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Cécilia, le retour


Au lendemain de l’élection présidentielle, Le Monde affichait en « une » la photo du nouveau président au côté de sa compagne, comme si les Français avaient voté pour le ticket Hollande-Trierweiler. Il est vrai que l’intéressée ne dit pas non : à en croire ses premières déclarations, notre première dame semble penser qu’elle a, autant que son « compagnon », été adoubée par le peuple souverain.[access capability= »lire_inedits »]

Dans le portrait élogieux brossé par son amie et consœur, Anne Fulda, aussi bien que dans les colonnes de Match ou du Time, elle dévoile sans ambages sa volonté « d’inventer la fonction et peut-être une autre expression que celle de « première dame » » − le concours est ouvert, chers lecteurs. Certes, elle veut bien « représenter l’image de la France, faire des sourires nécessaires, être bien habillée » (trop cool !), mais attention, « il ne faudra pas que ça s’arrête à cela ». Bref, pas question de jouer les « potiches ». Première dame, c’est trop ringard pour une femme moderne, trop étriqué pour une femme libre, trop plan-plan pour une femme d’action.

Et pourtant, qu’elle le veuille ou non, potiche, elle le sera forcément un peu parce que, sans vouloir offenser personne, c’est quand même une partie du job. Désolée, mais ce n’est pas moi qui vais inaugurer l’arbre de Noël à l’Élysée ou faire la causette avec les autres potiches à Buckingham ou Camp David.

Mais reprenons son propos. On suppose que, malgré son amour pour le plus beau métier du monde, elle n’osera pas reprendre ses activités de journaliste en jouant l’air « Lui c’est lui, moi c’est moi » − dans le style, elle serait plutôt « Lui c’est lui, moi c’est lui »… Passons. En dehors de l’incongruité qu’il y a à vouloir dépoussiérer une fonction qui n’existe pas, ce qui frappe, c’est son aspiration à la politiser. Lorsqu’elle a viré Julien Dray, qui était pourtant invité, du QG de campagne où se déroulait la mue du candidat en président, toute la France, sans distinction d’opinion, a pensé : « De quoi j’me mêle ? » L’empressement avec lequel elle a revendiqué cette action héroïque laisse penser que Valérie Trierweiler ne sera pas une femme de l’ombre. Son comportement rappelle furieusement celui de Cécilia black-listant celui-ci et pistonnant celle-là. À ceci près que, pour des raisons qui ne nous regardent pas, cet interventionnisme se déploya surtout avant l’élection de 2007.

La présidente fait le ménage, donc. Julien Dray n’aura pas eu le temps de demander pardon pour sa légèreté : dehors ! On se demande si notre First Lady a barré de la liste les noms des ministres putatifs qui avaient eu le malheur de lui déplaire. Ou si elle s’envolera prochainement pour Mexico afin d’arracher Florence Cassez à sa prison. On imagine qu’en ce cas, Benoît Hamon, qui avait été ulcéré par l’intervention de Cécilia dans le dossier des infirmières bulgares, ne mâcherait pas ses mots. Quant à Arnaud Montebourg, recyclerait-il son aimable formule de 2007 en s’exclamant : « Le problème de Hollande, c’est sa compagne… » ?[1. Le 18 janvier 2007, au « Grand Journal » de Canal+, Arnaud Montebourg, alors porte-parole de Ségolène Royal (alors compagne de François Hollande), avait lancé cette phrase à son propos : « Son principal défaut, c’est son compagnon. »]. Bien sûr, rien de tel ne se produirait, puisque le changement a eu lieu et que tout ce qui était condamnable en Sarkozie deviendra admirable en Hollandie. En tout cas, notre nouveau président est peut-être vraiment normal : un homme qui a peur de sa femme. Ou qui la laisse parler pour avoir la paix.[/access]

Mai 2012 . N°47

Article extrait du Magazine Causeur



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