Découvrez le sommaire de notre numéro de février
L’ordre puritain est en marche. Au nom de l’égalité et de la justice, les progressistes et les néoféministes traquent le moindre écart par rapport à leur idée de la morale sexuelle. Ils censurent toute expression d’un quelconque fantasme érotique. La sexualité doit répondre à l’impératif de transparence, et les rapports homme/femme à une charte aseptisée. À la différence du communisme et d’autres systèmes dystopiques, nous dit Élisabeth Lévy, « le féminisme sera peut-être, pour notre malheur à tous, la seule révolution de l’histoire qui réalisera son programme ». Le verdict de Mathieu Bock-Côté, interviewé par notre directrice de la rédaction, est sans appel : « On nous condamne à un monde désexualisé, puritain et insultant ». Pour lui, les néoféministes ne cherchent pas simplement à bannir le sexisme. Elles rêvent de proscrire la sexualité, voire d’abolir la différence des sexes. Le titre de son nouveau livre dit tout de leur approche : Le Totalitarisme sans le goulag. Brigitte Lahaie, ancienne star du X, à présent animatrice sur Sud Radio, explique à Jean-Baptiste Roques que le mouvement #MeToo, loin de libérer la parole, a imposé de nouveaux tabous sexuels à la société. Jugement confirmé par le livre qui vient de paraître sous la plume de la journaliste Noémie Halioua, La Terreur jusque sous nos draps. Cette histoire critique de la guerre des sexes déclenchée par #MeToo, que Frédéric Magellan a lue pour nous, montre que ce mouvement se retourne contre celles, les femmes, qu’il était censé défendre. La philosophe et psychanalyste, Sabine Prokhoris, qui vient de publier Qui a peur de Roman Polanski ?, passe en revue les poètes et blagueurs, de Rabelais à Samuel Beckett en passant par les jargonneurs, qui risquent d’être les victimes des nouveaux censeurs. Il en va de même des acteurs, selon Jean-Marie Besset ; pour exercer ce métier désormais à risque, il faut accepter d’incarner un troublant objet du désir. Vous avez dit présomption d’innocence ? Jean-Baptiste Roques répertorie les non-lieux et acquittements de people dans différentes affaires sexuelles qui ont marqué l’année 2023.
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Dans son édito du mois, Elisabeth Lévy se penche sur la résolution votée par le Parlement européen, le 17 janvier, visant à promouvoir une « conscience historique européenne » en favorisant un enseignement qui rompe avec « les stéréotypes et les vaches sacrées des histoires nationales ». L’extrême-gauche, à l’origine de la résolution, n’a pas apprécié qu’un amendement prolonge la liste qu’elle avait dressée des responsables des crimes du passé en ajoutant aux régimes nazi, fasciste et coloniaux ceux du communisme. Conclusion ? « Le grand rêve européen n’est pas de se réconcilier avec son passé, mais d’en finir avec lui ». Emmanuelle Ménard, députée « divers droite », raconte les hauts et les bas de sa vie à l’Assemblée, notamment la façon dont le Conseil constitutionnel a éviscéré la loi sur l’immigration pourtant votée par le Parlement. Elle suggère au chef de l’État que, à l’avenir, il demande au Conseil constitutionnel, non de censurer les lois mais de les rédiger. « On gagnerait du temps ». Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire de cette haute juridiction, analyse les arguments avancés par le Conseil pour justifier sa décision. Selon lui, leur formalisme cache mal un parti pris politique.
Quelle que soit la solution à court terme que le gouvernement apporte aux problèmes des agriculteurs, la colère de ces derniers représente plus qu’une révolte passagère. Telle est la thèse de Humbert Rambaud et Vincent Piednoir, rédacteurs du magazine Jours de Chasse et auteurs de L’Ouverture de la chasse. Une philosophie, une culture. Pour eux, il s’agit d’un bouleversement civilisationnel, voire anthropologique. Dans la France de Bruxelles, les travailleurs de la terre n’ont plus leur place. Se confiant à Céline Pina, François-Xavier Bellamy, eurodéputé et tête de liste LR aux prochaines élections européennes, accuse la majorité macroniste de tenir un double langage sur l’agriculture, en soutenant à Bruxelles une règlementation qui étouffe les paysans, tout en prônant à Paris une simplification censée les soulager. Pour Ivan Rioufol, ce n’est pas avec un « plan de lutte contre l’infertilité » que le chef de l’État pourra stopper la chute de la natalité française. Le choix d’Emmanuel Macron de résister au RN par une « lutte contre l’immigration clandestine » avalise l’immigration légale. Tout reste en place pour achever la dilution du pays.
