A l’occasion de notre centième numéro, Serge vous parle de ses années Causeur…
Pour ce qui me concerne, il ne s’agit pas spécifiquement de tel ou tel article qui aurait été un médicament ou un révélateur même si beaucoup l’ont été à leur manière, il s’agit d’un ensemble, d’un état d’esprit, et surtout d’une ligne éditoriale qui, si elle est ouverte aux opinions les plus diverses, met en priorité la sincérité avant la séduction ! Et quand je parle de séduction, si elle n’est pas recherchée pour les lecteurs, plus important encore, elle n’est pas recherchée pour plaire à la doxa !
Pendant de très longues années ante-Causeur, j’avais l’impression d’une berlue chronique. Peu voyaient ce que je voyais et leur nombre était si infime qu’ils étaient forcément atteints de la même pathologie que moi. Le malade en chef pendant des lustres fut Finkielkraut. Je m’accrochai à lui comme à un radeau pour ne pas succomber aux antidépresseurs. Du reste, les grands détenteurs de la bonne santé mentale ne tardèrent pas à le clouer au pilori. Même pour une majorité de son « camp », il était passé dans la « force obscure ». Pire ! Ceux comme lui étaient devenus des salauds.
A lire ensuite, Alain Finkielkraut: Du rire doit naître une réflexion profonde
Je naviguais donc avec une canne de la pensée. Je l’entendais se heurter sans arrêt aux murs de la bonne conscience. Et puis un jour par hasard, je tombai sur une page du net, sans doute en braille de navigateur, et je fus surpris, mieux, je fus soigné. Je vis que je voyais. Je pris comme pseudo « L’Ours » car je m’étais peu à peu enfermé et Causeur me fit sortir de ma caverne !
C’est fou comme on se sent mieux quand on vous montre que ce que vous voyez existe, même si le spectacle est laid et détestable ! Le constat est le seul début du remède. Voilà pourquoi, de Leroy à Bennasar en passant par la patronne Elisabeth et tous les autres je reste fidèle à Causeur, mon docteur.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
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