Cécile Duflot est ministre de la République. Elle aimerait qu’on la prît au sérieux, lorsqu’elle se déplace, lorsqu’elle monte à la tribune, ou quand elle prend la parole devant un auditoire. On distingue nettement deux sortes de Français : ceux qui l’ignorent, ceux qu’elle irrite. Les premiers sont plus nombreux que les seconds, mais ceux-là, dès qu’ils la connaissent, rejoignent les rangs que forment ceux-ci !
Récemment, elle annonçait, avec force publicité, des actions énergiques en faveur du logement social : l’État céderait des terrains à vil prix, et l’on y bâtirait de beaux appartements exclusivement destinés aux pauvres, aux Roms, aux sans-emplois, parmi lesquels Richard Millet, dont tout Paris espérait alors qu’il serait remercié par son employeur sous la pression des grandes consciences françaises. Las ! On apprenait que nombre de ces terrains étaient, pour certains déjà vendus, et, pour quelques-uns, construits… de logements sociaux ! Mme Duflot a repris sa liste, non sans en promettre une nouvelle, actualisée, avant la fin du mois de septembre !
Craint-elle qu’on l’oublie ? Depuis deux semaines, elle veut être vue, elle parade, elle plastronne. Elle se montre partout en présence du premier ministre, tout près de lui, approuvant de hochements de têtes et de sourires complices la moindre de ses suggestions. Dit-il qu’il pleut, alors que le soleil brille ? Elle sort son parapluie ! Prétend-il que la nuit vient après le jour ? Elle pâme devant tant de perspicacité, répétant à l’envi qu’avec un tel homme la France est sauvée ! Dans mon collège, autrefois, on l’eut traitée de fayote.
Faut-il voir dans ce zèle une ambition ministérielle plus grande ? Vise-t-elle un maroquin régalien ? L’Intérieur ? Impossible : Manuel Valls, le bel hidalgo, y est pour longtemps, et il porte les chaussettes à clous avec trop d’élégance pour que Mme Duflot puisse seulement espérer lui succéder. Enfin, malgré un aplomb bien digne de la fille aînée de Mme Voynet, elle perçoit, même vaguement, qu’elle susciterait plus que de l’ironie de la part des rudes gaillards chargés du maintien de l’ordre ! Ministre des finances ? Elle confond macrobiotique et macroéconomie ! Ministre des affaires étrangères ? Bien que « diplômée en géographie », elle confond les hémisphères ! Garde des sceaux ? Conseillée par Eva Joly, elle inculperait la moitié du gouvernement !
Mais alors pourquoi cette omniprésence auprès du chef du gouvernement ? Il se murmure qu’elle briguerait la mairie de Paris, qui ne peut se gagner qu’avec l’investiture du Parti socialiste. La chose est arrivée aux oreilles d’Anne Hidalgo, qui, elle aussi, et depuis plus longtemps, songe sérieusement à succéder à M. Delanoë. Piquée au vif, la belle Hidalgo a mobilisé ses troupes et pris des initiatives, telle la création d’une association baptisée « Oser Paris », présidée par M. Jean-Louis Missika. Nous avions déjà « Oser le clitoris » : ils osent tout, c’est à cela qu’on les reconnaît, disait Michel Audiard !
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