Racaillo-gauchisme, Acte 1. Découvrez le sommaire de notre numéro de l’été
Les émeutes récentes ne représentent pas un quelconque « choc des civilisations », mais un « choc dé-civilisation ». Les révoltés – ces « petits anges », pour adapter le mot immortel de Mbappé – prétendaient vouloir la Justice pour Nahel. Pourtant, comme le dit Elisabeth Lévy, « le message qu’ils ont adressé à la société française, à coups de mortiers et de cocktails Molotov, est qu’ils n’adhèrent ni à ses mœurs, ni à ses valeurs, ni à ses procédures de résolution des conflits ». Alain Finkielkraut, se confiant à Elisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, voit dans les pillages et les destructions qui ont eu lieu partout en France le témoignage d’une hostilité radicale à ce que nous sommes. Pour l’écrivain et Immortel, ces émeutes reflètent la réalité d’une guerre intérieure entretenue par une extrême gauche qui joue avec le feu. À ce rythme, ce qui se profile, c’est une libanisation de la société française.
L’ancien préfet Michel Aubouin, fin connaisseur des cités, explique l’embrasement des banlieues par la désocialisation de leur jeunesse. Il pointe aussi la responsabilité des politiques. Pour lui, qui se confie à Céline Pina, la palme revient à Jean-Claude Gayssot, ministre du Logement dans le gouvernement Jospin et auteur de la fameuse loi Solidarité et renouvellement urbain. Selon Laurent Obertone, interviewé par Élisabeth Lévy, les émeutes du mois de juin ont une fois de plus prouvé l’impuissance de l’État à maintenir l’ordre. Depuis des années, l’auteur de Guérilla décrit au fil de ses romans une France scindée en communautés et en proie à l’hyperviolence. La fiction est devenue réalité. Pourtant, des solutions existent. Elles se nomment justice et fermeté. Pour Driss Ghali, la France n’a jamais assimilé les populations indigènes de ses colonies. Quand elle a voulu les « intégrer », il était trop tard. Et l’invention du « vivre-ensemble » a été un acte de capitulation. Aujourd’hui, si nos casseurs sont assimilés à une identité, c’est à celle de leur diaspora. François Pupponi estime que les récentes émeutes ne sont pas sans rapport avec l’islam politique. Selon l’ancien député-maire de Sarcelles, dont les propos ont été recueillis par Céline Pina, ces jeunes casseurs et pilleurs sont la chair à canon des entrepreneurs identitaires. Et le montant considérable des dégâts reflète le manque de fermeté du pouvoir.
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Auditionnée par la Commission des financés de l’Assemblée, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, a lâché une formule qui en dit long sur sa mission en tant que figure de proue des luttes intersectionnelles: « On ne représente pas la France telle qu’elle est, on essaie de la représenter telle qu’on voudrait qu’elle soit ». Dans son édito, notre directrice de la rédaction tire au clair ce qui se cache à peine derrière cette phrase : « Madame Ernotte n’est pas satisfaite du peuple français tel qu’il est – trop blanc, trop cis, trop clope-diesel-barbecue, trop hétéro –, elle va donc inventer pour la télé un peuple rêvé qui incarnera toutes les composantes du joyeux patchwork identitaire qu’elle affectionne ».
Si l’avenir ne vous semble pas radieux, peu importe ! Selon moi, il est peu probable que nous ayons un avenir, car l’époque que nous vivons est celle du crépuscule des hétéros, selon l’analyse que je développe. Les hétérosexuels perpétuent une réalité biologique : l’attirance entre les sexes opposés, nourrie par l’amour et l’instinct de reproduction. Cette vérité est intolérable pour les néo-féministes et autres militants trans et LGBT qui pointent un patriarcat à abattre. Ces thèses, défendues par une poignée d’universitaires dans les années 70, sont désormais relayées par des millions de personnes sur les réseaux sociaux. Et pour comble, le taux de natalité s’est effondrée en France comme dans un grand nombre d’autres pays. Jean-Paul Brighelli compare Cérémonies de femmes de Catherine Robbe-Grillet, réédité aujourd’hui sous le véritable nom de son auteur, et Quelques mois dans ma vie que Michel Houellebecq vient de publier. Si le premier livre nous replonge dans les saveurs et complexités d’une société érotique, le second nous tend le miroir d’une société aujourd’hui bassement pornographique.
