Selon Marine Le Pen, Eric Zemmour risque de faire gagner Valérie Pécresse. Retrouvez un dossier de 12 pages consacré à la candidate du RN dans le nouveau Causeur. Découvrez le sommaire de notre numéro de février
Beaucoup ont enterré Marine Le Pen trop vite, et cette conclusion s’impose à la lecture de notre grand entretien avec la candidate du RN. Comme le dit Élisabeth Lévy, « nous l’avons souvent interviewée, mais jamais nous ne l’avons vue aussi sereine et convaincue d’avoir choisi la bonne stratégie. » Ne se laissant pas ébranler par les défections récentes vers le camp d’Éric Zemmour, elle considère que ces transfuges n’ont rien compris, ni aux vraies attentes de l’électorat français ni aux avantages de sa propre stratégie de dédiabolisation. Car le météore zemmourien a permis à Marine Le Pen de se présenter aujourd’hui comme le rempart contre l’extrémisme. Se complaisant souvent dans des propos outranciers, cherchant à choquer pour le plaisir de choquer, Éric Zemmour – selon elle – « reproduit toutes les erreurs du FN de Jean-Marie Le Pen. » Certes, le fondateur de Reconquête se montre aussi ferme qu’elle dans sa volonté de mettre fin à l’immigration de masse. Mais, de l’avis de Marine Le Pen, les électeurs verront que son programme à elle est plus raisonnable que celui de son rival, plus mûri, plus étudié – surtout sur le plan juridique – et moins apte à diviser le pays. Tandis qu’Éric Zemmour répond au communautarisme musulman par un communautarisme catholique conservateur, elle y oppose un authentique universalisme français. Elle se distingue clairement de ses deux concurrents de droite : « Je suis la candidate du peuple face au candidat de plateau qu’est Zemmour et à la candidate versaillaise qu’est Pécresse. » Elle explique pourquoi elle n’est plus du tout la même candidate qu’en 2017 et comment elle peut battre Macron au second tour, qui est lesté par son mauvais bilan de président. Elle trace les grandes lignes de son projet : un gouvernement d’union nationale ; un référendum sur l’immigration ; l’inscription dans la loi d’une interdiction de régulariser les immigrés clandestins ; une Europe de nations souveraines…
Pourtant, elle avoue qu’il y a un risque que la candidature de Zemmour qui, selon elle, reste encore très proche de LR, divise l’électorat nationaliste et fasse accéder Pécresse au second tour. Dans une tribune que nous publions dans notre dossier consacré à la candidate du RN, Robert Ménard, tout en déplorant le manque d’unité à droite, approuve chez Marine Le Pen « un pragmatisme nouveau, une modération assumée. »
Côté actualités, l’éditorial d’Élisabeth Lévy analyse la nouvelle mode qui sévit surtout chez les people et qui consiste à exhiber son malheur sur les médias sociaux. Ce besoin d’attirer sur soi l’attention générale relève d’une impudeur narcissique et « traduit surtout la régression infantile de l’espèce. » Gilles-William Goldnadel, dont les propos ont été recueillis par Martin Pimentel, nous donne les raisons pour lesquelles il pense que la condamnation d’Éric Zemmour, le 17 janvier, pour provocation à la haine raciale constitue une « aberration » voire une « monstruosité » juridique. Qui sont tous ces journalistes qui s’emploient à critiquer Éric Zemmour ? Cyril Bennasar répond : moins de vrais journalistes que des accusateurs publics – et qui feraient mieux de la fermer ! Didier Lemaire soutient que l’Éducation nationale n’a pas tiré les leçons de l’assassinat de Samuel Paty. À Trappes, le rectorat abandonne lâchement les professeurs pris pour cible par des élèves ou parents fanatisés. Anne-Marie Le Pourhiet raconte le colloque qui s’est tenu à la Sorbonne sous le titre, « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », et qui a eu pour objectif de porter des réponses à l’influence pernicieuse des idéologies progressistes sur la recherche universitaire. En Occident, on a pris l’habitude de considérer Vladimir Poutine comme un grand joueur d’échecs géostratégique. Harold Hyman s’interroge : avec la crise ukrainienne, le maître du Kremlin n’a-t-il pas trop présumé de ses capacités de manœuvrier ?
Un premier mini-dossier est consacré aux saccages infligés à la belle ville de Paris par Madame 3% (dont le nom à l’état civil n’échappera pas à nos lecteurs). Comme le dit Jonathan Siksou : « l’Hôtel de Ville est une pétaudière anarchique qui coûte un bras au contribuable. » Trois enquêtes d’Erwan Seznec pointent la gestion dysfonctionnelle de la ville dans les domaines des ressources humaines, du logement et du budget. Didier Rykner, fondateur du magazine en ligne, La Tribune de l’art, et auteur de La Disparition de Paris, se confie à Jonathan Siksou, racontant comment le hashtag #SaccageParis a réussi à fédérer une opposition non pas politique mais esthétique aux déprédations architecturales dont sont responsables les équipes d’Anne Hidalgo. Le dessin du mois de Marsault offre une perspective complémentaire à travers un dialogue insolite, mais il faut le voir pour le croire !
Un autre mini-dossier est consacré à l’énergie nucléaire qui, selon Élisabeth Lévy, représentait autrefois un fleuron de l’industrie française mais qui a été abimé par nos gouvernants eux-mêmes. Gil Mihaely raconte comment la France, qui détenait la clé de son propre avenir énergétique et de celui de l’Europe, a laissé dépérir sa filière nucléaire. Enfin, si le prix de l’électricité flambe aujourd’hui, Léon Thau traque les coupables qui se trouvent, selon lui, à Paris et à Bruxelles.
Côté culture, nous sommes d’humeur tantôt exécrable, tantôt excellente. Yannis Ezziadi déconseille la première version du Tartuffe de Molière, que la Comédie-Française n’a exhumée que pour l’enterrer tout de suite sous une mise en scène d’une prétention toute contemporaine. En revanche, Jérôme Leroy s’enthousiasme pour le nouveau roman de Michel Houellebecq, selon lui « un roman d’amour », et Emmanuel Tresmontant pour la véritable histoire du Bounty. Gérard Lenne déplore la façon dont la critique de cinéma a baissé sa culotte devant le néoféminisme, et le nouveau livre de Bérénice Levet, dont Françoise Bonardel rend compte, condamne sans appel la dictature de l’idéologie écologiste qui n’est qu’une des armes de la cancel culture. En revanche, Frédéric Ferney se délecte à la lecture du dernier livre de notre collègue, Jérôme Leroy, Les Derniers Jours des fauves, et Sophie Bachat à l’écoute du rappeur Orelsan. « Un rappeur ! » dites-vous ? Son dernier album s’intitule Civilisation. Voilà le genre de rappeur qui nous met de bonne humeur…
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