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Facebook, Causeur et moi…

Certains articles de votre magazine préféré déplaisent à Facebook


Facebook, Causeur et moi…
Sitôt avertie, Elisabeth Lévy vent debout contre la censure exercée par Facebook contre son magazine, passe en édition spéciale sur RNR.TV Image : capture d'écran

A l’avenir, souhaitons une modération plus modérée!


Le 13 septembre, à peine connecté sur Facebook en tant que rédacteur en chef web de Causeur, je vois une notification me barrer la route : « Votre publication va à l’encontre de nos standards de la communauté. » Pardon ? Une explication suit : « Les standards de la communauté sont appliqués à l’échelle mondiale et contribuent à faire de Facebook un lieu sûr et accueillant pour tous. » Que signifie ce charabia sucré ? Me chercherait-on chicane ce matin ?

Quel crime me vaut une telle peine?

La fâcheuse publication est un lien vers un article de Causeur.fr. Un papier toujours en ligne, intitulé « Génération identitaire condamnée : une sévérité démesurée ? » L’auteur s’étonne de la peine de prison ferme prononcée par la justice à l’encontre de ces militants qui, l’été dernier, avaient mené une opération d’agit-prop contre l’immigration clandestine dans les Alpes. En l’occurrence, notre contributeur ne se privait pas de les critiquer : « Nous partageons dans une certaine mesure la dénonciation de l’islam théocratique et du postmodernisme communautariste, mais leurs dérives ethnicistes m’insupportent. » Cependant, la censure ne serait pas plus acceptable si l’article avait défendu mordicus Génération identitaire – ce qui est un droit de l’homme.

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Un délai de trois jours s’étant écoulé entre la publication et l’odieuse censure, mon esprit sagace en déduit qu’il y a eu intervention humaine – aucun ordinateur ne lambinerait autant. Peut-être une dénonciation. En attendant d’en savoir plus, je n’ai plus le droit d’interagir sur Facebook. Je suis comme banni, et pour une durée de soixante jours. Impossible de publier ni de cliquer sur « J’aime ». Je n’en dors plus…

La dure vie de récidiviste

C’est qu’il y a déjà eu un précédent. Le 2 septembre, alors que nous tentions de « booster » la dernière une de notre journal – ce qui consiste à payer Facebook pour que plus de monde puisse la voir –, nous avions essuyé un refus. L’image litigieuse, représentant l’évolution humaine jusqu’à l’homme à roulettes d’aujourd’hui, laissait effectivement apparaître un bout de derrière d’Homo sapiens ou de Neandertal. On peut penser que la sottise de l’homme contemporain est plus obscène que la nudité de ses ancêtres. Ce n’est pas l’opinion de l’algorithme de Facebook, qui a automatiquement interdit notre publication : « Votre publicité n’est pas diffusée, car elle comprend une image montrant des corps trop dénudés ou complètement nus (y compris schémas médicaux représentant les organes externes de reproduction, des seins ou des fesses). » Appréciez la précision !

Vous me direz que personne n’est condamné à Facebook. D’ailleurs, vous le dîtes. « Mais cassez-vous donc de Facebook ! » peut-on lire le plus souvent dans nos commentaires de soutien. Professeur dans une école de commerce, Julien Pillot dit la même chose dans une langue plus châtiée : « Le seul moyen de réduire à néant l’emprise des GAFA, c’est la déconnexion. » Sauf que, comme me l’apprend Alexandre Devecchio, Facebook compte désormais plus d’adeptes dans le monde que toute la chrétienté. Je n’utilise pas les applications qui mesurent le temps passé chaque jour sur le réseau social. Trop peur de savoir. Facebook est toujours chronophage, alors que ce qui était plaisant hier – les groupes rigolos et les photos de ses « amis » – a quasiment disparu.

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L’intervention de l’agence de relations presse de Facebook ayant permis de débloquer mon compte, un message d’excuses apparaît enfin sur mon écran : « Nous avons restauré votre contenu et levé tout blocage sur votre compte lié à cette erreur de notre part. » L’agence APCO Worldwide fait bien les choses. J’apprends qu’ils sont une petite dizaine à arrondir les angles et à traiter des cas comme le mien, rien que sur la France.

Beaucoup de bruit pour rien, puisque nous avons fièrement défendu notre liberté. Reste qu’aujourd’hui des dizaines de comptes militants, généralement aux extrêmes, sont désactivés. Cela signifie-t-il que seule l’eau tiède sera désormais tolérée ? Si Causeur n’a pas le droit aujourd’hui de parler de Génération identitaire comme bon lui semble, qui nous garantit que demain nous pourrons encore critiquer les militants écolos décrocheurs de portraits présidentiels, questionner les revendications des LGBT ou nous moquer de Greta Thunberg ?

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Octobre 2019 - Causeur #72

Article extrait du Magazine Causeur




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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