Faire le tri dans les propos de Hassan Nasrallah est une manière de lui donner un vernis d’intelligence supérieure, sans remarquer que les contre-vérités qu’il assène polluent encore davantage et efficacement les esprits arabophones. Alors, oui : voyons tout ce qu’a vraiment dit le chef du Hezbollah.
Son Éminence, comme l’appellent ses partisans, est une figure absolutiste qui n’a son pareil qu’en Iran en la personne du Guide Suprême. Secrétaire général du Hezbollah, « Seigneur de guerre » et chef de fait d’un groupe parlementaire libanais, il a acquis un ample auditoire dans le monde musulman, chiite comme sunnite, vers lequel il distille des messages de mort envers les Juifs. Le 3 novembre, il a livré au monde son explication de l’opération « Déluge d’Al Aqsa » du 7 octobre, durant une heure et 20 minutes[1]. Le Moyen-Orient était pendu à ses lèvres. Les Occidentaux ont également écouté, non sans inquiétude.
Certains aspects de son discours, restés généralement sans commentaire dans la presse, nous éclairent sur sa pensée. Ils témoignent de la notion d’« ambiguïté stratégique », où l’on n’annonce jamais clairement l’ensemble de ses plans. Cette guerre contre l’entité sioniste se gagnerait en marquant suffisamment de points, donc nul besoin de faire face à toute la puissance de l’ennemi en un seul coup, dit-il. La marine américaine ne lui fait pas peur non plus, car il a les moyens de la détruire – un bluff assez creux. Enfin, il se surpasse lorsqu’il
