Hier Bernard Arnault, aujourd’hui Gérard Depardieu, bientôt Alain Afflelou : qu’ont-ils tous à quitter la France, ce pays de cocagne où ils ont fait fortune ? Voilà la question autour de laquelle le nouveau numéro de Causeur magazine titré « Salauds de riches » tourne en orbite.
Peut-on légitimement quitter son pays de naissance et s’affranchir de la solidarité nationale pour s’installer sous des cieux fiscaux plus cléments ? C’est ce qu’affirme l’intellectuel libéral Mathieu Laine dans une interview sans concessions où il pourfend « l’égalitarisme » au nom des libertés individuelles, à commencer par la liberté de circulation, « ce droit que les belles âmes voudraient n’accorder qu’aux plus pauvres ». Un point de vue qui ferait ruer dans les brancards Emmanuel Maurel, nouveau chef de file de la gauche du PS, excédé par les tribulations de nos plus riches contribuables à l’heure où nos classes moyennes se paupérisent et où les politiques de rigueur font des ravages sur le Vieux continent. « On ne construira pas une Europe prospère avec des mesures austères », adresse-t-il en forme d’avertissement à François Hollande. Entre la lutte des classes façon Maurel et le libéralisme offensif de Laine, le journaliste François Lenglet esquisse une troisième voie dans un entretien accordé à Elisabeth Lévy et Gil Mihaely. Malgré l’amélioration du niveau de vie sur le temps long, Lenglet déplore le creusement des inégalités au profit d’une élite sociale prédatrice. Mais l’économiste le plus redouté du PAF n’entend pas taxer la finance à hauteur des revenus du travail, arguant que « l’économie a besoin d’une certaine forme de capital : l’investissement ».
Dans un bel exercice de mauvais esprit, Philippe Raynaud imagine une France aplanie par les réformes du Président « normal », où les riches auront rejoint Bruxelles ou Londres pour assouvir la passion française pour l’égalité. À la City, l’on se réjouit déjà de voire affluer les fortunes françaises, nous confirme Agnès Catherine Poirier. Si la richesse n’est pas blâmable, elle implique de fortes responsabilités spirituelles pour ne pas sombrer dans le lucre le plus vulgaire, nous avertit Romaric Sangars, dans une défense et illustration de la seule richesse non quantifiable, celle de l’âme. Accablé par un certaine égoïsme rupin, le virevoltant cosaque s’offusquera avec Jérôme Leroy et votre serviteur du rapport « intermittent à la nation » qu’entretiennent les émigrés de l’an 2013 avec leur patrie fiscale.
Une fois clos notre dossier « riches », vous bifurquerez vers notre ample rubrique actualités. Tandis que Gil Mihaely explique l’attachement américain au port d’armes en le replaçant dans l’histoire politique et constitutionnelle des Etats-Unis, Basile de Koch sonde le traitement médiatique du massacre de Newtown par BFM TV, « TF1 version info en continu : beaucoup de bruit pour rien ; plein de téléspectateurs, et rien à voir ! ».
Sur le terrain économique, Georges Kaplan nous confie ses sombres prévisions quant aux conséquences de la dette française pendant que Jean-Luc Gréau, dont La grande récession (Folio) ressort en poche, décrit minutieusement la responsabilité des banquiers dans la crise économique. Il s’exclamerait presque avec Vincent Auriol, « les banques je les ferme, les banquiers je les enferme ! ». Prenant le large, Luc Rosenzweig s’envole vers l’Ukraine et l’Algérie, où il est question de repentance à sens unique et de procès politique : en 2013, rien de nouveau ! Quant au projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous, il est tout bonnement anticonstitutionnel ! C’est le professeur de droit public Anne-Marie Le Pourhiet qui vous le dit.
Mais cette première partie ne serait pas complète sans la salutaire mise au point de notre rédactrice en chef. Elisabeth Lévy s’afflige des errements d’un Edwy Plenel, à la fois inquisiteur et délateur en chef dans l’affaire Cahuzac. Et lorsqu’un blog Mediapart calomnie pitoyablement Frigide Barjot et son jalon d’époux pour mieux discréditer les manifestations contre le « mariage pour tous », il trouve Elisabeth au tournant !
Si vous estimez que nous devons être intellectuels et violents, notre volet culture vous comblera d’aise. Jérôme Leroy nous divulgue en exclusivité son journal d’un écrivain réacommuniste pour l’année 2012. Au programme, voyage express de Lille à Rome en passant par Brive et Prague. Il cède ensuite les rênes de la littérature à Philippe Cohen, lequel revient sur le cas Joël Dicker, chouchou des lecteurs mais bête noire de la critique. Le jeune lauréat du Goncourt des lycéens mérite-t-il vraiment le même sort que Marc Lévy ?
Après un petit détour par les chroniques mensuelles des amis Jaccard et Taillandier, vous discuterez de Philip Roth avec David di Nota, partagerez les exercices d’admiration de Simon Liberati avec Arnaud Le Guern avant de conclure sur une note mélancolique en compagnie de François Xavier-Ajavon, au beau milieu d’une exposition parisienne qui fait la part belle aux Idées noires de Franquin. Mais tout espoir n’est pas perdu. Quoique orphelin de Sylvia Kristel et José Benazéraf, Ludovic Maubreuil attend une prochaine résurgence d’un certain cinéma français aussi attachant que mal ficelé : hauts les cœurs, Joël Séria et Mocky vivent encore…
Allez, un peu d’optimisme que diable : dans le calendrier hollywoodo-maya, 2013 n’est-elle pas la première année après l’Apocalypse ?
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