Pour vous remonter le moral et vous mettre de bonne humeur, Causeur a préparé un dossier consacré à « Ces artistes qui disent merde au wokisme ». Car il y en a. Elisabeth Lévy affirme que « des deux côtés de l’Atlantique, des artistes se rebiffent, à l’instar de J. K. Rowling qui refuse toujours d’abjurer sa conviction qu’il y a des hommes et des femmes ». Elle conclut : « on peut dire ceci aux jeunes gens qui veulent percer dans le show-business : si ça vous chante, couchez pour réussir, mais rien ne vous oblige à vous coucher ». À partir de huit cas récents de rébellion, Jean-Baptiste Roques constate que de plus en plus d’artistes ont le courage de s’opposer au gauchisme culturel, à sa police des mœurs et à ses commissaires de la bien-pensance. Face aux délires du wokisme, ils défendent la singularité du théâtre, du cinéma et de la littérature. Michel Fau se confie à Élisabeth Lévy et Jonathan Siksou. Depuis quinze ans, il enchaîne les triomphes mais n’a jamais reçu un Molière… car il y a un rôle que ce grand comédien ne sait pas jouer : celui d’artiste de cour, forcément de gauche et jamais en manque d’indignation. Éric Naulleau, auteur récemment de La Faute à Rousseau (Sandrine, bien entendu), explique à Jonathan Siksou que les bien-pensants, en traitant de « fachos » ceux qui ne pensent pas comme eux, légitiment la marginalisation des intellos réfractaires au progressisme. C’est une forme de totalitarisme idéologique qu’il faut dénoncer. Efflam de Charny revient sur le virage mariniste de Michel Houellebecq : dans son dernier livre, l’auteur de Soumission demande pardon pour ses déclarations controversées envers l’islam et les musulmans. Mais on aurait tort de penser qu’il se résigne à devenir un conformiste comme les autres.
Tous les wokistes ne se ressemblent pas. Pour savoir « quel woke vous êtes », passez le test que Céline Pina a préparé pour vous. Nos chroniqueurs continuent à défendre les causes qui méritent d’être défendues : Jean-Michel Delacomptée la cause des hommes, Emmanuelle Ménard le droit des députés à contrôler le gouvernement, et Ivan Rioufol celui des Français à ne pas voir leur histoire réécrite par les propagandistes de la diversité. Marsault montre comment le président de la République nous donne à nous tous une vraie leçon de leadership.
Côté culture, il faut quelquefois partir à l’étranger pour trouver des défenseurs convaincus du patrimoine français. Sylvie Perez est allée à la rencontre de Nicholas Cronk, directeur de la Voltaire Foundation de l’université d’Oxford. Alors que les Français ont déboulonné la statue de l’auteur de Candide et tardé à la remettre sur son socle, les Britanniques lui ont édifié un monument mirifique, l’édition de son œuvre complète en 205 volumes. Heureusement, il n’est pas toujours nécessaire d’aller aussi loin. Patrick Mandon s’est rendu à Bussy-Rabutin, sur les terres bourguignonnes du comte Roger de Rabutin, une figure du Grand siècle. Fougueux, batailleur et vaniteux, ce cousin de la marquise de Sévigné réussit avec superbe à irriter Louis XIV. Banni de la Cour, il a fait de son château une œuvre d’art totale.
Jonathan Siksou a lu pour nous le nouvel ouvrage d’Alain Cueff qui trace une histoire de l’art américain inédite à travers les représentations du ciel. Pour le plaisir des yeux, Pierre Lamalattie a visité le musée Granet d’Aix-en-Provence pour une exposition d’une quarantaine de peintures caravagesques du XVIIe siècle. Pour le plaisir des papilles, Emmanuel Tresmontant a goûté un certain nombre de gins produits par des distilleries artisanales, de part et d’autre de la Manche, qui redonnent ses lettres de noblesse à cet alcool fort et délicat. Enfin, Jean Chauvet a visionné trois films passionnants. Si on prend au pied de la lettre le titre du nouvel opus, réjouissant, de Nanni Moretti, nous allons, contrairement à ce que j’avais avancé plus haut, Vers un avenir radieux…
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