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Le destin de la France est-il de devenir un narco-État ? Dans son introduction à notre dossier, Elisabeth Lévy souligne combien les organisations criminelles sont les grandes gagnantes de la mondialisation. Elles sont à l’origine d’une déferlante inédite de cocaïne et d’autres drogues qui submerge notre pays. Conséquences : la corruption infuse à divers niveaux de la société, les cartels se livrent à une guerre sanglante et les criminels savent qu’ils ne risquent pas grand-chose en défiant un État faible. Selon Céline Pina, la cocaïne, importée en gros et désormais disponible à prix cassé dans nos villes et nos campagnes, a cessé d’être un produit de luxe. Mais son inquiétant pouvoir de corruption et de destruction, lui, n’a pas diminué. Le criminologue, Michel Gandilhon, auteur de Drugstore : drogues illicites et trafics en France (Le Cerf, 2023), explique à Maximilien Nagy pourquoi l’État semble impuissant à enrayer le boom de la consommation de drogues en France et pourquoi, face à l’implantation de cartels de plus en plus puissants à travers le pays, la légalisation du cannabis n’est pas la panacée. Ce que confirme l’expérience américaine, d’après Harold Hyman, grand spécialiste des affaires internationales originaire du pays de l’Oncle Sam. La dépénalisation du cannabis dans de nombreux États permet aux consommateurs de ne plus se cacher, mais elle n’empêche pas le fléau des drogues de synthèse de se propager. L’exemple de Singapour, raconté par Joseph François, montre cependant ce que peut faire un État qui est capable de fermeté et de volonté : les criminels y ayant la certitude d’être condamnés à de lourdes peines, ils passent moins souvent à l’acte – voire pas du tout. Le Brésil est malheureusement un contre-exemple, selon le reportage de Driss Ghali à São Paulo. Une organisation criminelle, le Primeiro Comando da Capital, aussi discret que surpuissant, fait régner sa loi à travers le pays. Et cette mafia en pleine croissance, qui jongle avec les dollars et les tonnes de poudre blanche, commence à s’implanter en Europe. Enfin, Frédéric Beigbeder, qui vient de publier Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel, 2023), se confie à Jean-Baptiste Roques. Au grand dam des apôtres de #MeToo, l’auteur de 99 francs se met à nu dans cet essai rempli de souvenirs et d’aphorismes sur la « partouze permanente » qui habite son cerveau. On y apprend au passage que, s’il s’est beaucoup drogué durant des années, c’est pour calmer sa frénésie sexuelle, et pas pour battre des records de sybaritisme.
Dans son édito du mois, Elisabeth Lévy commente le discours cannois de Justine Triet, lauréate du Palme d’Or. Si cette tirade presque comique a fait couler beaucoup d’encre, le vrai reproche qu’on peut lui faire ne concerne pas son hypocrisie, parfaitement prévisible, mais sa médiocrité, son absence de style et son manque d’audace. « Il faudrait lui expliquer que l’idée de résistance suppose une part de risque, le courage de choquer ». En restant dans le même genre, « Sandrine Rousseau est un mélange de cynisme et de bêtise ». Tel est le verdict d’Éric Naulleau qui vient de publier un brillant pamphlet, La Faute à Rousseau (Léo Scheer, 2023). Il y dénonce le terrifiant projet de société que prônent l’élue écolo et ses acolytes. Une idéologie qui veut couper des têtes et museler la liberté d’expression, liberté qui n’a peut-être été qu’une parenthèse historique.
Y a-t-il un mode d’emploi pour réaffirmer la souveraineté de la France en matière d’immigration ? Pour Patrick Stefanini, conseiller départemental LR des Yvelines, qui se confie à Céline Pina, l’accueil inconditionnel des immigrés n’est pas une fatalité. Nous pouvons mener une politique migratoire plus restrictive et plus intelligente en modifiant le droit du sol, les délais d’exécution des OQTF ou en dénonçant des accords passés avec certains pays, en particulier l’Algérie. Les spécialistes de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie se sont penchés sur la politique consistant à installer les migrants dans nos campagnes. Cette idée fait son chemin, jusqu’au sommet de l’État – où certains rêvent de refiler le mistigri migratoire aux collectivités locales. Il y a des maires ruraux qui espèrent ainsi conjuguer « humanitaire » et « redynamisation » des territoires. Quant à savoir si les habitants sont d’accord, ça peut attendre… Avec Maximilien Nagy, nous avons comparé les propositions des députés LR sur l’immigration au projet de loi « sur l’immigration illégale » débattu actuellement au parlement de Westminster. La fermeté prônée par le gouvernement britannique est d’ores et déjà condamnée par les instances internationales, les ONG et le patronat. Les propositions LR auront à faire face aux mêmes résistances.
