Avec un nom emprunté à un long-métrage d’un ex-Robins des Bois (Casablanca Driver de Maurice Barthélémy), le ton est donné de la déconne mâle au service de l’art ! Et ici, nous avons affaire à du grand art, qui sent bon la Côte Ouest. Pas étonnant de la part d’une formation originaire d’Ajaccio (West Coast, Corsica). Pour une fois qu’on parle des Corses pour autre chose que leurs produits intérieurs bruts et leur justice explosive.
Oui, des Corses, des vrais, pas comme Dutronc (Jacques, pas Thomas) ! Et qui chantent en anglais, entre autres langues rock’n’roll de leur jeune répertoire. On imagine que leur origine séculaire ne leur offre pas tous les avantages et perspectives bourdieusiennes d’un pedigree parisien. La preuve, ils ont fait la première partie du duo Brigitte, comme Hendrix avait joué en ouverture de Johnny… Bref, c’est le monde à l’envers, une fois de plus : les Casablanca Drivers comptent une centaine d’abonnés à leur actif sur Twitter et leur mini album n’est disponible qu’en digital… La belle affaire (corse), puisque Donde Estoy ?, leur nouvelle livraison de 5 titres, est une véritable bombe, sans mauvais jeu de mots.
Deux clips en sont extraits, que je vous laisse apprécier à leur juste valeur puisque ces vidéos défendront le groupe mieux que n’importe quel papier.
Dans la première, Red Man, vous allez partager un grand moment de solitude avec le Père Noël, trois mois après sa dernière journée de travail. L’homme en rouge, errant solitaire, provoque un mouvement de solidarité spontanée autour de lui mais de courte durée : ses bons samaritains ont vite envie de lui dire : « La barbe ! ». Un clip évoquant à la fois le cinéma de Ken Loach et l’esprit de Groland, à voir absolument.
Dans la deuxième vidéo, La Ola, le naturel Robin des Bois reprend le dessus, en mode Daniel Johnston.
C’est bien simple, avec Donde Estoy ?, l’auditeur a l’impression d’entendre un nouvel album des Strokes, pour son plus grand plaisir de mélomane léger et déviant (ou légèrement déviant). Maintenant que vous êtes des Casablanca Drivers addicts, il ne vous reste plus qu’à partager cette offrande en provenance de l’île de Beauté. Qui d’autre, pour réhabiliter le beau, que des autochtones de la source ?
Bon, et puis les cinq musiciens ont repris Julio Iglesias à leur manière (Je n’ai pas changé) pour une session live sur Le Mouv’, c’est vous dire l’ampleur de leur autonomie.
Aussi sensuelle et dépaysante que les paysages de cartes postales corses, la musique de Casablanca Drivers nous fait voyager naturellement entre le groove 70’s et les nocturnes à haute fermentation. Vous pouvez la garder sans peine au frais pour l’été prochain.
Je me souviens d’un rock-critic français qui prononçait l’assertion suivante dans les années 90, à propos de l’excellent groupe de folk-rock Grant Lee Buffalo (je cite de mémoire) : « Tant qu’il y a le mot Buffalo dans le nom, on peut être sûr qu’il s’agit d’une musique de qualité (Buffalo Springfield, Buffalo Tom, etc.) ». Je dirais la même chose pour Casablanca, ville dont l’évocation qualitative – et souchonesque – porte au-delà de la sphère musicale, jusqu’aux cimes du 7ème art (l’inoubliable Casablanca avec Bogart et Bergman) en passant par n’importe quel bar à cocktails portant ce nom aux promesses liquoreuses et exotiques… psychédéliques.
Vous reprendrez bien un peu de Casablanca Drivers ?
Donde Estoy ?, de Casablanca Drivers, disponible sur iTunes en attendant la sortie en CD annoncée par le groupe sur sa page Facebook.
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