Découvrez le sommaire de notre numéro de septembre
Macron ne comprend rien à la France. Le pourquoi de cette incompréhension nous est expliqué par Marcel Gauchet, philosophe, historien et fin observateur de la vie politique, dans un grand entretien avec Elisabeth Lévy et Jonathan Siksou. Les macronistes, surdiplômés, répètent les leçons qu’ils ont apprises dans les grandes écoles et qui les emprisonnent dans une bulle d’irréalité. Le résultat est un divorce entre, d’un côté, les élites qui ont répudié le cadre national et, de l’autre, un peuple atomisé – d’où la crise sans fin que vit la France.
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À la crise politique de notre époque correspond une crise esthétique. Notre monde s’enlaidit. C’est le sujet de notre dossier, présenté par Elisabeth Lévy et Jonathan Siksou qui constatent que, partout en France, la laideur gagne du terrain, non seulement dans nos villes et nos campagnes, mais dans toutes les composantes de nos vies, de la langue à la mode, de la publicité à l’art. Au nom de l’inclusivité, de l’égalitarisme et du fonctionnalisme, nous avons banni la beauté. Pour Alain Finkielkraut, se confiant à Jonathan Siksou, l’enlaidissement du monde est accéléré par une dévaluation généralisée du regard et du savoir : au nom du relativisme général, plus rien n’est beau. L’historien Pierre Vermeren nous propose un abécédaire de la laideur contemporaine, de A comme antenne-relais à Z comme zone industrielle. Pour Renaud Camus, la profusion signalétique est un des facteurs les plus agissants de l’enlaidissement de l’espace sensible : faut-il y voir encore une manifestation du terrible « remplacisme global », le remplacement de tout par son signe, son nom, son double, sa contre-façon ? Publicitaire, Pierre Berville analyse la tendance actuelle de la publicité consistant à imposer les défauts de l’ordinaire : au lieu de nous faire rêver, elle nous tend un miroir. Blanche de Mérimée défend la minceur contre ceux qui l’accuse de représenter un « idéal de beauté suprémaciste blanc ». Et Philippe Bilger voit dans la beauté, outre sa part de subjectivité, des critères culturels transmis de génération en génération.
Dans son éditorial de septembre, Elisabeth Lévy nous révèle que les fachos ne sont pas là où l’on croit. « Aujourd’hui, celui qui coche toutes les cases s’appelle Jean-Luc Mélenchon. »
Il se proclame le grand vainqueur des élections quand il perd ; il rêve de punir les patrons, les pollueurs et les policiers – mais pas les voyous ; et il bénéficie d’une indulgence imméritée de la part des médias. Céline Pina analyse les réactions en France qui ont suivi la tentative d’assassinat de Salman Rushdie et trouve qu’elles montrent une fois de plus qu’on a du mal à nommer le mal islamiste. Quant aux « représentants officiels » de la communauté musulmane, ils ont brillé par leur silence. Pourquoi Jean-Luc Mélenchon et LFI flattent-ils l’islam ? L’Observatoire de l’immigration et de la démographie explique, chiffres et cartes à l’appui, que c’est une pure stratégie électoraliste, l’islam étant la principale religion des immigrés. Ce pari, gagnant dans les urnes pour le leader d’extrême gauche, est une bombe pour la France de demain. Pour Olivier Marleix, député d’Eure-et-Loir et président du groupe LR à l’Assemblée nationale, l’échec des Républicains est la conséquence notamment de leur incapacité à répondre à la mondialisation. Mais il m’explique comment, dans la nouvelle configuration parlementaire, entre le RN et la Macronie, ils peuvent incarner une opposition crédible en contraignant la politique du gouvernement dans le bon sens. Pourquoi de nombreux secteurs connaissent aujourd’hui une pénurie de main-d’œuvre ? Selon les analyses du pôle Corporate et Climat social de l’IFOP, dont le directeur Romain Bendavid se confie à Gil Mihaely, c’est parce que les Français privilégient désormais leur qualité de vie à leur carrière professionnelle et n’ont plus peur de démissionner. L’Allemagne n’est plus le moteur économique de l’Europe, selon Jean-Luc Gréau. Déficit commercial, abandon du nucléaire et dépendance au gaz russe plongent nos voisins dans un marasme qu’ils n’ont pas connu depuis longtemps. Le 5 septembre 1972, 11 athlètes israéliens étaient assassinés lors des JO de Munich. Cinquante ans après, les Palestiniens, toujours instrumentalisés par les bonnes âmes, n’ont pas renoncé au terrorisme. Marc Benveniste nous rappelle que, pour arriver à la paix, André Chouraqui (1917-2007) avait proposé d’unir les territoires et de séparer les peuples. Une voie encore inexplorée.
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Notre rubrique « Culture et humeurs » commence par la mort. Évoquant sa rébellion paisible, sa nostalgie douce, sa tendre férocité, Frédéric Ferney rend hommage à Sempé, décédé cet été à 89 ans. Alors qu’une proposition de loi anti-corrida se prépare, menaçant de mort la tauromachie en France, Yannis Ezziadi imagine ce que l’interdiction de cet art signifierait sentimentalement, culturellement et socialement pour les aficionados qui peuplent une partie du sud du pays. Elisabeth Lévy et Martin Pimentel ont rencontré Christine Kelly, la journaliste star de CNews, ancienne membre du CSA. Son dernier essai, Libertés sans expression, qui prend la forme d’une autobiographie, fait une large place aux thèmes de l’identité et de la liberté d’expression. Jérôme Leroy salue la publication d’un volume rassemblant l’essentiel des écrits de Jean-René Huguenin, disparu à 26 ans en 1962, qui donne à ce classique souterrain de la littérature française sa véritable dimension. Pour s’élever intellectuellement et triompher de soi-même, Elisabeth Lévy nous recommande la lecture de L’Art du triomphe, de Jean-Sébastien Hongre et Luis de Miranda. Un projet de démolition-reconstruction menace la synagogue Copernic, unique exemple à Paris de lieu de culte Art déco, déchaînant les passions. Jonathan Siksou nous explique que, derrière cette polémique patrimoniale, se trouvent deux visions opposées de la vie cultuelle juive. Jean Chauvet nous recommande de préférer les classiques de Douglas Sirk, réédités actuellement en salle, à la production contemporaine, et Marsault nous donne des conseils pour accentuer notre charme personnel.
Décidément, dans le désert de laideur qu’est le monde d’aujourd’hui, Causeur reste une oasis de beauté.
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