A lire aussi, Ivan Rioufol: Le grand effacement, ou comment la France peut disparaître
Pour avoir dénoncé dans son pays l’entente tacite entre les militaires et les islamistes, le romancier et essayiste algérien, Boualem Sansal, est devenu la cible d’un parti dévot et la bête noire du pouvoir. Se confiant à Elisabeth Lévy, Gil Mihaely et Jean-Baptiste Roques, il estime que l’islam a tué la culture et tire pour nous la sonnette d’alarme : la France est en pleine régression et a atteint un point de bascule. Peut-on toujours croire à la « solution à deux États » pour résoudre le conflit israélo-palestinien ? Gil Mihaely nous rappelle qu’elle est sur la table depuis 1947 et que ses premiers opposants étaient les Arabes de Palestine. Si d’autres issues politiques sont sûrement possibles, il faut d’abord que la région soit débarrassée de ses islamistes. Gilles-William Goldnadel vient de publier son Journal de guerre qui, nous dit Jean-Baptiste Roques, dévoile les coulisses de son combat quotidien pour défendre Israël dans les médias.
Qui est l’économiste le plus populaire de France ? Charles Gave gagne sa vie en prédisant l’avenir, et en entretenant un certain art de surprendre – n’est-il pas un actionnaire de Causeur ? Son nouvel essai, La vérité vous rendra libre, est numéro un des ventes dans la catégorie « Économie » sur Amazon depuis deux mois. Il met en garde contre le risque d’effondrement financier de l’État providence européen. Son livre est analysé par Gil Mihaely, et l’auteur est interviewé par Jean-Baptiste Roques à qui il annonce que « la social-démocratie européenne va disparaître ». En nous proposant une autre lecture de notre époque, le président de l’Institut des libertés se distingue de la plupart des autres économistes qui sont aussi plats et prévisibles que ChatGPT. Stéphane Germain confirme le diagnostic : la social-démocratie subit sans doute les assauts de ses ennemis intérieurs et extérieurs – Gafam ou États voyous – mais se meurt plus probablement d’avoir organisé sa propre chute.
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Envie d’un pied de nez à l’arasement contemporain ? C’est l’effet que produit la lecture du nouveau livre d’Alain Finkielkraut, Pêcheur de perles, selon la recension de Jean-Michel Delacomptée qui ouvre nos pages culture. Cet ouvrage, exercice d’admiration et de gratitude, alimenté par des citations d’Arendt, Kundera, Levinas ou Valéry, est une démonstration de lucidité qui se double d’une élégante preuve d’amour. Il faut toujours réviser les classiques, les plus connus comme les moins connus. Didier Desrimais nous permet de redécouvrir Ersatz, le plus méconnu des romans de René Fallet, datant de 1974. Alain Pacaud nous engage à relire le premier roman de Jean Dutourd, Une tête de chien. Ce conte philosophique publié d’abord en 1950, vient de sortir dans une réédition accompagnée d’une préface et de notes précieuses. Pour le contemporain, Jonathan Siksou salue la parution de Retour à Kensington, de Vincent Leroy, qui est à la fois une histoire d’amour et un voyage à travers la littérature du passé. Un bon principe conservateur veut que le présent ait toujours besoin d’être fécondé par le passé. Cela se confirme au cinéma ce mois-ci, où – selon Jean Chauvet – parmi les nouveautés il y a trop de vrais faux biopics français. Qu’il a-t-il de vraiment neuf ? Les deux premiers polars de Claude Sautet, deux bijoux qui ressortent en version restaurée. Les relations complexes entre notre passé et notre présent sont mises en scène dans l’exposition Formes de la ruine, au musée des Beaux-Arts de Lyon. Pour Georgia Ray, cette réunion d’œuvres anciennes et contemporaines prouve que, de la Renaissance à nos jours, le regard que nous portons sur notre propre finitude ne cesse d’évoluer. Si pour vous les meilleurs vestiges sont ceux d’un repas somptueux, Emmanuel Tresmontant recommande de manger chez Frédéric Simonin, l’un des derniers chefs-patrons de Paris qui, aussi attentif envers son personnel qu’à l’origine de ses produits, décline en poète les terroirs de France.
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