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Nous nous trouvons devant un dilemme qu’Élisabeth Lévy définit dans l’introduction à notre dossier, à savoir le dilemme « entre extinction démographique et submersion culturelle ». D’un côté, un effondrement du taux de natalité en France qu’aucune politique nataliste n’arrivera à compenser. De l’autre côté, une immigration subie, non choisie, qui ne cesse d’augmenter et d’amener en France des gens ne partageant pas notre culture. Certains voudraient nous persuader que cette immigration nous sauvera à la fois du déclin démographique et de la faillite économique. Autrement dit, comme le résume Elisabeth Lévy : « pour que la France continue à exister (on n’ose plus dire rayonner), il faudrait accepter que la France disparaisse en France ». Préférons une alternative : « Créons des richesses et ne laissons entrer que ceux qui sont capables de le faire avec nous. Sans nous haïr de préférence ». Stéphane Germain nous rappelle la formule que Margaret Thatcher appliquait à sa politique économique : « There Is No Alternative ». Les thuriféraires du progressisme ambiant ont leur propre T-I-N-A au sujet de l’immigration. Selon eux, il n’y a pas d’alternative à l’accueil inconditionnel des étrangers. Ils nient toute incompatibilité culturelle et tout lien entre immigration et délinquance. Malheur à ceux qui prônent une autre politique.
« L’immigration est une question culturelle plus qu’économique ». Tel est l’avis de Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui se confie à Jean-Baptiste Roques. L’analyse de la croissance démographique française qu’il a conduite pour l’Institut Montaigne balaie plusieurs arguments des sans-frontiéristes. Parmi ces derniers, les experts de l’Institut national d’études démographiques. Michèle Tribalat, démographe elle-même, retrace les principales étapes d’un putsch idéologique qui a fait de l’INED le fer de lance de la ligne immigrationniste. Y a-t-il des solutions en vue ? Le projet de loi sur l’immigration concocté par le gouvernement ne permettra pas de mieux contrôler nos frontières, selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Les timides réformes administratives et judiciaires qu’il propose ne tiennent pas compte de l’évolution des flux d’arrivants et, surtout, n’ont rien de dissuasif pour quiconque les contournerait. Que peuvent nous apprendre les exemples d’autres pays ? Pour Loup Viallet, la Tunisie se distingue du Maroc et de l’Algérie dans la mesure où elle n’instrumentalise pas le chaos migratoire à des fins politiques. En Asie, le Japon, la Chine et la Corée du sud connaissent un déclin démographique majeur mais renâclent à intégrer des étrangers qui pourraient compenser ce déséquilibre. Jean-Noël Poirier affirme que les peuples de la région placent la préservation de leur culture et leur cohésion sociale au-dessus des calculs économiques. De leur côté, les Danois ont compris que la défense de leur solidarité nationale passait par une immigration strictement encadrée, selon Céline Pina. Tandis que, pour William Thay et Matthieu Hocque du think tank Le Millénaire, les États-Unis, le Canada et l’Australie subissent la même pression migratoire que l’Europe mais, parce qu’ils sont encore souverains, ils surveillent leurs frontières et choisissent ceux qui peuvent les franchir.
