Le cas de Louis-Ferdinand Céline n’est certes pas unique. Il reste toutefois emblématique de la confusion intellectuelle et morale qui gagne, de façon plus ou moins subreptice, tous les domaines de notre civilisation.
Toutes les époques ont, certes, connu et célébré des créateurs dont l’éthique personnelle était loin de correspondre à leur vision esthétique. Ainsi le compositeur italien Carlo Gesualdo de Venosa, prince et meurtrier, reste le célèbre auteur de madrigaux toujours interprétés. À la même époque, mais en peinture, un autre Italien, le Caravage, exerça une grande influence en dépit de ses mœurs sulfureuses. Quant au réalisateur de cinéma Roman Polanski, il défraya récemment la chronique par ses frasques amoureuses, au point de porter ombrage à sa réputation pourtant bien établie. Ce ne sont que quelques exemples, puisés à travers les siècles, de ce divorce, somme toute plus fréquent qu’on ne croit, entre l’homme et l’œuvre.
Le cas Céline
Pour s’en tenir à la seule littérature, Villon n’était pas un enfant de chœur – mais quel poète admirable ! Rousseau, auteur d’Emile ou De l’éducation, plaçait ses enfants à l’Assistance