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Philippe Bilger trouve que, bien que mal défendue par ceux qui la font, mal critiquée par ceux qui la commentent, mal vécue par ceux qui la sollicitent, la justice française mérite pourtant notre fierté collective. Comme toute discipline humaine, elle ne sera améliorée qu’à condition de lui faire davantage confiance. Quatorze personnes, dont six adolescents, seront jugés pour l’assassinat de Samuel Paty. Stéphane Simon vient de signer le livre le plus complet jamais paru à ce jour sur cette affaire, Les Derniers Jours de Samuel Paty (Plon, 2023). Jean-Baptiste Roques l’a lu. Son verdict : impeccable et implacable.
Gil Mihaely analyse les raisons de la réélection de Recep Tayyip Erdogan à la tête de la Turquie, malgré sa gestion économique calamiteuse. En faisant de l’islam le pilier fondamental de l’identité nationale, il a permis à l’opinion populaire d’exprimer sa détestation des élites, celles qui ont incarné la modernité laïque et occidentale au XXe siècle. Jean-François Colosimo fait partie des intellectuels français et des théologiens orthodoxes qui ont été les plus meurtris par le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’auteur de La Crucifixion de l’Ukraine paru en 2022 (Albin Michel) explique à Jean-Baptiste Roques que le pays n’a pas attendu la barbarie de Vladimir Poutine pour être un lieu d’affrontements entre grandes puissances. Dans sa tribune du mois, Ivan Rioufol s’étonne de la persistance de notre président à croire que l’économie revivifiée (en supposant qu’elle advienne) remettra la France d’aplomb, avec un zeste de « transition écologique » pour la galerie. Une telle persistance montre que le chef de l’État ne comprend rien à la détresse qui mine notre vieille nation angoissée pour sa survie. Retrouvez aussi les chroniques de Jean-Michel Delacomptée, Emmanuelle Ménard et Olivier Dartigolles.
Dans le monde de la culture, il y a beaucoup d’humeurs et elles ne sont pas toutes mauvaises. Jérôme Leroy salue la sortie de Les Éclats, grand roman paranoïaque dans lequel Bret Easton Ellis revient sur cet automne 1981 qu’il avait raconté dans Moins que zéro, son premier roman écrit à 17 ans. Une éclatante boucle proustienne. Pierre Cormary salue la mémoire de Philippe Sollers qui, ayant quitté ce bas monde, est sans doute maintenant au paradis, alors que ses contempteurs restent en enfer. Yannis Ezziadi, lui, salue les taureaux, surtout ceux de Camargue. Il nous fait d’abord le portrait de Henri Laurent, 89 ans, un des grands piliers du monde de la course camarguaise, gardien d’une tradition à la fois ancestrale et familiale. Si dans la course camarguaise, la star est le taureau Camargue, l’autre protagoniste est l’homme qui l’affronte : le raseteur. Et chaque génération a son raseteur emblématique. Pour la nôtre, c’est Joachim Cadenas qui s’est confié à notre journaliste. Enfin, ce dernier a recueilli les propos de Lilian Euzéby, peintre pour qui la course camarguaise est un hommage aux « dieux sombres » que sont ces taureaux indomptables. Il puise son inspiration dans ce rite mêlant couleurs et émotions.
Dans une ambiance moins fiévreuse, Georgia Rey a visité l’exposition consacrée aux pastels par le musée d’Orsay qui dévoile une centaine de pastels issus de sa collection – des chefs-d’œuvre signés Millet, Manet, Redon, Boudin, Degas… À l’heure où la « couleur » est devenue un enjeu pour hystériques, cette exposition est une leçon de nuances et de subtilités.
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Jean Chauvet passe en revue les dernières sorties cinématographiques. Hélas ! L’Île rouge, de Robin Campillo, sur la présence française à Madagascar se révèle un petit brûlot sans portée à force de caricature, pendant que Wahou, de Bruno Podalydès, sur le monde des agences immobilières, est une déception. Mais on peut se consoler avec la ressortie en salles du Samouraï de Jean-Pierre Melville qui date de 1967. Il n’est jamais trop tard pour réviser ses classiques. C’est ainsi que, selon Emmanuel Tresmontant, la tradition bistrotière fait de la résistance. Passionné par les produits du terroir et fidèle à son Limousin natal, le chef Émile Cotte sélectionne avec la même attention aromates et pièces de bœuf. Dans une atmosphère délicieusement titi-parigote, sa cuisine est aussi délicate que généreuse.
En juin, le dessin de Marsault se concentre sur une certaine caractéristique que l’on retrouve souvent chez les politiques. Leur courage ? Non ! Leur capacité visionnaire ? Pas du tout ! Leur amour sans bornes du peuple ? Que nenni ! Pour avoir le dernier mot de l’énigme, il suffit de vous procurer notre numéro 113…
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La Crucifixion de l'Ukraine: Mille ans de guerres de religions en Europe Price: 20,90 € 26 used & new available from 5,78 €
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