Un Causeur plus élégant, plus fourni (84 pages) et moins cher (4.90 euros) vous attend en kiosque dès aujourd’hui. Pour votre magazine préféré, c’est un nouveau départ sous une formule totalement inédite. Ne ratez pas ce rendez-vous !
« Moralisons ! Moralisons ! » clamaient de concert bourgeois et socialistes au XIXe siècle, ce qui avait le don d’agacer un esprit réfractaire comme Baudelaire. Bien loin de ces temps révolus, l’homme de nos sociétés démocratiques est condamné à jouir sans entraves ni barrières morales. Libéré des vieux carcans, est-il libre pour autant ? Mi-frondeuse mi-déboussolée, la petite fille au majeur levé qui figure sur notre Une illustre l’hypothèse d’Elisabeth Lévy : « peut-être sommes-nous dans la situation de guerriers qui s’avancent, sabre au clair, vers un ennemi féroce, pour découvrir où ils enfoncent leur pointe qu’il s’est évaporé ». Interrogé par Gil Mihaely et notre cheftaine, Marcel Gauchet évoque pudiquement le « polythéisme des jugements », nous décrivant un monde où chacun s’exonère du respect d’une règle commune qu’il exige de ses semblables. L’homo democraticus n’est plus à un égoïsme près ! De ce point de vue, politiques comme citoyens ne sont pas en reste, ainsi que le relève Philippe Bilger dans un réquisitoire digne de ses meilleurs prestations dans un prétoire.
La preuve que nos repères sont brouillés, c’est que nos néo-bourgeois se mettent à rouler des mécaniques selon la mode « racaille » qui fascine bobos et banlieusards. Une exploration sociologique dans la culture « caïra » signée Pascal Bruckner. Mais nos consciences réactionnaires n’entameront pas le refrain usé du « Tout fout le camp », car comme nous le rappelle Frédéric Rouvillois, si nous déplorons les entorses à la morale commune, c’est que notre seuil de tolérance aux incivilités a régressé. À l’ère de Marcela Iacub, il est pourtant loin le siècle de Saint-Simon, lorsque le piquant mémorialiste exigeait la publication post mortem de ses gracieuses méchancetés, nous alarme l’historien Jean Michel Delacomptée dans un beau texte sur le délai d’indécence.
Mais il est temps de laisser la parole à la défense du statu quo. Contre la majorité de la rédaction, Ruwen Ogien attaque la pensée conservatrice, à ses yeux coupable d’insuffler un vent mauvais nationaliste et inégalitaire. La guerre contre les pauvres commence à l’école, où une morale publique étroitement réac sévirait, nous explique-t-il. Dame, voilà qui avait échappé à Paul Thibaud et Cyril Bennasar, lesquels tonnent respectivement contre la révolution anthropologique du « mariage pour tous » et les décisions de juges ennemis du bon sens. Une exaspération populaire partagée par les classes moyennes reléguées dans des habitats pavillonnaires, trop aisées pour susciter la compassion de nos élites, trop pauvres pour habiter en centre-ville et assurer une carrière toute tracée à leur progéniture. Brice Couturier dissèque ainsi la « violente colère » qui gronde chez le « mauvais peuple » des zones péri-urbaines. Gare à ne pas désespérer Vendôme !
Comme de bien entendu, nos pages actualités vous feront faire le tour du monde pour le prix d’un demi-carnet de métro : Chine, Venezuela, Royaume-Uni, il y en a pour tous les goûts. Par gros temps, les casaniers resteront dans leurs pénates pour lire la plaidoirie de l’as du barreau Rodolphe Bosselut en faveur d’une justice distincte des croisades morales, à l’inverse du combat que semble mener le juge Gentil contre Nicolas Sarkozy. Toujours dans l’Hexagone, l’affaire Baby-Loup n’en finit pas d’interroger notre rapport à la laïcité. Verdict d’Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Elisabeth Lévy, Daniel Leconte, Richard Malka, Paul Thibaud et Philippe Val : « si le droit se trompe, changeons le droit » et légiférons !
Pour notre lancement en kiosque, nous n’avons pas lésiné sur les nouveautés, non sans soigner nos rendez-vous récurrents comme les chroniques de Roland Jaccard et François Taillandier. Au programme, une rubrique médias inaugurée par Cécile Louveau, pour laquelle L’Obs et Le Monde n’ont plus de secrets. Après les réflexions d’Alain Finkielkraut, qui vogue ce mois-ci de Stéphane Hessel à Philip Roth, le tout nouveau tout beau carnet de Basile de Koch tombera sur vos zygomatiques comme l’enfer sur Job. Détour oblige, pensez à obliquer vers notre dossier « contre-cultures : de Barbey d’Aurevilly à Debord », incluant notamment un entretien avec Judith Lyon-Caen, rééditrice de l’auteur des Diaboliques dans la collection Quarto de Gallimard.
Mais s’il est une innovation de taille, c’est bien la rubrique « Viens le dire ici si t’es un homme ! » dans laquelle l’un de nos confrères explique tout le mal qu’il pense de nous ! Laurent Joffrin essuie courageusement les plâtres en nous avertissant des « dangers de l’identité ». Peu importe que nous ne nous reconnaissions pas forcément dans le portrait qu’il brosse de Causeur, l’essentiel est d’ouvrir le débat en faisant honneur au mot de notre très chère Elisabeth : « nous n’avons pas d’ennemis, seulement des adversaires. Et ils sont toujours les bienvenus. » À bons entendeurs…
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