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Côté actu, Elisabeth Lévy revient sur le festival de bons sentiments déclenché par certains cas de harcèlement scolaire. Non que ces cas ne méritaient pas de retenir toute notre attention, comme celle des autorités, mais « à trop forte dose, l’émotion empêche de penser ». Plutôt que de préconiser des cours d’empathie à l’école, ou de sanctionner la moindre moquerie entre des camarades de classe, il faudrait s’interroger sur les causes de ces comportements : « On aimerait […] savoir si nous sommes en présence d’un phénomène vieux comme le monde, attisé et amplifié par les réseaux sociaux, ou d’une modalité de la décivilisation se traduisant par l’effondrement des barrières morales chez un nombre croissant d’individus ». Jean-Baptiste Roques voit dans la sanctification d’Assa Traoré – et de son récit – une bavure médiatique. Pure entreprise de désinformation, le Comité Vérité pour Adama a bénéficié d’une sidérante complaisance politique et médiatique qui lui a permis, sept ans durant, d’imposer ses contre-vérités dans le débat public. Rodolphe Bosselut est l’un des avocats des gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré. Se confiant à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, il se félicite du non-lieu prononcé pour ses clients mais dénonce les contrevérités assénées par le clan Traoré. La haine propagée par ce dernier et ses alliés continue d’alimenter la pression médiatico-insoumise contre la police. Lisa Kamen-Hirsig, dont l’essai La Grande Garderie vient de paraître, explique à Frédéric Magellan que, plus l’école est égalitariste, plus elle est inégalitaire. Anciens camarades d’études d’Emmanuel Macron, Véra Nikolski et Antoine Buéno font figure de dissidents à gauche en fustigeant le mythe de la décroissance et la doxa néoféministe. Causeur leur a donné l’occasion de se rencontrer pour la première fois dans un dialogue. Pour Ivan Rioufol, la démocrature « bienveillante » qu’est la Macronie catégorise comme d’extrême droite, et donc infréquentable, quiconque s’attache à décrire le réel au plus près des faits. Les parias sont légion. Et tout ce qui n’est pas avalisé par le récit officiel est exclu de « l’arc républicain ».
Aujourd’hui, même en France, on vit sous la tyrannie des idéologues transgenres. Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation, analyse le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre ». Cette affaire témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société, ainsi que de la guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Des témoignages recueillis et présentés par Céline Pina montrent combien les parents sont bien seuls face au mal-être existentiel, voire aux troubles psychologiques de leur enfant en transition de genre. Le système qui privilégie l’accompagnement des adolescents dans leur démarche ne fait qu’encourager leur « radicalisation » et les isole davantage de leur famille. Et les confidences du professeur Claude Habib révèlent à quel point le transgenrisme peut donner lieu à des dérives sectaires où, avec l’incroyable complicité des pouvoirs publics, des associations enferment les jeunes souffrant de dysphorie de genre dans un militantisme de plus en plus radical.
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Côté culture, nous avons le grand plaisir, grâce à Yannis Ezziadi, de rencontrer Carlo Guido, ténor excellant dans les rôles requérant beaucoup de coffre et de puissance. Regrettant la désaffection du monde lyrique français pour les « grosses » voix, il nous livre ses souvenirs et ses coups de gueule contre un milieu qu’il considère en décadence. Georgia Ray nous fait visiter l’exposition des chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte (Naples) parmi les collections de la Grande Galerie du Louvre. Ces toiles témoignent de l’amour du corps propre à l’art européen. Pourquoi les compositeurs vivants sont-ils les grands absents des programmations d’orchestres et d’opéras ? Laurent Couson, lui-même compositeur, pianiste et chef d’orchestre explique que ces créateurs sont abandonnés, la politique culturelle préférant les illustres morts pour remplir les salles. Patrick Mandon revisite l’histoire de la revue, Le Crapouillot, née dans les tranchées de 1915, qui tout au long du XXe siècle, a défendu, d’un ton bravache, ironique et impertinent, une diversité d’opinions presque inconcevable aujourd’hui. Julien San Frax redécouvre la vie rocambolesque et sinistre du dictateur roumain, Ceausescu, à travers la biographie que lui consacre Traian Sandu. C’est l’histoire d’une prise d’otage d’un pays et de son peuple. En reprenant les fourneaux du Taillevent, Giuliano Sperandio a redonné vie au temple de la gastronomie française. Emmanuel Tresmontant nous permet de mieux connaître ce chef qui se montre aussi inventif et audacieux que respectueux de nos traditions culinaires. Lesquels des derniers longs-métrages nous invitent à fréquenter les salles obscures cet automne ? Jean Chauvet nous demande ce que peuvent faire une « première dame de France » surestimée (Bernadette de Léa Domenach) et un cinéaste britannique pourfendeur de moulins à vent (Ken Loach) contre le superbe cinéma de Martin Scorsese ? Réponse : rien quand on les compare au nouvel opus, Killers of the Flower Moon, du maestro américain toujours en verve, lui.
Enfin, Marsault nous permet de comprendre toute la profondeur du proverbe « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Autour du Crapouillot. Choix d articles et correspondances 1919-1958
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