d’une ambition à la Mélenchon, c’est effectivement bien court en regard de la destinée d’un pays et de son peuple. On les écoute, on les entend. On ne peut que leur reconnaître un grand sens de l’hypocrisie, un tout aussi grand sens du retournement de veste, de la trahison des engagements pris, un sens également remarquable du mépris de la vérité, le sens encore de la conviction à géométrie variable. Bref, une infinité de douteuses capacités dont, cependant, la découverte ne saurait être une réelle surprise pour qui suit ces gens depuis quelques décennies.
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Bref, de tous les « sens » dont on pourrait dresser ici le catalogue, il ne leur en manque qu’un seul, au fond : « le sens de l’État ».
Barnout !
Dommage. Il ne semble pas qu’il puisse surgir, s’offrir, s’imposer, ce sens si précieux, à l’ouverture d’une des petites fenêtres d’un de nos si nombreux et si variés calendriers de l’Avent. Au fait, l’Élysée a-t-il le sien ? Si oui, ce serait bien que, en cette période miraculeuse, ce sens-là s’y soit glissé. Et fasse soudain irruption. Berçons donc ce rêve.
Rêve désespéré, sans aucun doute. Aussi, redevenons un peu sérieux un instant et reconnaissons que notre classe politique, ces dernières semaines, a, dans une harmonie aussi surprenante qu’admirable, œuvré à faire progresser à travers tout le pays un comportement citoyen qui, déjà avant ces épisodes abracadabrantesques, ne faisait que prospérer : l’abstention. En effet, on ne nous sortira pas de l’idée que, de tous les choix possibles lors des dernières consultations électorales, c’est bien là le seul qui ne se trouve pas aujourd’hui lamentablement trahi, détourné et comme foulé aux pieds.